ne pas avoir le choix

Publié le 24 octobre 2010 par Plumaplumbum

« tu n'as pas le choix! », point final de nombreuses conversations, conclusion de maintes réflexions, formule magique sensée nous familiariser à l'idée qu'il y a des choses pour lesquelles on ne peut rien. Et pourtant, aussi invraisemblable que cela puisse vous paraître on a toujours le choix! Évidemment il ne s'agit pas de refuser de subir la gravité, ou de "décider" de marcher sur l'eau, ne tombons pas dans le burlesque ; mais de s'intéresser à nos choix personnels...
Houleux débat autour du passé d'un haut dignitaire religieux ayant appartenu aux jeunesses Hitlériennes. Les défenseurs de Benedictus2x8 (que nous appellerons ainsi, eut égard à son anonymat) affirment que cette organisation militaire était obligatoire et qu'il n'avait, par conséquent, pas le choix. Rien n'est plus faux : Benedictus2x8 avait le choix! Avait-il le recul nécessaire pour juger de la situation? Le cas échéant était-il prêt à subir les conséquences d'un refus d'obtempérer? A-t-il commis un crime au nom de cette organisation? Voilà des questions pertinentes. Toutefois rassurez-vous je n'ai ni l'intention, ni la supériorité morale, ni les connaissances biographiques, pour débattre de ce sujet. Il ne s'agit que d'un exemple (parmi tant d'autres) utile à ma démonstration.
L'alternative trompeuse entre avoir et ne pas avoir le choix nous masque le cœur du problème et nous empêche de nous poser la bonne question, à savoir : « sommes-nous prêts à en accepter les conséquences? »...
L'exemple le plus extrême pourrait être le suivant: "pourquoi respires-tu? / je suis obligé, je n'ai pas le choix". Et bien détrompez-vous, vous avez le choix! Vous pouvez décider de ne plus respirer mais devez alors accepter d'en mourir. Pas très funky comme expérience (que je vous déconseille d'ailleurs). Si vous avez le choix dans un cas aussi extrême alors que penser des situations bien moins létales de votre vie quotidienne? Décisions professionnelles, vie de couple, rapports familiaux, lieu de résidence, choix de carrière, questions éthiques, dépendances (...) autant de domaines où vous pensiez peut-être ne pas avoir le choix. Reconsidérez alors ces questions à la lumière de ce que nous avons vu précédemment et vous constaterez que le vrai problème est celui de la responsabilité. Précisons qu'il ne s'agit pas d'un jugement moralisateur mais d'une incitation à la lucidité. Et puis pour ma part, n'étant pas un sage|saint|héros|membre du PS (rayez les mentions inutiles) je ne peux prétendre vous donner de leçons. 
Notre société ultra-individualiste dans l'incohérence de son adolescence a accouché d'un paradoxe (encore un) : celui de faire cohabiter désir de liberté totale et désir d'irresponsabilité. Quoi de plus grisant que la Liberté et quoi de plus effrayant que la responsabilité? Comment ménager la chèvre et le chou? Et bien en décrétant que dans certains cas nous n'avons "pas le choix", le répéter à l'infini et finir par s'en convaincre. Mais tant d'incohérences ne pourront éternellement cohabiter sans mener notre civilisation à la catastrophe. Admettre que nous avons toujours le choix ne nous aidera pas à prendre de meilleures décisions, ni ne nous délivrera de la peur des conséquences, mais nous permettra en tout cas de prendre conscience de l'importance cruciale de la responsabilité personnelle quant à l'avenir de notre société, de notre espèce et donc de notre écosystème, esclave de notre bon vouloir.