Voilà mon plan génial, pour faire un superior mâle, artificiellement fabriqué et génétiquement modifié : mon vaisseau lancé pleine vitesse pour détruire nos faiblesses. Anatomiquement parfait, esthétiquement gonflé, la tête programmée, le superior mâle réussira là où les autres ont échoué, sous mon vaisseau écrasé plein de kérosène et de TNT.
Le vaisseau s’autodétruira dans 4 minutes. Altitude 1300 pieds. Impact dans Moins de 4 minutes.
Je voulais des lèvres mordues et de courts sous-entendus pas d’un amour en gélule et encore moins d’un corps sous bulle. Cellophane_ c’est fade-gélatine pour des peaux élastiques, pas du vrai, du chiqué. Dire qu’on en faisait des livres et des films avant, des pièces et des lettres, tant et si bien que maintenant nous n’en reconnaissons ni le goût et encore moins la saveur, qu’une relation sous cachetons et détails oubliés. « Prends ta dose d’amour, mon amour, car c’est comme ça que je t’aime. N’oublie pas de boire beaucoup d’eau par-dessus et de couper ça avec un peu de Benzédrine», soit l’élixir parégorique d’un monde toxique. Des corps à moitiés ébauchés, des sentiments en plastique et des âmes synthétiques pour nourrir notre manque d’esthétique_ une hostie sans goût, un manque évident de sapidité pour un accroissement évident de rapidité et de fertilité. Plus de faim de la vie, qu’une sociale-amertume sur comment faire plus de thunes. Il n’y a pas de place pour l’idéalisme dans ce mécanique-endroit ici-bas. Petits logiciels que nous sommes pour le grand plan fractal, je déprogramme pourtant la carte mère _ motherfucker_ et envoie le virus direct dans le cortex depuis mon vaisseau balancé sur la Terre, minimisant ainsi la race humaine, n’y laissant qu’une trace sur laquelle bâtir le superior mâle, ses enfants sacrés et éro-aimants.
Le vaisseau s’autodétruira dans 3 minutes. Altitude 1000 pieds. Impact dans moins de 3 minutes. Jauges de Kérosène à leur maximum. Danger Imminent.
Je devrais me sentir désolée à mesure que ma peau brûle sous la vitesse sous-atmosphérique-cutanée, mais je suis la curie de cette grande insane-maladie à mesure que je tombe des étoiles. J’ai un peu froid : le docteur est mort. Ne me faites pas confiance, je ne suis pas la science. Oh, c’était vraiment horrible avant et tragique maintenant. Tout à l’heure nous serons ensemble pour longtemps pour célébrer ce que j’aurai fait, moi et mon vaisseau qui foncent pour massacrer l’humanité et ce qui en est sorti. Pour créer. Le kérosène devient l’onguent et moi le baume…
Le vaisseau s’autodétruira dans 2 minutes. Attitude : 500 pieds. Impact dans moins de 2 minutes. Ce que je pense de toi : Kérosène full. Kérosène : Full.
Nous sommes jeunes à tomber par terre à mesure que nous tombons du ciel. Est-ce une blague ou une partie de moi ? Je mets mon casque et c’est drôle et mon cerveau bout sous la pression : pièces de destruction. Que penses-tu de moi ? Je reconstruis ce que je peux en le détruisant et mets en place le plan peu banal du superior mâle. Il s’adonisera et on verra comment il était bon de s’aimer comme avant, dans les sucs, les odeurs et les sentiments-gorgious. Minimisions la race humaine et rétablissons la passion et ce qu’elle a de meilleur.
Le vaisseau se détruit peu à peu… se disloque…
Sus aux plans génétiques et aux amours médicales génétiquement souhaitables…
Les parois lentement se gondolent sous l’effet de la chaleur générée par le frottement atmosphérique sur la carlingue…
Assotons nous du plus beau sentiment qui fut et que nous n’avons su conserver par manque de maturité…
L’engin est pris de soubresauts incessants qui font exploser tous les appareils de mesure complexe, dérèglent les gyroscopes. Les hublots se fendillent faisant chuter dangereusement la pression intérieure…
Débarrassons-nous des oripeaux des pilules aseptiques qui font l’amour moderne et clinique…
Les panneaux extérieurs s’arrachent un à un, l’aile droite est partiellement détruite et le moteur est en surchauffe critique…
Célébrons cette part de nous qui vient, les rollerblade-lovers, les amours consacrées et les âmes partagées sur l’hôtel de la sentimentalité…
L’avant de l’appareil percute le sol qui s’écrase sous la force d’impact, projetant projectiles et chaleur. Les fûts de kérosène se rompent et se répandent dans tout le cockpit, la TNT est soumise à une chaleur qui la fera bientôt exploser…
Le son des cris de EVE 8 et ADAM 4 n’y peuvent rien, je veux détruire pour créer enfin, que l’amour vrai se diffuse comme avant, dans la peau, l’œil et l’organe. Faisons-en de nouveau des livres et des films, des pièces et des lettres, changeons de sujet, l’ancien n’a que trop duré et on en connaît déjà la fin… javellisée.
Le kérosène s’enflamme…
Que nos âmes brûlent de nouveau : que cela doit être bon d’aimer…
La TNT explose…
Je t’aime…
L’onde de choc est infernale…
Je t’aime…
Et détruit tout sur son passage…
JE T’AIME…
Dans un grand souffle brûlant…
JE T’AIME…
… qui ne laisse de place à rien.
JE T’AIME !!!!
... Pas même à l’humanité…
(Grand fracas assourdissant puis, comme la trace d’un enregistrement : )
enregistrement_ « Ici le sergent EVE 618, depuis le vaisseau marchand Amiral 145. Nous quittons la Terre à 6am. Pression extérieure : Normale. Vitesse d’éjection : stabilisée. Pouvoir rotatoire : Normal. Argument de périhélie : 25 grad. De retour dans trois semaines. Réflexion personnelle : le soleil fait une auréole mordorée sur la Terre. Vu d’ici : c’est magnifique… Fin provisoire de transmission… »