C’est ainsi que je fus accusé coupable d’un crime que je n’avais pas commis. Le pire, c’est que cela me plaisait. Pour d’obscures raisons que je ne souhaitais pas encore creuser – j’en aurais toute l’occasion pendant mes futures années carcérales-, je préférais la prison à la liberté. Mes proches s’indignèrent, m’accusèrent de « suicidaire » et de « fou ». Non, je ne voulais pas de défense. Ma conscience était intacte : plus d’une fois, j’avais voulu tuer Fernanda suite à ses nombreuses tromperies mais je n’en avais jamais eu le courage. Aujourd’hui, je me contentais donc de la punition sans avoir commis la faute. J’étais enfin maudit pour de vrai! Je signais.
Faisais-je une bonne action en me sacrifiant pour un autre? Ou une mauvaise en laissant un assassin à l’air libre? Je ne sais pas, le problème éthique ne m’est apparu qu’à mon procès. J’ai en effet pu mieux faire connaissance avec ma victime, Mlle Ludmilla Maslo : une escort-girl russe impliquée dans un obscur réseau maffieux. C’était touchant et d’une triste banalité. La fille avait dû un moment ou l’autre voulu s’échapper, on l’en avait empêché et, même la justice semblait soulagée de ne pas avoir à chercher qui se cachait derrière le terrible « on ». Rentrez tous dans vos bercails, emprisonnez l’agneau (en l’occurrence moi !) et les loups seront bien protégés ! La justice aussi signait.
J’en ai pris pour huit ans. C’est sûr, j’allais pouvoir m’améliorer en vélo d’appartement, devenir peut-être prof de philo et, qui sait, peut-être retomber amoureux d’une femme comme Béatrice Dalle qui viendrait me visiter et m’épouserait derrière mes barreaux. Au final, je ne pourrais regretter qu’une chose : la paisible vue du lac et de sa constante éjaculation…