L’Arroux

Publié le 17 octobre 2010 par Journalvernois

Vue de la vallée de l’Arroux depuis la colline d’Uchon . Au fond ,les monts du Morvan

J’aurais pu donner comme titre à ce billet, quelle était verte ma vallée ou bien au milieu coule une rivière. Cette rivière, c’est l’Arroux au bord de laquelle je suis né et j’ai passé toute ma vie. En effet, L’Arroux longe la ferme en Bourgogne sur plus d’un kilomètre. Quoiqu’on en dise, sa proximité a eu une influence sur l’exploitation des terrains mitoyens et sur les personnes qui s’ y sont succédées.
Qui dit rivière dit suffisamment d’eau en toute saison pour abreuver les animaux pâturant à proximité. C’est déjà une richesse et une tranquillité. Autrefois son lit représentait une réserve sur place de matériaux, roches, graviers, sable que mes parents et grands parents ont su utiliser C’est aussi la présence de terrains d’alluvions, très sains, qui donnent des prairies où pousse naturellement une herbe de qualité. L’apport d’engrais chimiques n’est pas nécessaire.
Mais l’Arroux devient un mauvais voisin lorsqu’elle se fâche,et sort de son lit. Elle peut avoir des crues importantes qui recouvrent des dizaines d’hectares de pré. . Cela occasionne souvent beaucoup de dégâts aux clôtures, surtout lors des toutes premières crues de l’année. L’eau est chargée de feuilles ,de branches, et même de troncs. Ces derniers poussés par le courant s’accrochent dans les fils barbelés qui cèdent. Ou alors les feuilles garnissent les fils, ceux-ci offrent plus de prise au courant et les clôtures se couchent sous la puissance de l’eau. J’ai vu une grosse clôture en bon état entièrement arrachée sur cinquante mètres. Quand l’eau monte il faut être vigilant et se tenir prêt à évacuer les vaches des surfaces inondables. J’ai toujours eu la hantise de retrouver des animaux noyés. Et ça c’est un souci constant en période de pluie que les exploitations éloignées ne connaissent pas. Pour avoir sous-estimé une crue il m’est arrivé de me mettre à l’eau pour récupérer un troupeau encerclé. Le relief du terrain m’est familier et je sais ne pas risquer grand-chose. Mais entrer dans cette immensité hostile avec pour décor les nuages noirs qui se déversent et le ronflement sourd du fleuve charriant toute espèce de débris ma fait connaître quelques moments d’angoisse. Par endroit l’érosion des berges causée par le courant modifie la rive et provoque la chute d’arbres. Autant de travail en plus.
Aujourd’hui un site me renseigne en permanence sur le niveau de l’eau. C’est dommage que la station de mesure du pont du tacot soit si proche de la ferme car cela ne me donne que peu de temps de réactivité mais je peux suivre l’évolution de la crue ou de la décrue.

L’Arroux a toujours été une zone de loisirs pour toutes les générations qui se sont succédées sur la ferme et j’en ai vraiment profité aussi. Qui dit rivière dit pêche, et pêche sous toutes ses formes pour nous ,plus ou moins légales dans ma jeunesse: lignes, lancer, clous de fond, nasse, carrelet etc… Ce que l’on préférait, avec un copain qui venait spécialement passer des après-midi de vacances, c’était la pêche à la main. Interdite, cela la rendait d’autant plus exaltante. Quel plaisir de mettre les mains sous les roches,les racines, les limons reconnaître le poisson rien qu’au toucher et le saisir, parfois sans succès. On n’était pas là pour braconner, mais pour prendre une friture, à notre guise. A cette époque la rivière regorgeait de poissons: divers poissons blancs, mais aussi plus nobles comme la truite, la perche, la lotte, le brochet etc…Il ne faut pas oublier le goujon qui faisait d’incomparables fritures: un feu entre quatre pierres, une grande poêle pleine d’ huile et un pique-nique en famille était vite improvisé.
L’Arroux c’est aussi la présence d’une faune diversifiée qui invite à la chasse. J’en ai passé des soirées à attendre les canards colverts, avec plus ou moins de succès. Les berges ont toujours été un lieu de promenade champêtre apprécié. On peut y rencontrer canards,hérons, poules d’eau, martins-pêcheurs, rats musqués. J’ai vu arriver le ragondin, le cormoran, et j’attends de voir des castors qui sont parait-il de retour. Bien sur c’est un paysage changeant avec les saisons qui ravit le promeneur.
L’arroux je l’ai vue « en perdition » deux fois. En 2003 la chaleur et la sécheresse régnaient et au plus fort de l’été ce n’était plus qu’un ruisseau de quelques mètres de large . Et si elle s’arrêtait de couler? L’Idée m’avait traversé l’esprit et provoqué une certaine angoisse. On connaît la suite,tout est rentré dans l’ordre. Dans les années 1980 – 1990 la pollution était telle que je n’osais même plus tremper un pied dedans. Finies les baignades, finie la pêche à la main; Les beaux limons verts ont disparu,et je pense pas mal de poissons aussi. Puis la tendance s’est inversée, grâce aux efforts de la collectivité Tout doucement l’eau s’est améliorée, éclaircie, le fond s’est nettoyé. Et cette année elle est particulièrement limpide et je n’ai pas hésité à faire connaitre les plaisirs de la baignade en rivière à mes petits-enfants. Vue leur joie, je pense qu’ils en redemanderont et qu’ils vont perpétuer la tradition.

A bientôt

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