Magazine Journal intime

Nuit agitée et cinéma

Publié le 17 octobre 2010 par Dunia

Le diable à la gueule de Tom Cruise et de Paul William

Les films cultissimes ressurgissent dans mes rêves

Nuit bizarre.

Rêves étranges.

Réveil douloureux.

J’ai rêvé, il y a trois nuits, que je cherchais du travail dans le monde du spectacle. J’avais obtenu un rendez-vous avec un manager. Son visage se confondait avec celui de Tom Cruise et celui du compositeur Paul William . Je n’ignorais pas que c’était le diable mais retravailler dans le milieu du spectacle, comme autrefois dans ma vraie vie éveillée, me tentait énormément. Je savais qu’en signant un contrat avec cet homme je vendrais mon âme or je l’intéressais. Il ne m’avait encore demandé aucun engagement mais, seule dans des rues obscures et sordides, je déambulais en réfléchissant à l’attitude que je devrais adopter s’il me sollicitait. J’hésitais, la balance penchant davantage pour le l’acceptation d’un contrat que pour son refus. J’en avais marre d’errer, d’être une créatrice solitaire, de battre le pavé sans travail ni attaches dans le milieu des arts, de la littérature ou du spectacle. Je réfléchissais à ma situation. Je soupesais les pour et les contre déprimée de constater que la seule solution qui s’offrait, pour  à nouveau exercer un métier qui me corresponde, exigeait que je signe un contrat avec Satan,  lorsque j’ai reçu un téléphone de lui. Il me priait de me rendre à son bureau. Il avait une mission à me confier. Comme la première fois où j’y étais allée, des musiciens d’une taille colossale, aux allures de vikings, décatis, sales, avec de longs cheveux fins leur tombant sur des vestes élimées en cuir ou en jean , attendaient devant sa porte. Tous semblaient appartenir à des groupes de métal. Des hommes de main musclés les tenaient à distance. Un blond plus imposant que les autres mais dont le souffle moribond n’inspirait aucune crainte, m’a donné une feuille de papier chiffonnée, tâchée de graisse, manuscrite au crayon. C’était le CV de son groupe. Au verso, d’une calligraphie tremblante, l’homme suppliait le manager de le prendre dans son écurie. Le métalleux titubait, non par ébriété ou addiction aux drogues, mais à cause de la fatigue engendrée par l’interminable attente de la reconnaissance de ses créations. Je lui ai demandé s’il savait que l’homme sur lequel il fondait ses espérances cachait le diable. Il m’a répondu oui. Il n’en avait rien à foutre. Il voulait juste vivre de sa musique or Satan possédait les moyens de faire connaître son groupe d’un public suffisamment large pour le sortir de la galère. J’ai pris son papier. Son large dos voûté au-dessus de mes épaules, le rockeur m’a souri avec une lassitude mêlée d’espoir. Avant de me m’introduire dans le bureau du producteur, le molosse qui protégeait l’entrée a méchamment demandé au viking de s’en aller, puis il m’a ouvert la porte. Au fond d’une pièce étroite mal éclairée, assis derrière un bureau, le manager m’attendait. De sa coupe mulet, une longue frange tombait sur les lunettes noires stylées années 70 qui lui cachaient les yeux. Pour manifester sa joie de me recevoir, il a exhibé avec enthousiasme des dents impeccablement blanches un tantinet inquiétantes. Carnassières.

-Bonsoir Dunia. Je suis heureux de te revoir. Je savais que tu viendrais.

Je lui ai tendu la feuille que le musicien nordique m’avait filé. Méphistophélés y a jeté un coup d’oeil distrait, puis a ricané.

-Contrairement à toi ces cons-là ne font que de la merde.

Sa remarque m’a refroidit la moelle épinière tout en m’exaltant.

-J’ai une excellente nouvelle pour toi.

Le diable s’est penché sur un tiroir, corps enserré dans un costume brun foncé  rayé de fines lignes marrons clair de la même époque que ses lunettes et sa coupe de cheveux. Il en a tiré un dossier d’une vingtaine de page. Par la fenêtre située derrière lui donnant directement sur un trottoir d’une rue sombre et enfumée qui ressemblait davantage à un quartier louche du New-York des années 50 qu’à une avenue de la Chaux-de-Fonds, je voyais des voitures et des piétons se mouvoir prestement dans une ambiance de film noir.

-T’as décroché le job. Ce soir tu prends l’avion pour Madrid. Génial non?

