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Tant de choses se sont passées ce jour-là… je voudrais ne rien oublier!
Monsieur Bébé, appelé Bob par les amies, est prévu pour le 20 mars, mais depuis le 15, j’attends, j’attends…
Jeudi 18 à 2h du matin, je suis réveillée par une contraction, j’en ai déjà eu souvent, je commence à les reconnaitre, mais le petit truc c’est qu’une seconde revient au bout de 15 minutes, puis 10 minutes, puis 5… J’attendais ça avec tellement d’impatience, très vite je suis persuadée qu’il se passe quelque chose. Je veux être sûre de moi, j’attends un peu…
3h, je réveille Monsieur… 3h30, j’appelle l’hôpital pour avoir leur avis, mais je connais déjà la réponse : « prenez une douche, attendez encore un peu et venez si ça continue… » 4h30, Monsieur essaye de prendre un petit déjeuner et je lui demande de sortir sur le trottoir les cartons pour Emmaüs qui doit venir dans la journée chercher des affaires… Il ne comprend pas que je pense encore à ça…
5h nous arrivons à l’hôpital, mes petites contractions sont toujours là super régulières mais pas douloureuses, toutes les 5 minutes. Une élève SF m’accueille, me pose un monitoring mais les contractions ne sont pas efficaces. « si vous arrivez à suivre une conversation c’est que ça n’est pas commencé réellement » (???!!!???) Nous restons dans une chambre où je dois marcher pendant 1h… que c’est petit pour faire les 100 pas!
7h, l’élève SF revient avec 2 spasfons en me disant que je vais rentrer chez moi… Mais la douleur augment un peu, ma tension est basse et j’ai de petits saignements. La SF de garde lui dit de me garder encore un peu.
8h une nouvelle SF m’apporte un ballon, Monsieur prend le temps de faire des photos et moi d’envoyer quelques textos, j’ai le sourire pourtant la douleur s’installe.
9h30, on me conseille d’aller dehors marcher et prendre un petit déjeuner léger pour « prendre des forces pour la suite« . Les contractions sont de plus en plus fortes, il faut s’arrêter souvent. Je pose ma tête sur l’épaule de Monsieur et j’attends en serrant les dents. Un cookie et un verre de lait plus tard nous regagnons la chambre. J’ai envie de vomir, je m’allonge et je commence à trouver ça pénible… « PLOP », la poche des eaux se rompt… La SF me dit que je vais commencer à avoir mal, moi qui croyais que j’avais DEJA mal…
Une élève SF m’emmène dans LA salle. On me branche, on m’explique la suite…Les contractions sont de plus en plus fortes et se rapprochent. Je ne sais plus comment me mettre, je ne comprends plus rien, je ne veux plus parler, ni répondre, ni même réfléchir…On demande l’anesthésiste mais il est occupé avec une autre femme pour qui « ça se passe mal« … merci du réconfort!!!
Vers 12h15, il arrive, hautain, prétentieux, fait sortir Monsieur en lui disant d’aller manger…. comme s’il avait faim…Heureusement la SF et l’étudiante restent, elles sont très douces et très gentilles. Je dois me mettre sur le côté, arrondir le dos et replier les genoux, et le tout sans bouger. J’ai mal, j’ai peur. J’essaie de penser à d’autes choses pour tenir : mon chat, ma famille, toi mon bébé qui va arriver… Ça ne marche pas, il faut recommencer… J’ai de plus en plus peur. Je sens le bébé descendre. Assise au bord du lit les pieds sur un tabouret, j’écrase la main de l’élève, la pauvre!
13h, Monsieur peut enfin revenir. J’ai une pompe pour doser le produit, tout va bien, je revis! Je retrouve le sourire et le moral. les 2h suivantes tout va bien, j’ai l’impression de me reposer, les contractions font leur effet mais je ne les sens plus.
15h, la SF m’explique ce qui va se passer, qu’il va falloir pousser, que ce n’est pas forcément évident de bien ressentir les choses, que je ne devrai pas me décourager, qu’elle restera tout le temps avec moi maintenant. Elle compare la poussée à faire du vélo : si on y arrive une fois, on y arrivera à nouveau. Elle s’organise, prépare le matériel. Je suis concentrée mais sereine, je n’ai plus peur, je t’attends mon bébé. Céline (cette SF est ma nouvelle meilleure amie!) me propose d’essayer de pousser comme pour le vélo, avec les roulettes, juste pour comprendre les sensations. Elle installe les étriers et je suis ses indications : ce n’est pas si compliqué! Mais rapidement elle me dit d’arrêter!!! Tu arrives!!! Elle demande à Marion, l’élève, de mettre ses gants, c’est son 1er accouchement en stage. Tout s’emballe!
On s’installe pour de bon, l’auxiliaire de puériculture arrive. Céline me rappelle ses explications et cette fois on y va pour de bon : on a posé les roulettes et en route pour le tour de France!
Je me sens forte et fière. En une poussée ta tête sort… Déjà? à la suivante tes épaules passent… Céline dégage tes bras et me demande si je veux t’attraper. Elle guide mes mains sous tes bras et m’aide à te tirer vers moi. Tu n’es pas sale, juste un peu mouillé, avec plein de cheveux. On t’essuie un peu et je te pose sur moi… des larmes coulent, du bonheur m’envahit. Monsieur aussi est très ému. Il coupe le cordon.
Mon bébé, mon Clément, tu est là. Je n’arrive pas à trouver les mots… Il me semble que j’ai dit des choses comme « c’est magique, c’est magnifique, ce n’est pas possible, j’ai fait ça! » Même Marion en a les larmes aux yeux.
L’équipe nous laisse tous les 3. Ces 2h passent vite, le temps n’existe plus je ne suis plus sur terre… Quelle douceur ce contact de ta peau sur la mienne, quel bonheur! Ce n’est que bien après qu’on t’habille et qu’on te fais des tests où tout est parfait.
19h, je quitte le service pour aller vers notre chambre sous le regard bienveillant de Céline et Marion, elles ont été si gentilles… je ne les oublierai jamais…
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