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No Drama More Damage

Publié le 23 octobre 2010 par Yelyam


No Drama More Damage

Me balladant dans les rues de Seville, il y a quelques mois, mon regard s’est posé sur ces mots peints sur un petit bout de mur.

Des graffitis et autres tags, j’en ai vu beaucoup ici et là, des slogans revendicateurs aussi. Mais ces mots, indiquant un simple constat, m’ont plus affectée que tout ce que j’ai pu lire ou voir d’autre.

Ces mots représentent la réalité toute simple de nos vies : toutes ces blessures au quotidien, ces mots déplacés, empoisonnés, ces gestes attendus qu’on ne reçoit pas, ces actes inattendus et immérités qu’on se prend dans la gueule. Toutes ces vexations jour après jour, tous ces quotidiens où l’on se sent rejeté. Parfois par des personnes qui n’ont pas forcément de place dans nos vies, et dans la vie de qui on ne veut pas forcément rentrer (comprenez : « des personnes dont on se fout »…).

Tous ces moments dont on sait que, si on devait les raconter, on nous rétorquerait qu’il ne faut pas « en faire un drame »….

Alors on se tait.

On ne s’octroie pas le droit de parler, d’exprimer que cette petite chose-là, ce truc qu’on vient de nous dire, cela nous a blessé. On la ferme, on se muselle, on se conditionne soi-même, en se trouvant ridicule même d’y penser, de le ressentir. On trouve des excuses à l’autre, à la vie, aux conditions pas réunies.

On se convainc que vraiment, ce n’est pas un drame.

Mais que fait-on de l’addition de tous ces moments blessants ? Non seulement blessants, mais inexprimés, non dévoilés, non nettoyés ?

Non, ce n’est pas un drame, mais tous ces moments pris ensemble provoquent parfois plus de dommages et souvent plus durablement.

Depuis que mon regard s’est posé sur ce tag, à chaque fois que je vis l’un de ces moments, j’y repense, je le vois devant mes yeux, je pense « No Drama, More Damage »…. et cela me donne l’énergie d’en parler.

Je prends mon téléphone et surtout mon courage à deux mains et je tente d’expliquer à mon correspondant ce que j’ai ressenti. Que cela ne m’a pas plus et que je n’ai pas mérité cela.

C’est un peu bizarre à faire, on parle d’un petit évènement a priori anodin et on exprime la blessure ressentie : on ouvre une grande porte à l’autre, car on lui parle de ce petit soi à l’intérieur, que l’on prend toujours soin de cacher sous une carapace forgée à l’âge adulte.

Je ne sais comment mes correspondants prennent cela, je leur transmet une perception de ma réalité, vue par mon égo et liée à mon histoire, j’en ai conscience. Leur perception peut être différente.

Mais au fond quelle importance ?

Ce qui m’importe c’est d’exprimer ce qui m’a touchée afin de m’en « débarrasser » et qui mieux que la personne à l’origine de l’évènement comme exutoire ? Ce faisant, l’objectif n’est pas de surenchérir dans l’attaque, bien sûr. Trouver le juste milieu dans la conversation entre respect (de l’autre et de soi-même) et honnêteté de parler de ses sentiments sans tomber dans l’égocentrisme. Réaliser également que l’autre a ses propres limites et ne rien en attendre de particulier.

S’octroyer juste le droit, sans en faire un drame, de parler.

Ce n’est pas simple, mais si on y arrive, cela fait du bien.


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