Il a poursuivi sa route, il ne m’a pas vue. Moi, je me suis transformée en itinéraire Google Map : prendre la première rue à droite, puis longer la place des Saint Pères, enfin continuer dans la rue d’Aboukir. Attention l’éclairage s’allume, c’est l’heure entre chien et loup.
Soudain Hugues se retourne, a-t-il senti ma présence ? J’ai juste le temps de me réfugier sous une porte cochère et de suspendre mon souffle. Je ne sais pas ce que j’espère : être surprise en flagrant délit ou continuer à le traquer… Hugues, quel nom désuet ! J’ai l’impression de jouer aux Indiens.
J’attends, le temps de compter jusqu’à 30. Il ne vient pas. Vite, il ne faut pas que je le perde. J’aperçois sa silhouette au loin, son imperméable au vent, le pas déterminé. Cet homme a un objectif et je veux savoir lequel.
Je mate ses fesses, leur mouvement sous les habits civilisés, et ses hanches qui ne sont plus celles d’un jeune homme mais qui me plaisent. Mes yeux ne retiennent que le va et vient de son bassin.
Les vendeurs en gros ont abandonné la rue d’Aboukir aux prostitués du coin. Nous arrivons rue Saint-Denis. Hugues s’y engouffre et moi aussi. Les sex-shops nous interpellent de leurs néons et nous allèchent de leurs slogans : interdit aux moins de 18 ans, chatte et strip-tease.
Hugues entre dans celui qui s’appelle Pipe Show. Je m’arrête. Je n’ose plus aller plus loin. Je fais pire : je l’attends à la sortie…