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Les premiers chrétiens : les persécutions (6)

Publié le 06 octobre 2010 par Hermas

3. L’offensive des intellectuels contre les chrétiens


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Sous le règne de Marc-Aurèle, l'offensive des intellectuels de Rome contre les chrétiens atteignit son apogée. « Il est fréquent que l’on croie, à tort - écrit Fabio Ruggiero - que le monde antique combattit la nouvelle religion par les armes du droit et de la politique. En un mot, par les persécutions. Si cela est vrai, du moins en partie pour le premier siècle de l’ère chrétienne, ce ne l’est plus à partir de la seconde moitié du deuxième siècle. Aussi bien le monde païen que l’Eglise ont compris, plus ou moins à la même époque, la nécessité de dialoguer sur le terrain de l’argumentation philosophique et théologique.


« La culture antique, formée depuis des siècles à toutes les subtilités de la dialectique, pouvait opposer des armes intellectuelles extrêmement raffinées à l’ensemble doctrinal chrétien et très vite l’Eglise elle-même, se rendant compte de la force qu’opposait la pensée classique à la propagation de l'Evangile, comprit la nécessité d’élaborer une pensée philosophico-théologique proprement chrétienne, mais en même temps capable de s’exprimer en un langage et selon des catégories culturelles intelligibles pour le monde gréco-romain, en lequel elle s’insérait de plus en plus ».


4. Les arguments des intellectuels antichrétiens


Les arguments de Marc-Aurèle (121-180), de Galien (129-200), de Lucien (120-180), de Peregrinus Proteus (95-165) et surtout de Celse [les trois derniers écrivirent leurs oeuvres dans la seconde moitié du deuxième siècle], peuvent se résumer ainsi :


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« “Etre sauvé” de l'absence de sens de la vie, du désordre des vicissitudes, du néant de la mort, de la douleur, tout cela ne peut être obtenu que de la “sagesse philosophique” d’une élite de rares intellectuels. Le fait que les chrétiens mettent ce “salut” dans la “foi” en un homme crucifié [comme les esclaves] en Palestine [une province marginale], prétendument ressuscité, est une folie. Le fait que les chrétiens croient au message de ce crucifié, adressé de préférence aux marginaux et aux pauvres [la “poussière humaine”] et qui prêche la fraternité universelle [dans une société bien hiérarchisée de manière pyramidale, selon un “ordre naturel”], est une autre folie aussi intolérable qu’irritante, qui subvertit tout. Il faut éliminer les chrétiens, comme des destructeurs de la civilisation humaine ».


La critique des intellectuels antichrétiens porte sur l’idée même de “révélation d’en-haut”, qui n’est pas fondée sur la “sagesse philosophique” ; sur les Ecritures chrétiennes, qui contiennent des contradictions historiques, textuelles et logiques ; sur les dogmes, “irrationnels” ; sur la question du logos de Dieu qui se fait chair [Evangile de Jean, 1, 1] et se soumet à la mort des esclaves ; sur la morale chrétienne [fidélité dans le mariage, honnêteté, respect des autres, secours mutuel], qui ne peut être pratiquée que par un petit groupe de philosophes, et certainement pas par une masse inculte. Pour ces intellectuels, toute la doctrine chrétienne est une folie, comme est une folie la prétention à la résurrection [c'est-à-dire la victoire de la vie sur la mort], la préférence donnée par Dieu aux humbles, la fraternité universelle. Tout cela est jugé irrationnel. Le philosophe grec Celse, dans son Discours véritable (1), écrit : « En ramassant des gens ignorants, qui appartiennent à la population la plus vile, les chrétiens méprisent les honneurs et la pourpre, et vont jusqu’à s’appeler indistinctement frères et soeurs (...). L’objet de leur vénération est un homme châtié par le dernier des supplices, et du bois funeste de la croix ils ont fait un autel, comme il convient à des dépravés et à des criminels ».

(à suivre)

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Note 

(1) Ndt.- Cet ouvrage, le Λόγος 'AληΘής, rédigé vers 178, est aujourd'hui disparu. Il n'est connu que par la réfutation qu'en a faite Origène (mort vers 253), docteur de l'Eglise, dans son Traité contre Celse, en lequel il cite ce dernier point par point pour le réfuter. L'ouvrage d'Origène est considéré comme l'un des meilleurs ouvrages apologétiques jamais écrits, tandis que celui de Celse continue d'alimenter l'animosité des milieux anti-chrétiens.


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