SÉANCE D'ATELIER
Le type tente de réfléchir à l’hypothèse d'Armington selon laquelle un même caractère de bien produit dans des pays différents ne présenterait pas les mêmes caractéristiques. L’idée qu’en vertu de cette logique, les différentes versions d’un même modèle de bien ne seraient en conséquence que des ersatz, des substituts imparfaits. Le truc, c’est qu’on peut appliquer la jolie formule d’économie à n’importe quoi d’un peu moderne ou susceptible de remplir l’air du temps. Bon, oui, mais d’autre part, que vouliez-vous dire à propos des phénomènes de surinvestissement par exemple ? Rien, je veux dire que toute forme de passion suppose une certaine dose de dépassement de soi ; une démarche originale un peu jusqu’au-boutiste ; une certaine forme de prise de risque aussi. Une sorte de décalage horaire entre le temps qui passe à la vitesse des horloges numériques et l’envie stellaire d’en découdre avec les préjugés de toutes sortes, les opinions toutes faites, la force tranquille des illusions perdues. Dans le cas de l’effet Averch-Johnson par exemple où ce phénomène de surinvestissement est directement lié au taux de rendement élevé du capital garanti par l’état (je parle là du cas de ce qu’on appelle les entreprises régulées)... Oui, dans cet exemple, je vous le dis : Tout devient facilement et inéluctablement anachronique entre la belle intention de départ et le résultat obtenu. Car constatez alors que ce n’est plus l’homme qui se trouve placé au centre de la grande mécanique poétique universelle ; mais la passion pour le rendement, la rentabilité et le profit à tout prix. En conséquence de quoi, plus rien ne tient debout voyez-vous ! Mais vous parliez de surinvestissement !... C’est cela. C’est le côté tragique de la chose. L’impossibilité de raisonner vraiment tant la fatigue et le surmenage vous harcèle et vous empêche d'y voir clair. Le truc du "travailler plus " qu'il faut tout de même mieux ne pas prendre entièrement au pied de la lettre à moins de finir barjot. Le truc de quand même essayer de mettre un peu de cœur à l'ouvrage au lieu de la ramener tout le temps et de trouver mille excuses pour ne rien faire, mais bon. Faudrait voir à pas pousser mémé non plus !
Mais que fait Néon en ce moment ? Bien c'est-à-dire qu'il coupe, qu'il tranche, qu'il colle et recolle les morceaux entre deux séances de vernis pour faire briller son matériel de foire. Un boulot de menuisier avant de visser la matière plastique sur sa banque d'images prises avec son téléphone portable. Quelques heures sup au milieu de la nuit pour se réveiller au milieu du bruit chaque matin sans avoir la force de s'en apercevoir vraiment.
JLG