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Pier Antonio Quarantotti Gambini/Aux Salines

Publié le 25 octobre 2010 par Angèle Paoli
«  Poésie d'un jour
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AUX SALINES/ALLE SALINE

Enfant, je courais aux salines. Là,
s’aventurer le long des digues était,
pour nous autres gamins, une fête un peu secrète,
dans une paix qui paraissait enchantée,
presque irréelle, sans autre bruit
que le chant des innombrables cigales
ivres dans le soleil, stridentes.

Les digues, l’eau immobile, les courants
et l’herbe chaude sous les pieds nus.
Toujours de nouvelles découvertes. Et puis la pêche.

Aujourd’hui que je regarde en arrière, seule
cette lointaine vie me console. Je suis
l’enfant qui court là, anxieux
de faire, chaque jour, une découverte.

Si je regarde en moi, je retrouve
ce qu’alors je découvris.

                                                  Ma quête, aujourd’hui,
est différente ; toujours plus grande et libre !

Pier Antonio Quarantotti Gambini, Les gamins couraient, in Soleil et vent, L’Âge d’homme, Collection Domaine italien, 1982, page 47. Traduit de l’italien par Laïla Taha-Hussein. Préface de André Pieyre de Mandiargues.


  « Al sole e al vento a paru chez l’éditeur Einaudi en 1970 grâce aux soins attentifs d’Alvise Quarantotti Gambini, le frère du poète, qui dans son introduction nous informe que presque toutes les pièces de ce petit volume ont été composées par Pier Antonio pendant le dernier mois de sa vie. Notre émotion, la mienne en tout cas, s’en trouve grandie, car les sujets de ces poèmes s’échelonnent d’un lointain passé, enfance et adolescence, jusqu’aux derniers jours d’un présent douloureux, et l’ensemble se présente comme une sorte de mémorial où des livres écrits et publiés autrefois, avec leurs personnages inventés, se mêlent singulièrement aux images des personnes réelles qui avaient tenu jadis ou tenaient alors un rôle important dans l’existence de l’écrivain. L’on sait qu’un foisonnement surabondant de souvenirs, surtout aux âges où la mémoire est en train de se perdre, précède souvent de peu l’extinction de la vie. Comment ne pas penser à telle espèce de sonnette d’alarme quand nous lisons ces notations tragiques prises par un poète pendant les quatre ou cinq semaines qui lui furent laissées avant sa fin. Une fin qui, son dernier poème nous le dit sans artifice, était pour lui un commencement ou un recommencement. […] »

André Pieyre de Mandiargues, Préface, in op. cit. supra, pp. 8-9.



■ Voir/écouter aussi ▼

→ (sur Radio3) une émission («Il Terzo Anello - La prosa verso la poesia ») du 2 novembre 2006 consacrée à la poésie de Pier Antonio Quarantotti Gambini
→ (sur istrianet.org) une bio-bibliographie de Pier Antonio Quarantotti Gambini



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