Thierry Clermont
28/10/2010 | Mise à jour : 12:31 Réagir
Il y a quatre-vingts ans, le poète colosse se suicidait. Retour sur une vie intense et courte.
Maïakovski, c'est d'abord une trogne, un physique hors gabarit. Regardez les clichés de Rodtchenko ou de Chklovski: colosse dès l'adolescence, le visage dur et les lèvres molles, un regard bien sombre qui dépasse l'horizon, une élégance outrancière. Le poète dandy, futuriste et communiste. Jusqu'à la dernière image: allongé sur son lit, une tache rouge au côté gauche, plein cœur, il semble narguer la camarde. Vladimir Maïakovski a choisi sa mort, probablement par dépit amoureux. Il avait à peine trente-sept ans. Une quinzaine d'années auparavant, il écrivait: «De plus en plus je me demande/s'il ne serait pas mieux/que je mette d'une balle un point final.» Ça n'a pas été du goût de Staline, le régime soviétique ayant un goût particulier pour la persécution ou l'élimination de ses meilleurs poètes: Essenine, Blok, Akhmatova, Tsvetaïeva… Pourtant, il deviendra, jusqu'à la dislocation de l'URSS, le poète officiel de l'empire communiste. Ce sera sa seconde mort.