Après une journée de relâche because Calogero en concert acoustique, trop beau, trop près, trop formidable, nous revoilà au FIFF. Calogero parvient à nous faire un concert acoustique tour à tour rock, puis romantique, puis rock, puis à nouveau calme. Que du bonheur, que du bonheur, que du bonheur total et infini. Rhaaaaaaaaaaaaaaa, Caloooooooooooooooo. (Photo de Mostek)
Le lendemain donc, des étoiles encore plein les mirettes et des mélodies calogeriennes (à ne pas confondre avec carolorégiennes), il est temps de reprendre nos bonnes habitudes de cinéphiles.
Mais vu la météo particulièrement estivale, nous commençons par un délicieux repas en terrasse de chez Exki. Le soleil est fabuleux, j’ai même un peu trop chaud, c’est dire.
Ensuite, petits shoppings dans quelques magasins.
Et c’est là que j’ai la pire idée de toute ma vie. Mostek m’entraine vers un nouvel endroit, un bar à smoothies, jus, milkshakes et cafés, dans la galerie en face de l’Eldo, comment s’appelle ce passage déjà ? Et tandis qu’elle s’offre un café, j’opte pour un milkshake au spéculoos. Délicieux.
Mais à peine l’ai-je terminé, je réalise mon erreur : il me reste sur l’estomac, et sur les intestins. C’est vrai que je ne bois plus jamais de lait, et je dois avoir mon système digestif détraqué par ces diables d’antibiotiques que j’ai ingurgités. Bref, j’ai mal au bide avant même la dernière gorgée. Je profite néanmoins du film, Nous trois, une histoire pas joyeuse joyeuse, avec Emmanuelle Béart. L’histoire se passe en 1972, fabuleuse année, et raconte les tentatives d’un enfant pour rendre sa mère plus heureuse, en la poussant dans les bras de leur nouveau voisin. Un choix qui ne sera pas sans conséquences. Un film dur malgré quelques pointes d’humour bien placées. Et puis y’a les décors, et les fringues, qui à eux seuls méritent le détour. Sans oublier Jacques Gamblin.
Ensuite, nous voilà reparties à l’étage, dans cette salle étriquée que je déteste tant. Pour visionner Ensemble c’est trop, une comédie avec Nathalie Baye (après la mère, la fille, euh, non après la fille, la mère) en épouse trompée par Pierre Arditi, qui se réfugie chez son fils et devient un tantinet… envahissante. Après dix minutes, je réalise combien le temps va me sembler long. Passque mes intestins font la java, because le milkshake. Mais je me concentre pour pas y penser. Après quinze minutes, je ne pense plus qu’à ça. J’ai l’impression d’être en phase pré-accouchement, tellement j’ai des « contractions », sauf qu’en fin de compte, je vais pas accoucher d’un joli bébé, si vous voyez ce que je veux dire. Je tiens le coup plus d’une heure, mais le supplice est atroce et j’ai des sueurs froides à force de tenter de paraître dans un état normal. Quand soudain, c’est la révolte intestinale et en deux minutes, j’expédie mon écharpe Strelli et ma bouteille d’eau au sol, j’avertis Mostek que ma vessie n’en peut plus (passque dire « mes intestins se rebellent », ça la fout mal), elle me rétorque qu’il reste que dix minutes, mais je sais que j’ai plus dix minutes, je le sais je le sais je le sais, alors je fais lever toute la rangée, avec une honte incommensurable, et je me précipite aux toilettes, manquant au passage de marcher sur un pauvre chien guide d’aveugle tout noir qui dort au traves de l’escalier. Ah ben oui, préoccupée par mes ennuis intestinaux, j’oublie de vous préciser qu’il s’agit d’une séance « amis des aveugles », soit un film auxquels s’ajoutent des commentaires utiles aux non-voyants, qui situent l’action, indique qui entre ou sort et donnent des détails importants. Passionnante expérience. J’ai fermé les yeux à plusieurs reprises pour me mettre en situation (et pour faire des injonctions intestinales du genre « pitiéééééééé, épargnez-moi, calmez-vous, relaxez-vous »). Bon, retour à mes moutons, enfin à mes boyaux. Je me précipite donc aux toilettes et je ne vous dirai qu’une chose : il était moins une. Après une bonne dizaine de minutes, je rejoins la salle, mais pas ma place, trop honte de déranger à nouveau les gens, et je visionne la fin du film, enfin totalement zen et extrêmement heureuse d’avoir recouvré la maîtrise de mon organisme.
