« T’étais où? T’étais avec qui? Comment? C’est bizarre, je t’ai appelée et tu ne répondais pas. Ah oui, tu ne captais pas mais tu aurais pu m’envoyer un texto alors. Quoi? c’était ta batterie qui était morte. Il faudrait savoir, tiens-toi à une seule histoire, sinon je vais commencer à croire que tu me mens… »
Je les harcelais toutes, les unes après les autres, jusqu’à les pousser à bout. J’étais un jaloux, un fâcheux, un méchant atrabilaire. Atavisme familial peut-être… Il m’était aussi impossible de faire confiance que de garder un amour auprès de moi. Elles me quittaient, effrayées, moqueuses ou soulagées. Bien sûr, je me trompais. Au bout du compte, ce n’était que mon vice volupteux et doux-amer que je souhaitais conserver.
- Vous savez pourquoi on vous a embauché, Simon.
- Non, parce que j’avais la mine d’un gars désespéré et prêt à tout?
- Ne faites pas encore votre blues man. Non, tout simplement, parce que vos tests psychologiques ont révélé un haut degré de paranoia, bien au-delà de la moyenne…
- Ouaih, vous voulez dire que j’étais parfait pour le rôle. Et après moi, c’est moi qui fais de la psy de comptoir.
- Il est temps de descendre, préparez-vous…
J’ai ouvert la porte le premier et j’ai escorté mon maître de la rue aux tribunes. Nous avons avancé dans la pénombre sous les éclairages violents du stade. Enfin, nous sommes arrivés à deux pas de la scène. J’ai vu au loin une vague immense qui ondulait. J’ai compris que c’était une foule humaine. André s’est retourné vers moi et a souri de satisfaction devant mon ébahissement de gosse.
- Ah, les voilà qui arrivent!
Bono est alors passé à un millimètre de moi. Si j’avais été un chien, j’aurais frétillé de la queue…