Eté 2009 ; Hélène Grimaud doit donner une représentation dans le théâtre antique d’Orange. Souffrante, elle est remplacée. Premier rendez-vous manqué.
Mai 2010 ; en voyage à l’étranger, je rate Hélène Grimaud salle Pleyel… mais celle-ci annonce son absence à peine dix jours avant le concert.
22 octobre 2010 ; au théâtre des Champs Elysées, Hélène Grimaud doit donner le second concerto pour piano de Rachmaninov. Sous prétexte d’une blessure au poignet, elle annule à quelques heures de la prestation. Troisième rendez-vous manqué.
Hélène Grimaud serait-elle agoraphobe ? Absente de toutes ses prestations françaises depuis deux ans, la question paraît légitime…
En attendant, la dextérité de Vladimir Ashkenazy à la direction et Nikolaï Lugansky en remplacement au piano, le tout accompagné du Philarmonia Orchestra ont fait vibrer la salle. L’acoustique probablement aussi bonne qu’à la salle Pleyel a embarqué les notes de Sergeï Rachmaninov. Et encore une fois, la composition du Russe a démontré sa majesté. En grand admirateur de Beethoven, je retrouve la puissance de celui-ci chez Rachmaninov avec une finesse en plus qui remplace le drame inhérent au compositeur allemand pour le tourner dans une forme de mélancolie contemplative et transcendante.
Ce concerto atteint probablement les plus grands sommets atteignables par le classique, et plus encore lorsqu’il est porté de main de maître, dans le dépouillement qu’il mérite. Et à ce titre, Lugansky a fait des merveilles, bien plus que Simon Trpceski qui remplaçait Grimaud à Orange, lui aussi pour le second concerto de Rachmaninov.
Et puis, il y avait cet épisode inconnu pour ma part des compositions de Rachmaninov, les Danses Symphoniques. Merveille également, où domine cette finesse des accords, cette brutalité des emportements de l’orchestre toute en maîtrise et en explosions sonores poignantes.
Rachmaninov est grand, et cette seule affirmation, prouvée une fois de plus, aura suffit à faire de cette soirée une merveille. Quant à Grimaud, l’accumulation de ses absences ne pourra que faire douter de son génie d’interprétation – car pour avoir du génie, il faut l’exercer…