Il y a quelques jours, j’ai été contactée par un éditeur, qui lit mon blog. A 28 ans, on me propose d’écrire mon autobiographie, au même titre que cette chroniqueuse de Jet Set Magazine, qui boit de la tisane laxative pour rester mince et que je croise tous les jours à la Terrass’ sans assiette devant elle.
Ecrire mon autobiographie à mon âge, je n’ai pas tant que ça de choses à dire. Je ne peux accepter, seulement s’il me promet de faire des tomes II et III. Pour que je garde l’espoir d’avoir une Happy End.
Il me dit, tu peux m’envoyer un extrait ? Une espèce de nouvelle... J’introduis la clé USB dans le trou, comme l’éditeur va s’introduire dans mon intimité. Avec hésitation, mais avec l’assurance qu’il va tomber amoureux.
Je lui propose d’ouvrir un fichier au hasard, et c’est sur celui là qu’il tombe :
J’ai eu un doute, l’article est court, pas forcément explicite, ni forcément bon,... mais il est tombé amoureux. Il m’a dit « tu as tout pour être heureuse mais tu ne l’es pas.. Ta vie mérite d’être lue »
Je réserve ma réponse, mais le challenge m’excite. A ce moment je pense à ma vie par créneau : Raconter mon enfance désastreuse, motif : trop d’aisance, trop d’argent... et d’une adolescence où tu n’as aucun repère, ni de père, occupé à ramener des millions et à jouer à la Miss Univers des assistantes et bonnes femmes en tous genre, en leur faisant passer l’examen du pieu ! Ce qui donne... la jeune adulte paumée que je suis, et ma position indéfendable sur l’amour, le corps et la sexualité.
Comment expliquer et trouver les mots pour dire ce que je fais dans la vie : mon père détient une holding et des centaines d’hectares de terrains dans plusieurs régions du pays et je suis salariée. Je travaille tout le temps pour me dépasser et apprendre encore plus de choses sur moi que pourrait m’en dire ma mémoire courte... à voir la déception de ma mère, qui voudrait me voir mariée à un richard en robe Lolita Lempicka.
La déception de ma mère vs. La fierté de mon boss. Qui me dit, t’es canon, t’en as d’en la tête et le pire dans tout ça, c’est que je te respecte tellement, que je t’adule, un jour tu prendras ma place ! Et j’ai besoin d’en faire toujours plus.
L’incapacité de m’intégrer socialement, je m’auto-exclue de tous les mondes, surtout ceux qui me comptent parmi les « pipoles » qu’ils aiment avoir autour d’eux. Je ne peux jamais faire comme les gens qui se cherchent des amis, Sur le papier, j’appartiens à ce monde où tous les « common friends » de chacun de mes friends, est mon friend !
Les invitations aux évènements mondains fusent, et je joue à Am-stram-gram pour répondre participera-participera peut être-ne participera pas.
Et deux fois par jour, tu reçois des sms « G vu ke talai pa au verniss’ des croûtes dégueu de Aïcha S., cool moi non plus... alors on se retrouve au show room de Anaïs, y a les ventes privées ? »
Aaaah ! Génération Facebook ou comment entretenir l’hypocrisie d’une jeunesse de plus en plus paumée, mensongère, incapable, dévalorisée...
Je n’ai aucun ami. Même mon meilleur ami, se sert de moi comme faire valoir, et moi comme bouillote dans mon lit et cavalier par défaut. On ne me voit jamais qu’avec lui, Miimii=Lyès et inversement, nos « private lifes » se passent entre quatre murs, et garder les secrets l’un de l’autre, c’est un vrai engagement sur l’honneur. Si l’un d’entre nous voulait faire un coup d’état, c’est vraiment de balancer l’autre, le Putsch avec un grand « P.»
En amour, ma vie est chaotique, désastreuse... Je pourrais écrire un « Mein Kampf’ à moi toute seule, et je finirais pendue dans ma salle de bain, pour n’avoir jamais réussi à exprimer mon amour, le vivre comme tout le monde, l’admettre et me faire aimer sainement. Je vais me pendre parce qu’on ne m’a jamais aimé pour ce que je suis, mais pour ce que je représente, l’image que je véhicule, l’odeur de ma peau nourrie depuis de « Mademoiselle » depuis que j’ai été émancipée. « Miimii, je t’aime » n’est autre que Mimi, je te désire, j’ai envie de te posséder, j’ai envie de te soumettre, j’ai de t’avoir rien qu’à moi...
On me veut exclusive, on veut me changer, on refuse de m’accepter... Constat cuisant que personne ne m’a jamais aimée. Si... D. m’a aimée, par intermittence, chaque fois que la douane tunisienne tamponnait nos passeports vers une destination de rêve... Est ce que c’était le reflet de la Tour Effeil, du Mont Blanc, de la Tour de Pise... dans mes « 8 » de Tom Ford (#Lunettes).
Je pensais avoir connu l’amour dans mon milieu, mais la mort d’un enfant nous a séparés. J’aurais eu la vie rêvée si ça n’était pas arrivé, la vie rêvée de ma mère. Pas la mienne, je suis heureuse dans mon malheur, bien plus que je ne l’aurais été avec lui. Notre histoire vaut le coup d’être racontée dans mon livre et la chute est ... libre.
Et puis, d’égarement en égarement, je m’échoue dans l’art... et D. pleure la première fois qu’il arrive à entrer en moi. J’écrirais à ce moment là : « Salopes de prétendues heureuses de merde, vos mecs ont pleuré la première fois que vous avez fait l’amour ? » Elles se rendront compte que leur misérables vies, le sont tout aussi que la mienne.
Acteur dans la vie, on ne peut plus sincère à ce moment là. Il s’est senti devenir fou ! Fou d’amour, et pourtant nous ne sommes pas ensemble, nous nous faisons du mal, et nous jouons l’un avec l’autre ou l’un contre l’autre. On a besoin de se faire du mal pour s’aimer.
Mon Dieu, c’est tordu quand même de vouloir faire un livre sur une vie aussi décousue, aussi dépourvue de sens logique ?
Bon, je suis à présent à Madrid, chez une amie alors que j’écris ce poste, histoire de prendre du recul par rapport à tout ça, de changer d’air pour revenir en force, arracheuses de dents dans la mode et écrivain !! Ça va péter la classe dans mon CV.Je me vois d’ici l’appeler « Rébellion d’une présomptueuse luxuriante »... Le titre de l’œuvre ne sera autre que la majeure critique que l’on peut adresser à l’ambitieuse mégalomane que je suis. Le défi est à la hauteur de mon somptueux appétit d’arrogance et d’auto-destruction.