Un chercheur anglais vient de démontrer qu'un flux magnétique peut altérer le cerveau et commander le corps. Il vient de créer la "zorglonde" de Zorglub ("eviv bulgroz") imaginée par Franquin*. Il ne réussit, pour l'instant, qu'à faire bouger un doigt mais patience...
La question-bonus est de savoir quelle partie de notre organisme est activée par les stimulations électro-magnétiques répétées au lobe temporal, que nous nous infligeons avec les téléphones portables. D'autre part, une inversion magnétique des pôles peut-elle avoir un effet sur l'humanité tout entière? Je ne sais pas, par exemple, nous rendre bon - envers autrui, hein, pas en grillade!
« Nous n'avons certainement pas de libre arbitre », martèle le professeur Patrick Haggard, neurologue à l'Institut des sciences cognitives, de Queen Square à Londres. Haggard mène des expériences sur la stimulation magnétique trans-crâniene.
A l'aide de bobines magnétiques, il tente d'affecter le cerveau à distance, pour prendre le contrôle du corps. L'assistante déplace lentement les aimants, en forme de raquette de tennis de table, à côté de la tête du professeur qui sert de cobaye. Elle les active régulièrement à l'aide d'un interrupteur, et elle obtient, comme une marionnettiste une réaction du corps, ici, un simple tapotement de doigt.
« C'est absolument hors de mon contrôle! » assure le professeur-cobaye, alors que ses muscles continuent à se contracter, « c'est elle ». L'assistante a pris le contrôle du doigt avec son interrupteur et sa raquette, « Je suis juste une machine et elle a pris le contrôle. »
La machine ne peut pas obliger un sujet à faire quelque chose de complexe, mais à ce point, elle est capable de faire remuer un index, par le contrôle d'une zone du cerveau en particulier qui commande cette partie spécifique du corps.
« Nous avons repéré les zones du cerveau qui activent un mouvement de doigt et quelles types d'impulsions électriques peuvent l'inhiber » prétend Haggard, « Il est tout à fait possible de reproduire la carte détaillée des interactions du cerveau avec l'organisme. »
Le caractère mécanique de l'expérience est troublant. Sur un écran, le graphique de l'activité musculaire en temps réel dessine un pic toutes les 20 millisecondes après que l'assistante ait cliqué sur le bouton. C'est le temps qu'il faut au signal pour voyager le long des nerfs jusqu'au bout du doigt. Moins long jusqu'à la mâchoire, plus long jusqu'aux jambes.
Pour un neuroscientifique, il existe des lois physiques, auxquelles la chimie du cerveau obéit. Dans exactement les mêmes conditions, votre doigt aussi, se mettrait à tapoter. Le « je » qui peut dire « Je veux faire autrement » est annihilé, cela va à l'encontre de la notion de liberté qui est sensée contrôler nos actes.
Un projet majeur réuni[rai]t des avocats, des neuro scientifiques, des philosophes et des psychiatres aux États-Unis, pour travailler sur les impacts des sciences du cerveau sur la responsabilité socio-juridique. Que signifie en termes de libre arbitre, que notre corps puisse être contrôlé par une force extérieure?
Que faire quand les gens n'ont pas le cerveau équipé pour suivre les règles du jeu. Que se passe t-il si quelqu'un commet un crime, et qu'il s'avère qu'il y ait une lésion dans la zone du cerveau qui commande le passage à l'acte? Est-elle responsable?
Les dommages causés à ''la machine'' suffisent-ils pour nous exempter de l'idée de base que l'homme est responsables de ses actes? « Pour autant que je sache », dit Haggard, « toutes les sociétés tiennent les individus pour responsables de leurs actes. Même les sociétés animales »
D'après le Telegraph.co.uk
*Spirou et Fantasio, albums Z comme Zorglub, L'ombre du Z et Panade à Champignac.