Une mauvaise peine pour Jérôme.

Je voulais d'abord écrire un article sur le nouveau roman de Michel Houellebecq, sur lequel il y a beaucoup à dire, mais j'ai été pris de cours par la condamnation de Jérôme Kerviel.
Jusqu'ici, le sort du trader ayant réussi à tromper la vigilance du back-office de sa banque ne me faisait ni chaud ni froid. En effet, je ne pensais pas qu'il n'était pas possible de tromper la vigilance d'un back-Office, si indolent soit-il. Visiblement, on m'a apporté la preuve contraire.
Devant l'absurdité de la peine de prison ferme (trois ans) et la démesure des dommages et intérêts (presque cinq milliards d'euros), il m'est impossible de penser que la magistrature soit encore principalement un corps constitué de personnes selectionnées sur concours.
Cet homme n'a fait que prendre des positions certes honteusement dissimulées, énormes, incommensurables. Sa banque ne s'en est pas rendue compte et n'est qu'une victime. Soit. J'accepte l'acuité du jugement de nos magistrats. Mais ne me demandez plus de compter sur une banque qui ne s'aperçoit pas qu'un de ses employés met en jeu plusieurs fois sa capitalisation boursière.
Je ne sais si ses supérieurs savaient, mais ses supérieurs auraient du savoir. Les juges français n'ont fait qu'une lecture extrêmement stricte et fermée du code pénal. Ils ont protégé les intérêts d'une entité importante pour la nation au détriment d'un homme. Je les félicite, ils font ici preuve du courage caractérisant leur profession, tablant sur le fait que tout le monde aura oublié l'incarcération de Monsieur Kerviel dans deux ou trois mois.
Jérôme Kerviel devait être condamné. Mais il ne méritait pas pour autant de vérifier par lui-même l'état de délabrement et de sadisme des prisons françaises. Je ne le souhaite à personne. Et je ne parle pas de l'absurdité de la sanction pécuniaire. Bravo les copains !
Gageons que la Cour d'Appel, généralement moins obtuse, saura éviter cette terrible sanction et rétablir l'équilibre de la "virtù".
Depuis le pays des libertés individuelles et de la peine de mort, le chamelier blanc, ABC