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Le Road Movie social Apocalypse Bébé de Virginie Despentes

Publié le 16 octobre 2010 par Bestofd
Le Road Movie social Apocalypse Bébé de Virginie Despentes
Si je lisais ainsi, je dirais que ce roman se lit d'une traite, sans en perdre une seule miette, parce que chaque détail compte, chaque chapitre  renvoie au précédent qui lui même amorce le suivant et ainsi de suite.Apocalypse bébé pourrait être un roman à clefs tant ses personnages sont concrets (parfois même trop). C'est également un roman à tiroir dans le genre polar, ce qui loin de gâcher l'intrigue confère au tout des allures de sacrée bombe politique !

Le Road Movie social Apocalypse Bébé de Virginie Despentes

Virginie Despentes

 Valentine Galtan adolescente complètement paumée( et c'est rien de le dire) issue d'un milieu bourgeois a disparu. Pour la retrouver, sa grand-mère qui l'a élevée engage une agence de détective privé qui met sur le coup celle que l'on ne présente plus dans le milieu : "la Hyène", lesbienne affirmée et dégingandée , sorte de cow-girl à qui l'on a pas envie de demander son reste et Lucie une jeune femme complètement effacée et dépassée par la transparence de sa propre vie.Toutes les deux nous introduisent dans la vie de François Galtan le père de Valentine, écrivain désargenté, qu'un petit succès littéraire a rendu imbu de sa personne pour la seule raison d'être bien né, et narcissique à souhait. Dans le grand appartement parisien, on apprend les secrets de la naissance de Valentine et de la disparition de sa mère trop occupée à appartenir à ce milieu qui la rejette, à gommer ses origines maghrébines pour lutter pour la garde de sa fille, "récupérée" par la grand-mère cupide et castratrice.Débute alors une véritable enquête incluant les rebondissements, les pratiques fascinantes et border line de la Hyène dignes des plus grands services secrets (pour lesquels elle a officié) , l'incursion dans l'univers bourgeois parisien, un groupe de Baby Rocker à la sauce fasciste, une banlieue parisienne où vit le cousin de Valentine qui n'a que le Djihad (au sens profane du terme) à la bouche,  une bande de zonards qui se rêve altermondialistes et enfin Barcelone où vit désormais la mère de Valentine qui a refait sa vie et changé de nom, jusqu'au retour de Valentine à Paris pour commettre l'irréparable... Et au milieu de tout ça une véritable orgie lesbienne qui vient servir la satire de l'hétérosexualité à laquelle se livre l'auteur pendant presque tout le livre via le personnage de la Hyène.Tout ceci est très bien orchestré car l'auteure s'attache à présenter chaque personnage en lui consacrant de longs développements à la première personne. Cette technique narrative est d'autant plus appréciable que l'on sent que l'auteure à pris beaucoup de soin à étudier la psychologie et les ressorts de ces personnages qui appartiennent chacun à un groupe social bien déterminé. Virginie Despentes se sert avec habilité des fameuses cases sociales : hétérosexuel, bourgeois, banlieusard,, femme seule avec enfants etc. pour faire bouger ses personnages à l'intérieur du récit sans que jamais l'on puisse crier à l'amalgame ou au jugement à l'emporte pièce.Là où le bas blesse c'est cette satire de la société en générale, tellement présente qu'elle en perd sa noblesse littéraire. L'histoire en elle-même et on le comprend rapidement est une satire, nul n'était besoin à mon avis de rajouter toutes les deux phrases ce qui peut passer pour de la démagogie vu le contexte du livre.Heureusement que l'histoire est suffisamment solide et suffisamment crédible (ce qui est inquiétant) pour que ce bémol n'en altère pas la qualité.Malgré ce défaut majeur, Apocalypse Bébé est un véritable(et bon) roman (même si on peut pas nier son côté visionnaire) écrit dans le style simple et familier (mais non moins littéraire) qui caractérise Virginie Despentes. Il ne faudrait pas que l'on puisse qualifier ce style de politique, ce serait dommage pour la littérature.

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