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ALGER 60-62 à Y. G.
Il repousse encore à main nue
ce qui reste
d'un pays étouffé
dans les manteaux de la mémoire
les rues droites comme des fusils
quadrillent
la ville blanche aux mâchoires de feu
Etrangère fiévreuse entre exactions et représailles
tues sues partagées peut-être
Aux abords des willayas
le simple fait d'être sur commande
embusqué
vous rend à demi-fou
en tout cas faire feu
tue le cœur pour toujours
La main où est posée la tête
comme alourdie
d'images insoutenables
est parfois dure comme du granit
Rien ne peut plus l'ouvrir
tant l'indicible s'explore
dans une ferveur du cèdre
Le cœur n'est plus qu'un simple soubresaut
qui va faire obstacle à d'autres magies
à la tendresse venue d'ailleurs
La brume toujours accompagne ce regard
doux avec les chèvres
mais sur le même cliché
cruel avec les cigales
Il ne voit plus parfois autour de lui
que le troupeau de béliers bleus
égorgés au centre de la mechta
Il est à jamais ce guetteur
qui veille à la lisière de la vie
jusqu’au mot FIN
pendu dans la lumière du djebel.
Fanny Gondran, Rivages du désordre, Tarabuste Éditeur, Collection DOUTE B.A.T., 2010, pp. 62-63.
FANNY GONDRAN
■ Voir aussi ▼
→ (sur Poezibao) Rivages du désordre, de Fanny Gondran (lecture de Florence Trocmé)
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