Je tergiversais entre la joie -vivre à Madrid est l’un de mes fantasmes éveillés- et l’effondrement. Je ne m’attendais pas à tout devoir quitter immédiatement. J’avais espéré qu’il m’offrirait un poste près de mon domicile. J’oscillais entre vendre mon âme et accepter un emploi qui correspondait à mes désirs les plus profonds mais qui m’obligeait, bien que ce soit la ville de mes origines, à m’installer dans une capitale où je ne connaissais personne, et refuser l’offre. Ce dernier choix impliquait de renoncer à la reconnaissance de mon travail et de poursuivre mon oeuvre dans l’ombre, en continuant de jongler avec l’indigence et en restant clouée à mes montagnes, sans autre possibilité d’échapatoire, avec pour seule richesse les rares proches qui m’apprécient et que j’aime.

Mes pensées chancelaient entre les deux possibilités. J’étais sur le point d’accepter la proposition du diable, quand la main de la personne qui partageait mon lit m’a doucement caressé le sein. Ce geste m’a réveillée. Je suis lentement sortie de mon rêve hantée par un double sentiment. Celui d’être en agréable compagnie dans le confort chaleureux de la chambre de mon appartement chaux-de-fonnier, et la tristesse de ne pas avoir vu Madrid, ni mené la vie trépidante que le diable me proposait.

Dehors le soleil ne se levait pas encore. Sur les genoux, je me suis penchée au-dessus du corps qui me séparait de la table de chevet afin de saisir le téléphone pour y regarder l’heure. L’écran indiquait 6h08. Toujours à quatre pattes, j’ai  roulé sur le côté en effectuant une rotation sur moi-même de 360° degrés. Je pensais retrouver ma place. Je n’ai trouvé que le vide. Lourdement, de mon lit plus haut que la normale, je me suis écrasée sur le parquet en m’esquintant un peu la cheville et le coude gauches.

Je n’étais pas tombée de mon matelas depuis mon enfance.

J’ai choisi de rire de mes songes et de mes aventures nocturnes plutôt que de tenter de les analyser. Les réponses que je risque de trouver pourraient m’inquiéter.

The Phantom of the Paradise

J’ai tout de même compris que mon rêve, ne serait-ce que par l’allure du manager et par son rôle satanique, présentait incontestablement des similitudes avec le film musical de Brian de Palma The Phantom of the Paradise, sorti en octobre 1974. Les chansons de cette comédie musicale ont été composées par Paul William, qui dans le film tient le rôle de Swan, le producteur qui incarne le diable. Etranges les méandres du cerveau, les tiroirs et coffre-forts qu’il s’amuse parfois à ouvrir, car je n’ai pas revu ce film depuis une quinzaine d’années.

The Phantom of the Paradise, qui s’inspire largement du mythe faustien , est une libre adaptation du Fantôme de l’Opéra le roman de Gaston Leroux .

Ci-dessous le trailer du film. L’affreux blondinet avec une tête de gnome, des chemises à jabot et des lunettes noires, c’est Paul William, le compositeur de la musique de cette oeuvre. Il tient également le rôle de Swan -ou du diable- un producteur sans scrupules. Dans mon rêve ses traits se mélangent à ceux de Tom Cruise pour représenter Satan.

Le synopsis source Wikipédia

Winslow Leach, compositeur de talent, se fait aborder par la célèbre maison de production Death Records, afin que sa musique soit celle de l’ouverture du Paradise, la salle de concert colossale que Swan, le mystérieux directeur de Death Records, vient de faire construire. Winslow pense être le seul à pouvoir chanter la cantate de 300 pages qu’il a écrite. Mais Swan est convaincu du manque de charisme de celui-ci et décide de voler les partitions qui l’intéressent et d’organiser un énorme casting pour trouver des chanteuses pour les chœurs. Winslow décide de profiter de ce casting pour se confronter à Swan. Il y rencontrera une jeune candidate nommée Phœnix dont la voix le fera immédiatement tomber sous son charme mais n’arrivera pas à revendiquer la paternité de sa musique. Il se fait emprisonner suite à un complot du diabolique producteur et, rongé par la rancoeur, décide de s’évader et d’organiser un attentat contre Death Records. Malheureusement, celui-ci tourne mal et Winslow Leach se trouve défiguré. Cachant son visage affreux sous un masque, il retourne au Paradise afin d’y fomenter sa vengeance.


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