Magazine Journal intime

Anaïs s’offre une cuisine équipée pour sa Saint-Valentin

Publié le 25 octobre 2010 par Anaïs Valente

Un peu à la façon d’Anaïs à la ferme, Anaïs a un petit frère, Anaïs et le zizi sexuel, voici donc Anaïs et sa cuisine équipée. 

J’ai toujours rêvé d’avoir une cuisine équipée.  Rhooo, ça va hein, pas besoin de vous marrer, c’est pas passque je cuisine jamais que j’aime pas la beauté d’une cuisine équipée.  Tout comme c’est pas passque je me lave jamais que j’ai pas fait installer une salle de bains.  Je rigooole hein, je me lave.  Et puis dans une cuisine, on fait pas que cuisiner : moi j’y lave mon linge, j’y range mes pizzas et mes lasagnes, j’y stocke des boissons fraîches et du lait de soja à la banane et j’y fais plein d’autres choses encore que la morale réprouve.

Dans mon premier chez moi, j’en avais une, de cuisine équipée.  Elle était toute cholie.  Noire avec des plans de travail blanc et des poignées en inox.  Avec des taques électriques, un four, une machine à laver bien cachée, un frigo et un congel.  Le bonheur.  Bon, je n’y cuisinais jamais, pour sûre, mais c’était le bonheur.

Puis j’ai déménagé dans mon chez moi actuel, et y’avait pas de cuisine équipée.  Y’avait de bêtes meubles blancs avec d’immondes poignées rouch’. 

Vu que mon budget tirait grave la tronche, j’ai fait simple : j’ai pleuré un bon coup, puis j’ai remplacé les poignées rouch’ par des poignées suédoises portant un nom imprononçable genre strümligggg.  Dont coût, euh, vingt zeuros.  Et déjà, le bonheur a commencé.  Mais j’avais que des meubles.  J’ai donc complété avec frigo, congélo, machine à laver (mon destin est d’avoir toujours ma machine à laver dans la cuisine, faut croire) et une cuisinière d’étudiante, avec un micro four qui crame derrière et cuit pas devant et deux taques au-dessus, même que si les deux taques fonctionnent ensemble, ben le four il fonctionne plus.  C’était pas le bonheur d’antan dans mon premier chez moi, mais ça l’était presque.

Puis y’a cinq ans, j’ai voulu une cuisine équipée.  J’ai regardé les prix, j’ai pleuré un bon coup, et puis je me suis offert un pot de peinture en vert pomme.  Dont coût vingt-cinq zeuros.  Et j’ai repeint, et ça a transformé la pièce.

Ça doit être à ce moment que mon fantasme cuisine équipée anthracite est né, passque l’anthracite et le vert pomme, ça va super bien ensemble.  J’ai donc commencé à rêver.  Mais je me suis contentée de rêver, passque j’aime pas les travaux, j’aime pas les changements et j’aime pas avoir des intrus dans mon chez moi.  Or, une cuisine, c’est des travaux, des changements et des intrus, sans oublier les emmerdes qui découlent de tout cela, bien souvent.

Il y a un an, j’ai pourtant décidé de m’y coller.  Enfin, de m’y coller en mode « j’y pense puis j’oublie ».  On m’a dit « tu feras ça au printemps, on est plus motivé ».  Le printemps est venu, mais pas mon envie de me bouger pour ma cuisine. 

Purée une page word, et j’ai encore rien dit… pourquoi je cause tant ?

Puis l’été est venu.

Puis l’automne est venu.

Et une collègue a placé sa cuisine, en me racontant tous ses soucis électriques, aquatiques et j’en passe.  J’ignore pourquoi, mais ça m’a donné l’envie d’enfin me bouger.  Sans doute car j’avais vu sa cuisine et qu’elle était trop trop jolie, brillante et tout, absolument ce qu’il ne faut pas, car la mienne serait vite pleine de traces de doigts. 

Un beau matin plein de soleil, passant devant un magasin de cuisines, je franchis enfin le pas, j’entre.  Et je prends rendez-vous.

Quelques jours plus tard, par un après-midi plein de soleil,  Mister Cuisinéquipée vient chez moi, prendre les mesures de ma cuisine de naine de jardin, hyper mal conçue, avec des murs même pas en angle droit, des fenêtres et des portes partout.  L’enfer.  Mais j’ai plein d’idées, j’ai noté tout ce que je veux, comment je le veux, et tout et tout, et on s’entend bien Mister Cuisinéquipée et moi, sauf qu’il veut me fourguer un coloris sable alors que je voulais de l’anthracite, pardi.  Du sable, ça va pas la tête ?  là, on est vendredi.

Et ce lundi, mon géèsseème sonne.  Comme d’hab, je l’entends pas.  Comme d’hab, j’entends le bip signalant un message.  J’écoute.  C’est Mister Cuisinéquipée qui me signale que les plans sont prêts et tout et tout.  C’est le Speedy Gonzales de la cuisine équipée, dis donc.  Le soleil est toujours de la partie, c’est un bon présage.

