Il n’y a pas si longtemps, le petit Gremlin Mâle demandait à sa mère :
- - Maman, t’aimes bien être une fille ?
Celle-ci ne répondit pas immédiatement, jugeant avec raison que cette toute petite question méritait bien plus qu’un simple « oui » ou « non ».
Elle interrompit donc ses tâches en cours, prit son Gremlin par la main, le mena doucement au le salon, le fit assoir sur ses genoux et poussa un long soupir inspiré…
- - Voyons… Est-ce que j’aime être une femme ?...
- - Pas une femme, l’interrompit le Gremlin, inquiet de la tournure des évènements, une fille !
- - Si tu veux…, répondit-elle attendrie.
Le garçonnet, mû par son intuition masculine, flairant à plein nez qu’il s’était fourré dans un drôle de guêpier, risqua une retraite stratégique :
- - T’es pas obligée de répondre tout de suite…, avança-t-il en essayant de se soustraire à la prise maternelle.
- - Mais non, mais non, fit-elle en le maintenant fermement serré contre son sein, ta question soulève de nombreuses interrogations sur la condition même de la femme, son ressenti, tant physique qu’intellectuel, car, vois-tu, au travers des siècles, même si elle a évolué, la condition féminine reste un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et de salive… Et je trouve très encourageant qu’à ton âge, tu montres un si grand intérêt pour la question.
Le Gremlin jeta un coup d’œil à sa montre : La déception envahit sa pauvre frimousse lorsqu’il réalisa que sa mère avait au moins une bonne demi-heure devant elle avant la préparation du dîner. Il souhaita ardemment que le téléphone sonnât pour qu’elle se lance dans une discussion sans fin avec une de ses amies. Il se promit même de ne pas l’interrompre.
Hélas, mille fois hélas, il était fait comme un rat !
- - En y réfléchissant, commença-t-elle, je m’aperçois que je ne me suis jamais réellement interrogée sur ma satisfaction ou insatisfaction à être une femme… En même temps, puis-je vraiment me prononcer puisque je n’ai aucun autre point de comparaison ? Ah mon fils, je reconnais bien là ta quête du savoir…
Ledit fils se tortillait comme un diable pour échapper aux propos dénués de sens de celle dont il se prenait à douter qu’elle fût vraiment sa mère, mais surtout car il sentait poindre depuis un moment déjà, une forte envie d’aller se soulager ailleurs…
- - Tiens-toi tranquille ! se fit-il réprimander, pour une fois que nous avons une vraie discussion toi et moi, tu ne vas pas t’enfuir !
Plus que s’enfuir, il appréhendait par-dessus tout quelque fuite indésirable dont la première goutte menaçait de faire exploser le bouchon qu’il ne pourrait retenir encore bien longtemps. Au moment où il allait se jeter à l’eau pour faire part à sa mère de son urgence, son petit tuyau s’ouvrit sous la pression, laissant échapper le liquide impatient de se répandre.
- - C’est de ta faute ! vociféra-t-il avant même que sa mère ne puisse dire un mot, moi, je voulais juste savoir si t’aimais bien être une fille parce que les filles, ça ne peut pas faire pipi debout et que je trouve ça nul !
La jeune femme regarda son fils déguerpir la queue entre les jambes, fière qu’il ait, si jeune, relevé une des nombreuses injustices de la condition féminine…