Magazine Journal intime

Je suis une riche propriétaire terrienne nocturne… du moins j’en rêve

Publié le 24 octobre 2010 par Anaïs Valente

J’en ai déjà parlé sur ce blog, j’ai une brique dans le ventre.  Vous me direz que c’est un pléonasme, puisque je suis belge.  Je sais. 

Mais j’ai tellement une brique dans le ventre que ça hante mes rêves.  Ou plutôt mes cauchemars.  Et quand je dis hanter, c’est vraiment hanter.  Quasiment une fois par semaine, je rêve que je quitte mon logement, et c’est un drame dramatiquement dramatique.

J’ai ainsi rêvé :

- Que je revendais mon logement à une ancienne collègue, laquelle me faisait un énooorme caca nerveux car je n’avais pas installé de cordes à linge sur la terrasse.  Je l’y entraînais en m’excusant, c’était plein de jolie verdure et au centre, miracle, des cordes à linge. Puis j’ai réalisé que je devais déménager.  Avant le 4 janvier 2011.  C’est dire si mes rêves sont précis et organisés. 

- Que je rachetais un appartement en bord de Sambre, appartement de mes grands-parents décédés.  Dans un état catastrophique, sombre, sale, plein de vieux brol.  Et dans une rue qui n’existe pas à Namur, mais qu’importe.  Y’avait même pas de fenêtre dans le living, l’horreur.  Et puis j’avançais dans le hall de nuit vers les chambres, et cela devenait lumineux, propre et tout. Avec plein de placards.  Et l’appartement n’était plus celui de mes grands-parents mais celui de mon père, décédé lui aussis.  Et il était pas mal cet appart, tout bien réfléchi, mais sans terrasse.  Mais j’aurais facile pour faire mes courses au Match.  C’est dire si mes rêves ont le sens pratique.

- Que je m’installais tout près d’où je bosse, dans une très jolie villa bel-étage avec jardin en contrebas.  Par la fenêtre de la grande cuisine, je voyais, de chaque côté, une jolie pelouse, puis, au fond un potager. C’est dire si mes rêves projettent de me faire manger sainem.

- Que je m’installais dans une demeure en briques de mon quartier, avec un très long jardin.  Au fond du jardin, un chemin menait à un second jardin de broussailles.  Oups, je l’avais pas vu ce jardin, lors de l’achat.  Galère.  Trop grand jardin pour une pauvre célibataire telle que moi.  C’est dire si mes rêves veulent me faire bosser ferme.

- que je déménageais un peu plus loin que chez moi, à nouveau, dans une maison blanche, deux façades, mignonne, mais je perdais mes voisins, et j’étais hyper triste et je comprenais pas pourquoi j’avais voulu partir.  Et je pleurais.  C’est dire si mes rêves sont pathétiques.

- que je partais sur les hauteurs de Namur, dans une grande maison avec jardin derrière et terrasse devant.  Le soleil était au rendez-vous, c’était sympa, mais je regrettais mon chez moi, je le regrettais tellement.  C’est dire si mes rêves veulent me faire gagner au Lotto, passque vivre sur les hauteurs de Namur…

- Que j’emménageais dans une maison décorée tellement mochement que j’en avais la nausée.  Et l’ancien proprio m’expliquait toute la déco, en partie artisanale, avec des peintures, des mosaïques et tout.  Beurkitude intégrale.  C’est dire si mes rêves ont mauvais goût.

- que je m’installais dans une grande maison de maître où tout était à refaire.  La cuisine, immense, était de style 1850, avec un grand évier, un vieux robinet, des fenêtres poussiéreuses et hautes.  Et tout était du même style.  Et trop grand.  Et je m’en voulais d’avoir investi dans un tel désastre.  C’est dire si mes rêves aiment les nouvelles cuisines.

- que je n’avais jamais vidé mon ancien appart et que le foutoir s’y était accumulé.  J’y retournais et découvrais des tas de pièces supplémentaires, pleines de brol également.  Dix ans après l’avoir quitté, il me fallait enfin agir, horreur et damnation.  Moins cauchemardesque, puisque je n’en perdais pas pour autant mon logement actuel.  C’est dire si le message subliminal de mes rêves est « raaaaaange ».

Sans oublier les cinquante mille autres rêves qui m’ont angoissée mais que j’ai oubliés, passque le propre d’un rêve est de paraître réel au réveil, puis de disparaître dans les brumes de la douche.  Mais ceux dont je me souviens, des mois après, sont d’une précision extrême.  Je revois les petits détails, les couleurs, l’ambiance du rêve, sombre ou ensoleillée, les protagonistes et moi, toujours étonnée d’avoir fait ce choix absurde.

Le point commun de tous ces rêves ?  Je ne suis pas heureuse de cette nouvelle situation, et je passe mon temps à me dire « mais pourkwaaaaaaaaaaaa as-tu eu l’idée saugrenue de revendre ton petit nid douillet que tu aimes d’amour fou, pourkwaaaaaaaaaaaaaaaa ? »

Tout ça mériterait sans doute une analyse approfondie par un spécialiste des rêves, mais pas besoin d’avoir fait quinze ans d’études pour comprendre à quel point mon petit nid me rassure et est mon cocon à moi rien qu’à moi et à quel point le perdre serait une catastrophe.

Enfin, l’essentiel est que, fort heureusement, immuablement, je me réveille. 

C’est le noir total ou la demi-pénombre.  De mon lit, je regarde par la fenêtre et découvre mon paysage habituel.  Je vois ma garde-robe entrouverte.  Je tâte mon matelas.  Et je soupire d’aise.  Ce n’était qu’un rêve.  Je suis chez moi et c’est vraiment chez moi.  Pas de vilain proprio qui me vire. Pas d’expulsion par huissier en vue.  Pas d’expropriation par la commune, la Région Wallonne ou autre instance compétente en vue.

Je suis chez moi.  Dans mon chez moi où l’humidité est ma voisine.  Dans mon chez moi où une nouvelle cuisine ne serait pas du luxe.  Dans mon chez moi où l’hiver j’ai 9 degrés pour faire dodo.  Dans mon chez moi où la salle de bains attend son polyfilla.  Dans mon chez moi où la chambre voulait depuis neuf ans un mur bordeaux et le hall un mur turquoise.  Dans mon chez moi où les deux futurs nouveaux murs rêvent déjà des stickers qu’ils attendent.  Dans mon chez moi plein de défaut, mais c’est chez moi.

Et vous, il est comment votre chez vous ?  J’adore découvrir les chez-les-autres, alors parlez-m’en… montrez-moi des photos, par mail ou sur vos propres blogs… Je ne rêve que de ça.  Et là, ce ne sera pas un cauchemar.

Illu de Domie.

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