Je cours, je vole, telle une libellule rose vers une goutte de rosée, vers Mister Cuisinéquipée, qui m’accueille à bras ouverts et me montre tout ce qu’il a prévu pour moi :

- plein de tiroirs pour ranger mes couverts (sauts de joie, j’ai pas un seul tiroir actuellement)

- un truc dont j’ignore le nom, vertical, qu’on ouvre et où on range les épices et les bouteilles d’huile ou vinaigre (trop meugnon, même si je cuisine pas)

- un néon sous les meubles (aaaaaaaaaaaaaaaaaah, nooooooooooooooon, tout sauf un néon, je hais les néons, j’exècre les néons, je vomis les néons)

- deux halogènes sous les meubles (aaaaaaaaah, ouiiiiiiiiiiiiii, en plus on les allume d’une pression du doigt, so chic)

- un frigo à hauteur d’homme, enfin de femme (bonheur, plus de lumbago)

- un four combiné ultra multi fonctions qui cuisinera tout seul (je veux y croire)

- un grand congelo pour stocker mes pizzas (et mes lasagnes Farniente)

- une hotte en inox (même qu’on met plus de filtre dedans comme dans le temps, j’ai failli provoquer une crise d’angoisse à Mister Cuisinéquipée, ou une crise de fou rire, j’hésite)

- plein plein de place pour ranger

- des tiroirs pour mes casseroles et mes milliards de tupperware

- et c’est tout

On choisit la couleur, de l’anthracite, je confirme.  Les poignées, en inox toutes jolies.  Le plan de travail, parmi 120 couleurs, pire que de choisir une écharpe Strelli je vous le dis…

Deux pages Word, on avance.

Puis, tadaaaaaaaaaaaaaaaaaaaam, l’imprimante crache son devis.  Trois pages.  Et Mister Cuisinéquipée me récapèpète tout le barda, en lisant chaque ligne, alors que moi, ce qui m’intéresse, c’est le prix.  Tadaaaaaaaaaaaaaaaaaam, vlà le prix.  Ben chuis surprise, je m’attendais à pire.  Bon, faudra le passage d’un électricien pour pouvoir faire fonctionner plus qu’une seule plaque vitro à la fois, donc j’angoisse, mais fais un truc fou ma petite Anaïs, tu peux le faire.  J’ai fait le truc fou d’acheter un canapé et deux fauteuils samedi dernier (après trois ans de « me faut un canapé, j’aime rien, tous trop grands, trop petit mon living, veux déménager, bon, veux un canapé cuir finalement, sont moches chez Ikéa et patati et patata »), en dix minutes chrono (un miracle miraculeusement miraculeux).  J’ai fait le truc fou de prendre Voo numérique avec le Voocorder.  Je fais donc mon troisième truc fou de la semaine : je signe pour accord.

Puis je rentre chez moi, avec mes petits plans tout beaux tout chauds.

Et je me mets en pyjama.

Nan, il est pas 22 heures, il est 16 heures.  Même pas honte.  J’ai pas prévu de sortir, fait frisquet, me faut du douillet, quelle que soit l’heure.

A peine en pyjama, téléphone. 

Mister Cuisinéquipée.

Il a perdu les plans, sans doute emportés par un livreur.  Je propose de rapporter les miens, afin qu’il les copie.

Je me rhabille.

En chemin, j’ai tout d’un coup un doute sur mon électro, aucun souvenir d’y avoir vu la machine à laver, diantre.  Je checke et en effet / in fac / indeed : point de machine à laver.  Oups.

J’arrive et je signale la chose, au méga big étonnement de Mister Cuisinéquipée, convaincu de l’avoir mise.  Que nenni.  Il se confond en excuse et se précipite pour refaire le devis, m’assurant qu’il va m’octroyer une grosse réduction pour compenser son oubli.  Boah, pour moi c’est nin grave hein (à part que va falloir rajouter le prix de cette machine, qui laisse entendre qu’elle lave en programme main avec de vraies mains, greffée à l’intérieur, qui vont caresser mon linge, le masser, le revigorer, l’aimer, le vénérer, ce qui justifierait son prix exorbitant, 1199 euros).  Mais il s’en remet pas, et se lance dans de savants calculs sur sa calculette magique.

L’imprimante crache son nouveau devis.

3000 euros plus cher.  Y’a comme un hic (Jennifer).  Comment un devis augmenté de 1199 euros et diminué d’une groooooooooossse réduction peut-il être 3000 euros supérieur au devis initial ?  Y’a un hic c’est clair, alors, je le signale. 

En effet / in fact / indeed, y’a un stuut.  Mister Cuisinéquipée reprend sa calculette magique et recalcule.  Après de longues minutes, l’imprimante crache son nouveau devis (bis).  Lààààààààà, c’est bien mieux.  Et y’a la groooooooooosse réduction.

Mais j’ai pas la conscience tranquille, là.  Ou du moins, je sens que Mister Cuisinéquipée l’a pas.  Je flaire quelque chose.  J’emprunte alors la calculette magique et je me mets à pianoter.  Le verdict tombe : la grooooooosse réduction, c’est quelques minuscules dizaines d’euros.  Oui, bon, clair que « groooooosse réduction », c’est tellement subjectif.  Alors je dis « en fait, vous me faites une réduction de ça, si je compte bien ».  Faut croire que j’ai l’air déprimée ou fâchée ou contrariée ou dépitée ou prêtàplussigner, au choix, passque ma réduction augmente alors de façon plus intéressante.  Yessssssssssssssss. 

Ben oui quoi, j’aime pas qu’on me mente sur la marchandise.  Si on me dit qu’elle est grooooosse, j’aime qu’elle le soit !

Pour la suite, rendez-vous en février, car ça sera mon cadeau de Saint-Valentin.  Si vous êtes sages et gentils, je peux vous montrer les croquis…

D’ici là, bien sûr, y’aura sans doute des rebondissements…

cuisine.jpg

cuisine2.jpg

cuisine3.jpg

cuisine4.jpg


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog