Magazine Journal intime

Le brame du cerf au fond des bois…

Publié le 08 octobre 2010 par Anaïs Valente

Y’a comme ça dans la vie des choses que j’ai toujours rêvé de faire.

Rien d’extraordinaire, pas de vol spatial, pas de plongée dans les coraux, pas de nage avec les requins, même si ça me tente bien aussi, hormis le vol spatial, vous êtes fous ou quoi ?

J’avais ainsi toujours rêvé de sauver des crapauds, je l’ai fait au printemps dernier.

J’ai également toujours rêvé d’écouter les cerfs bramer.  Et c’est maintenant chose faite.  Merci la vie.

Etant donné que le brame du cerf, ben c’est pas public pour un sou, c’est même interdit à ceusses qui n’y connaissent rien en cerf, nous nous inscrivons à l’activité « brame » de Han-sur-Lesse.  Plus précisément à l’activité « brame + buffet », tant qu’à faire.

Le rendez-vous est fixé à 18h30, nous quitterons donc Namur à 17h30, histoire d’être bien en avance.

17h30.  Direction la tuture pour le grand départ.

17h35.  Nous réalisons qu’un énorme camion, enfin une remorque, enfin un camion sur lequel on met des trucs quoi, bloque la seule issue.

17h36.  Drame incommensurable, comment partir ?

17h37.  Le chauffeur du camion/remorque nous informe qu’il est là pour charger un truc, qu’il le fait illico.

17h40.  Il installe son camion au bon endroit.

17h42.  Il sort de son camion.

17h44.  Il ouvre la grille d’accès et part à la recherche du « truc » à charger.

Et nous, on attend.  Calmement.  Mouahahah, non, pas calmement.  Mappy a dit 37 minutes pour Han-sur-Lesse, faut donc partir au plus tard à 17h53.  C’est mal barré.

17h45.  Un passant nous informe du fait qu’un pneu de notre voiture est dégonflé.

17h50.  Toujours pas de trace de notre chauffeur.  De la fumée commence à sortir de mes naseaux.

17h53.  Le voilàààààààààààààààà, alléluiaaaaaaaaaaaaaaa.  Perché sur son Bobcat, il l’oriente tant bien que mal vers son camion, plutôt mal que bien d’ailleurs, ce truc étant vachement difficile à diriger.

17h55.  Il parvient à monter le Bobcat sur le camion, comme un miracle.

17h58.  Nous fait un petit signe signifiant « désolé » et s’en va.

17h59.  Nous traçons vers la nationale.

18h04.  Opération regonflage de pneu.

18h07.  Enfin sur l’autoroute, vite vite vite, on sera en retard, le petit train attendra-t-il ?

18h10.  Bouchon sur la bande opposée, les pauvres.

18h12.  Bouchon sur notre bande, pauvres de nous.

18h15.  C’est foutu, on est plus qu’en retard là.

18h20.  Le bouchon se dilue comme neige au soleil, on retrace la route.

18h39.  Arrivée à Han-sur-Lesse, mais où est ce fichu point de départ ?

18h43.  On tourne en rond dans le quartier, on ne trouve pas, sacrebleu.

18h45.  Enfin trouvé, et le petit train est là-bas, à l’horizon, pitiééééééééééééé, attendez-nous.

18h47.  Ils nous ont attendus.  Victoire.  Miracle.  Merci la vie.

18h50.  Grand départ.

18h54.  On s’arrête pour attendre d’autres retardataires qui nous rejoignent, conduits en tuture.  Si c’est pas inadmissible ces gens toujours en retard.

18h57.  Et c’est parti mon kiki.

Les paysages sont superbes, car légèrement embrumés, trooop boooooooo.

Tout de go, nous découvrons un cerf entouré de son harem.  Il brame pas le bougre, il les a toutes à ses pieds, nul besoin de se fatiguer.

Sur la route, nous croisons plein de bestioles passionnantes : des marcassins et leurs parents, des chèvres, des lynx, des chats sauvages, des chevaux, des genres de mammouth de l’an 2010 et surtout des rennes. Keskils sont craquants les rennes, quand ils suivent le petit train en galopant.  Ça y est, je me crois au Pôle Nord, manque plus que Papa Noël et la neige, car niveau température, ça caille comme là-bas, dans le big grand Nord.

Ensuite, enfin, un cerf.  Tout seul dans sa clairière.  Qui brame.  Il brame doucement, passque la météo n’est pas propice, paraît que la pluie, ça fait tomber les hormones de tous les cerfs du coin au sol, et que du coup ben les cerfs, ils sentent pas les hormones de leurs rivaux donc ils se la coulent douce sur leur bout de gazon, et ils brament pas fort.  Tant pis, il brame un peu, c’est l’essentiel.

Et quand un cerf brame, ben c’est étrange.  Passque le brame, finalement, c’est comme un meuglement de vache enrouée, ni plus ni moins.  Avec puissance, le meuglement de vache enrouée, mais je vous jure, ça fait comme une vache.  Et je m’y connais en vaches qui font meuh-meuh depuis qu’elles m’ont réveillée un dimanche matin à la mer du Nord (mais je vous ai pas encore conté mes dernières escapades-vacances, c’est vrai).

Nous écoutons donc notre cerf qui se prend pour une vache.  Enfin nous tentons, passque l’animateur, il faut que parler et ça me saooooooooooooooule (note pour les animateurs de brame du cerf : quand le cerf brame, ben fermez-la, merci).  C’est beau.  C’est étrange.  C’est dingue.  J’aime vraiment la nature, moi.

Nous poursuivons notre route en petit train, découvrant différents cerfs qui brament, brament et brament encore.  Puis nous aboutissons près des ours, et ça c’est dur.  Des spots sont braqués sur eux, et ils tournent en rond comme des lions en cage. Pas heureux, les ours.  C’est pas une vie pour un ours ça, être campé dans un si petit espace.  Devraient les laisser en liberté comme les cerfs… ah bon, c’est dangereux de laisser nounours en liberté ?

Il commence à faire vraiment froid, et la fin de la balade est la bienvenue.  Nous nous réfugions ensuite dans la cafeteria, glaciale elle aussi, de Han-sur-Lesse, et nous nous ruons sur le buffet, au sein duquel les pâtés très automnaux retiennent mon attention, de même que les scampis, le jambon, les carottes, les javanais, les misérables et les mousses au chocolat, et puis le vin rouge qui tache.

Ensuite, retour au bercail pour un gros dodo, de jolies images plein les yeux.

Septante-deux heures plus tard, sur le coup de quasi minuit, l’heure du crime, je sens poindre un léger frémissement dans mon gosier, frémissement qui se transforme ensuite en picotement, puis en grattement, et enfin en lacérations de couteaux suisses…

Voilà, j’ai la crève.

Après le brame du cerf au fond des bois, c’est parti pour le brame d’Anaïs au fond de son lit…

PS : paraît que le brame du cerf serait aphrodisiaque pour les humains, mais ne voyez aucun lien de cause à effet entre cette rumeur et le fait que je passe mes journées au lit depuis lors…

Quelques photos :


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