Il est 20 h et des poussières, et tandis que Mostek va se chercher un plat de nouilles asiatiques, je m’installe dans la file pour Elle s’appelait Sarah, fort attendu par bibi. Moi, je mange rien, j’ai eu ma dose, mon estomac aussi, mes intestins aussi. Tout ce que je veux, c’est que mon organisme tienne le coup durant l’heure, au bas mot, de file qui nous attend. Alors on attend. En mangeant (Mostek). En parlant. En râlant (Mostek, moi et d’autres) sur ceux qui sont pas foutus de passer une heure sans fumer, et enfumer ceux qui les entourent. En râlant sur les VIP qui sortent ou entrent, sur le retard qu’ils causent et sur les barrières qui s’ouvrent pas. Derrière nous, une foule en délire. Mostek pense qu’on n’entrera pas, mais je suis optimiste. On entrera ! Et on entre, mais certains resteront sur le carreau, c’est nul. On choisit des places en bout de rangée, histoire que je puisse me précipiter aux toilettes au cas zou, sait-on jamais, on n’est jamais trop prudent, mieux vaut prévenir que guérir… enfin vous voyez le topo quoi.
Avant le film, le court métrage le plus poignant que j’aie pu voir. Et le plus engagé aussi. Mon frère. Très controversé en Algérie, car il ose parler de la pression masculine sur les femmes dans certaines familles. De la violence aussi. Des mariages forcés. Des crimes d’honneur. Superbe court métrage, aussi touchant qu’un long métrage, ce qui n’est pas toujours aisé en si peu de temps.
Et puis, enfin, Elle s’appelait Sarah. Etonnant, ce hasard qui fait que deux films traitent, bien différemment, du Vel d’hiv, cette année (La rafle et Elle s’appelait Sarah). Et un troisième film du FIFF l’a évoqué, mais j’ai oublié son nom, titchu. Elle s’appelait Sarah aborde le sujet d’une tout autre manière, en proposant deux histoires en parallèle : celle de Julia (Kristin Scott Thomas), journaliste qui décide d’enquêter sur la rafle du Vel d’Hiv, et qui découvre que Sarah, fillette qui, en 1942, en a fait les frais. Le mystère qui entoure la famille de Sarah va captiver Julia au point qu’elle en oubliera qu’au présent, une vie l’attend. En découvrant le secret de Sarah, Julia va bouleverser sa propre existence.
Rhaaaaaaaaaa, quel film !! Que vous dire. Que mes intestins m’ont fichu la paix, mais que mes glandes lacrymales ont pris la relève, à plusieurs moments. J’avais adoré La rafle, mais Elle s’appelait Sarah traite le sujet avec bien plus de subtilité, nous entraînant tour à tour en 1942 puis de nos jours, au Vel d’hiv puis dans l’appartement de Sarah… Un va et vient en permanence chargé en émotion. Un film que vous devez voir, je vous l’assure, les petits amis.
Conclusions de cette cinquième journée :
- Mon corps a parlé, tant qu’il a pu, le vilain
- beaucoup d’émotions, en tout cas pour le premier et le dernier film
- pas mal de rires aussi, durant le second film, malgré les spasmes qui m’agitaient
- la première vraie file du FIFF, avant Elle s’appelait Sarah, enfin, du monde du monde du monde