Avec ma crève...
J'ai perdu le goût de bosser. Bon, ben ça, je l'ai plus trop, le goût de bosser, moi je veux devenir gagneuse à l'euromillions. Pis j'ai continué à bosser, somme toute. Mais l'obligatoire quoi, le lucratif, l'alimentaire, le t'as pas le choix petite Anaïs.
J'ai perdu le goût de manger du chocolat. Juste envie de "frais", symptome d'un big méga énorme désordre dans mon organisme (à ne pas confondre avec l'envie de fraises, symptome d'un énorme désordre aussi, mais plus dans le bidou).
J'ai perdu le goût de lire. Pas d'énergie, pas d'envie. Les yeux trop lourds, les paupières trop fiévreuses, ou l'inverse.
J'ai perdu le goût de respirer, vu mes poumons encrassés. Ou plutôt englairés. Pas ragoutant ? Je sais. Mais c'est ainsi. Et respirer dans ce cas, ben c'est pas facile. Ça siffle, ça brûle, ça fait des glouglous glaireux. C'est l'enfer. Un enfer tout relatif, je sais, mais chuis une chochotte je vous dis.
Et puis j'ai perdu le goût d'écrire. Totalement. Plus rien écrit depuis avant ma pharyngite devenue bronchite, n'en déplaise à Monsieur lait, Madame miel, et la famille Augmentin. Plus rien écrit du tout, et même pas envie. C'est grave docteur ?
Ça me semblait grave oui, alors j'ai fait une pause. Juste pour voir ce que ça fait, de ne plus être blogueuse.
Une semaine de vie sans blog.
Etrange semaine.
Pleine de quiétude. Sereine. Calme. Reposante.
Je me suis même demandé un instant si j'allais pas tout arrêter. Vraiment demandé. Ça me ferait des vacances. Ne plus me demander si j'ai pas oublié un billet pour demain. Ne plus transformer chaque événement de ma vie en billet potentiel. Ne plus me dire, à longueur de journée, "tu dois écrire sur ça ça ça ça ça et ça, Anaïs, t'as un retard de malade, tu assumes pas, t'es pas cap d'écrire aussi vite que ton ombre". Me laisser vivre.
Mais l'écriture, ben j'ai réalisé qu'elle me laisse pas le choix. Elle s'impose à moi dans tous les moments de mon existence. Elle est là dans ma tête, j'ai beau vouloir la faire taire, elle revient, elle me harcèle, elle me parle. Elle est exigeante. Elle fait partie de moi.
Et tout à l'heure, je suis sortie me promener avec mes bananes, mon couteau, mes produits de beauté et mon appareil photo en mode caméra (n'appelez pas le SAMU, y'a une raison à la présence de ces objets durant ma balade), et ce fut épique. Burlesque. Angoissant. Enorme. Et là, au pire de la situation, quand je pensais ma dernière heure arrivée (j'exagère un peu, mais vraiment un peu, juste pour le suspens), ben c'est à mon blog que je pensais, au plaisir que j'aurais à raconter cette aventure qui m'arrivait. Je ne pensais pas à comment me sortir de cette situation dans laquelle je m'étais mise, je pensais à la façon dont je l'écrirais, au bonheur de le raconter, de vous faire rire peut-être.
Ben voilà, c'est clair, chuis guérie...
Enfin.
Le goût est reviendu.
Alléluia.