Quatrième de couverture :
Un homme. Un homme parmi d'autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première confrontation avec la mort sur les plages de son enfance jusque dans son vieil âge, quand les maux physiques l'accablent. Entre-temps, publicitaire à succès, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles.
D'un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d'un second, une fille qui l'adore. Il est le frère d'un homme sympathique dont la santé lui inspire de l'amertume et l'ex-mari de trois femmes qu'il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte, c'est un homme qui est devenu ce qu'il ne voulait pas être.
Ce roman puissant - le vingt-septième de Roth - prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l'expérience qui nous est commune et nous terrifie tous.
Souvent, avant d'acquérir un nouveau livre, je serais bien inspirée de faire des recherches sur le net et de lire quelques critiques. "Un homme" sera sans doute le premier et dernier roman de Philip Roth qu'il me sera donné de lire. Je ne remets absolument pas en cause le talent de l'auteur, mais ce roman qui nous offre de longs paragraphes relatifs à des enterrements et de lourdes interventions chirurgicales, n'était pas pour moi, car bien trop déprimant... Je me suis fourvoyée, croyant découvrir au fil des pages une réflexion sur la vie, je n'ai rencontré que mort et maladie, et aussi sexualité, les thèmes favoris de l'écrivain.
J'étais arrivée à la fin du livre, lorsque je me suis enfin décidée à faire une recherche sur l'auteur et son oeuvre. Voici une critique de "l'Express" que j'ai pu découvrir, et qui vous donnera une bonne idée du roman "Un homme", vous invitant d'ailleurs peut-être à le lire, si contrairement à moi les sujets abordés ne vous rebutent pas :
" Dans son roman, sans doute le plus sombre mais aussi le plus fort, l'écrivain américain retrace le destin d'un homme ordinaire face à la maladie, la douleur, la vieillesse et la solitude. Un conte des temps modernes.
C'est un roman noir. Jaquette noire. Ecriture noire. Livre sombre et pourtant sublime. Récit d'une totale lucidité face au néant qui, un jour ou l'autre, nous emporte et nous broie. Philip Roth tourne autour de la mort, de la maladie, de la vieillesse depuis qu'il écrit. Trait d'union entre ces trois calamités: le sexe.
Dans Un homme, Philip Roth a rassemblé le meilleur de son art: épure de l'écriture, des sentiments, du jugement.
Tout commence là où tout finira: au bord d'une tombe creusée à même la terre, dans le cimetière abandonné d'une banlieue terne. On y enterre un homme. Un homme ordinaire. Dont Philip Roth ne nous dit presque rien. Sauf l'essentiel: il fut aux prises, toute sa vie, avec l'imminence de la mort. Pour son malheur, il plaisait aux femmes. Il en épousa donc trois, brisant le coeur de chacune ainsi que celui des enfants qu'elles lui donnèrent. Une histoire banale. