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Être journaliste musical ?

Publié le 27 octobre 2010 par Routedenuit

Être journaliste musical ?

Un petit morceau qu’il-est-trop-bien pour le principe.

Depuis tout petit, je veux être journaliste. Depuis moins longtemps, je veux que ce soit dans la musique. Seulement voilà, maintenant que je finis des études pour, je me pose quand même deux trois questions. Je réfléchis pas mal à ce métier ces temps-ci, et plus particulièrement au rôle du journaliste tel qu’on l’entend dans le sens commun : la transmission de l’information. À ce moment-là, qu’est-ce que peut bien être cette créature étrange que le journaliste musical ? Même si nous savons tous que l’objectivité n’existe pas, ce que nous appelons aujourd’hui le journalisme musical est une espèce de nébuleuse sans visage dont l’essence même n’est plus tant l’information que la critique.

Je fais ce constat en étant lecteur de la presse musicale aussi bien papier que web. La nouvelle formule des Inrocks, Télérama, Rock & Folk, Technikart et les autres sont des sanctuaires témoins de cultures différentes que leur pouvoir même, en tant que média, a contribué à forger. Je me demande donc à partir de quel moment on peut parler de journalisme musical. Il suffit d’écouter une discussion entre deux musicophages pour imaginer la même discussion se produire entre deux média différents. Où cela est-il du journalisme de dire qu’untel est meilleur qu’untel, d’écrire des papiers et de défendre son point de vue à ce propos ? Où cela est-il du journalisme de descendre tel ou tel artiste sous prétexte que sa musique, son travail ou son univers déplait à telle ou telle personne ?

Je me rappelle souvent de cette image quand j’écris sur de la musique :

Avec quelle légitimité, quelle crédibilité puis-je dire à un des producteurs de Grégoire que son poulain fait de la musique de merde à partir du moment où l’on débat d’un sujet au centre duquel trône ce qu’il y a de plus subjectif au monde : la sensibilité artistique ?

Alors certes, il reste tout les critères techniques, les critères d’influences, les critères historiques (et heureusement, parce que sinon, ce serait la merde) – mais comment puis-je asséner ce genre de chose à quelqu’un en me prétendant journaliste, puisque finalement, le contenu de mon propos est complètement dépendant et régi par la subjectivité artistique ? De la même manière qu’il est tout à fait possible que Grégoire plaise à des gens puisqu’ils ont même financé son album. À partir de ce moment-là, que cherche-t’on à atteindre, en tant que journaliste musical ? J’ai bien peur que l’on se retrouve au point de départ : ce que l’on aime doit être obligatoirement aimé par l’autre.

À ce propos, Owni a publié un article très intéressant à ce sujet qui parle de l’avenir des journalistes musicaux, en dressant des profils de journalistes en fonction de leur caractère, leurs aspirations et leurs parcours.

Être journaliste musical ?(Cette photo est une capture d’écran de l’article très intéressant d’Owni, consultable ici.)

Je ne me reconnais vraiment dans aucune de ces typologies. Je sens bien que je partage des traits avec trois ou quatre d’entre elles sans pour autant pouvoir me réclamer de tel ou tel profil (si j’étais vraiment honnête, je rêverais un peu d’être l’écrivain, mais bon). Néanmoins, ça ne nous permet pas d’avancer plus que ça. Le problème, comme le disent les gens d’Owni, c’est la collusion qui existe entre les média musicaux et les organismes commerciaux. On attend aujourd’hui de la presse qu’elle soit prescriptrice, qu’elle incite à l’achat, ce qui est bien contradictoire si l’on se réfère aux objectifs et au rôle initial du journalisme classique, dont on devrait en principe devoir se réclamer dans une situation idéale.

Bref. C’est un peu le bordel.

Comment je vais faire moi, tiens ?

Merci spécial @pl_constant.

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