Les premiers chrétiens : les persécutions (9)

Publié le 12 octobre 2010 par Hermas

2. Septime Sévère, Maximin le Thrace, Dèce et Trebonianus Gallus


Avec Septime Sévère (193-211), le fondateur de la dynastie syrienne, sembla naître pour le christianisme une période de développement sans obstacle. Des chrétiens exerçaient à la cour des charges influentes. Ce n’est qu’au cours de la dixième année de son règne (202) que l'empereur changea radicalement d’attitude. Par un édit de cette année-là, il punit de sanctions sévères quiconque se convertissait au judaïsme ou au christianisme. Un tel changement, aussi soudain, ne s’explique que parce que l’empereur s’est alors rendu compte de ce que les chrétiens s’unissaient toujours plus étroitement en une société religieuse universelle et organisée, dotée d’une forte capacité d’opposition. Politiquement, cette circonstance les rendait suspects. Cette mesure frappa surtout la célèbre école d'Alexandrie et les communautés chrétiennes d’Afrique.


Maximin le Thrace (235-238) réagit sauvagement et violemment contre ceux qui avaient été les amis de son prédécesseur, Alexandre Sévère, lequel avait été tolérant à l’égard des chrétiens. La chrétienté de Rome fut dévastée, les chrétiens déportés vers les mines de sel de Sardaigne, y compris deux de ses chefs, l’évêque Poncianus et le prêtre Hippolyte. L’attitude du peuple à l’égard des chrétiens n’avait cependant pas changé, ainsi que le manifeste la véritable chasse aux chrétiens qui se déchaîna en Cappadoce, lorsqu’on crut voir en eux la cause d’un tremblement de terre. La révolte populaire manifeste à quel point les chrétiens étaient encore considérés comme « étrangers et malfaisants » par les gens (Cf. K. Baus, Le Origini, pp. 282-287).


Sous l'Empereur Dèce (249-251) fut déclenchée la première persécution systématique contre l'Eglise, avec l'intention arrêtée de la déraciner définitivement. Dèce [qui succéda à Philippe l'Arabe, très favorable aux chrétiens, même s’il ne l’était pas lui-même] était un sénateur originaire de Pannonie, très attaché aux traditions romaines. Profondément sensible à la désintégration politique et économique de l'Empire, il crut pouvoir restaurer son unité en rassemblant toutes les énergies autour des dieux protecteurs de l'Etat. Tous les habitants furent mis en demeure de sacrifier aux dieux, et reçurent ensuite un certificat attestant qu’ils l’avaient fait. Les communautés chrétiennes furent surprises par la tempête qui s’abattit sur eux. Ceux qui refusèrent l'acte de soumission furent arrêtés, torturés, exécutés. Ainsi, à Rome, de Fabien, Pape (236-250), et de nombreux prêtres et laïcs. A Alexandrie, la persécution fut accompagnée de pillages. En Asie, les martyrs furent nombreux, dont les évêques de Pergame, d’Antioche et de Jérusalem. Le grand savant Origène [image ci-jointe] fut soumis à des tortures inhumaines. Il survécut pourtant quatre ans (réduit à l’état de loque humaine) à ses supplices.


Tous les chrétiens, cependant, n’acceptèrent pas de subir la torture. Beaucoup se résignèrent à sacrifier. D’autres, contre de l’argent, obtinrent en cachette les fameux certificats. Ce fut en particulier le cas, d’après la Lettre 67 de saint Cyprien, d’au moins deux évêques espagnols. La persécution, qui paraissait avoir blessé à mort l’Eglise, pris fin avec la mort de Dèce, tué au combat face aux Goths, dans la plaine de Dobrudja, en Roumanie (2).


Les sept années qui suivirent (250-257) furent une période tranquille pour l’Eglise, seulement troublée, à Rome, par une brève vague de persécution lorsque l’Empereur Trebonianus Gallus (251-253) fit arrêter le chef de la communauté, le Pape Corneille, pour l’exiler à Centum Cellae (Civitavecchia). La conduite de Gallus s’explique probablement par sa complaisance à l’égard des caprices du peuple, qui imputait aux chrétiens la responsabilité de la peste qui ravageait alors l’Empire. Le christianisme ne cessait pas d’être regardé comme une « superstition » étrangère et maléfique (Cf. K. Baus, Le origini, p. 292).

(à suivre)

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NOTES

(1) Ndt : Hérodien, Histoire romaine, L. 1, § 2.

(2) Cf. Michel Clévenot,  Les chrétiens et le pouvoir, Paris 1981, Ed. F. Nathan.