Magazine Journal intime

+ ou - ?

Publié le 20 octobre 2010 par Mirabelle

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Mon cher Victor,

L'attente est longue. Trop longue. Insupportable. Un accident il y a quelques jours et c'est la panique à bord. La panique ? La panique de quoi ? Et qu'est-ce que c'est que cet engin, ces inscriptions "enceinte", "pas enceinte" ?! Ne roule pas ainsi des yeux, tu m'angoisses encore plus... Mais, mais... Oui, oui, c'est bien ce que tu crois... Pardon, pardon ?

L'oubli d'une pilule contraceptive, deux jours et quelques galipettes plus tard, je me suis retrouvée à la pharmacie à acheter la PDL. La première de ma vie. La PDL ? La Pilule Du Lendemain. Mes mains tremblaient, je tremblais toute entière. Mon amoureux était là, avec moi, pétri de peur lui aussi, et la dame en blanc me faisait les gros yeux. Il me semblait être une gamine de seize ans, imprudente, inexpérimentée, qui découvre les joies de l'amour et ses risques. Sauf que tu n'es plus une adolescente et qu'il suffit d'une seule fois pour que survienne le pire !

Le pire... Ce ne serait pas le pire. Ce n'est pas ainsi que je le considère. Je veux un enfant. Mais... Mirabelle, ma petite chérie, autant que je le sache, ton Amoureux et toi-même vous fréquentez depuis peu de temps ! Six mois à vue de nez, non ? Non ! Un an et demi, Victor ! Quand bien même, quand bien même ! Oui, je sais ce que tu penses : ça va trop vite, ce n'est pas une décision que l'on prend à la légère. Mais tout a été vite entre nous : le coup de foudre que nous avons eu l'un pour l'autre, d'abord, les sentiments, l'emménagement ensemble, la grande aventure de l'appartement à retaper, la vie à deux, ses tracas comme ses instants de bonheur. Mais tout de même, de là à procréer ! Nous en parlons. Il n'est pas prêt, toutefois. Veut attendre. Encore. Un peu.

Et moi... Moi, je rêve que je suis enceinte. La nuit, je sens un bébé fictif bouger dans mon ventre. Je le caresse, et le réveil est toujours un moment douloureux. La vérité, Victor, c'est que cette envie de grossesse prend de plus en plus de place, me dévore toute entière, et attendre, attendre qu'il me dise oui, c'est long, c'est difficile, même si je sais qu'il le faut. 

Mercredi, j'ai passé la matinée avec une amie enceinte. Le jeudi je crois (mais avec tous ces questionnements qui me rongent, je n'en suis plus certaine !), j'ai oublié ma pilule et ne m'en suis aperçu que le vendredi soir.  Douche froide en découvrant le comprimé de retard. Lui l'a mal vécu. Quant à moi, j'ai oscillé entre la satisfaction de toucher mon rêve du doigt et la déception devant la terreur de mon Amoureux, terreur dont je n'étais pourtant pas surprise. Tristesse Immense devant la réalité des faits, la spontanéité des réactions. Dès le samedi, donc, j'ai avalé la pilule miracle. Avec l'envie de pleurer.

Depuis, j'attends. Plus ou moins seule. Parce que je ne peux pas en parler avec lui. Il crève de peur. Tandis que je vascille d'espoir et de crainte. Je ne devrais pas être enceinte. J'aurais dû en être certaine aujourd'hui, aucune preuve n'est venue. J'attends toujours. Le retard est normal, paraît-il, après la prise de la PDL. Et je sais que je ne serai pas l'exception à cette règle scientifique, statistique : la PLD est fiable à 95%. Bientôt, j'aurai mes règles et toutes ces questions, ces "et si ?", tout ce qui aurait pu être, ces espoirs interdits, que je réfrène sitôt qu'ils m'assaillent, seront terminés, n'auront plus lieu d'être. Je sais que c'est mieux ainsi. Que le moment n'est pas encore venu.

Parce que je sais que ce sera lui le père et pas un autre. Parce que je n'ai jamais été aussi sûre de moi, aussi à ma place avec qui que ce soit. Parce que je veux qu'il soit heureux le jour du grand évènement. Parce que nous sommes deux, tout simplement.


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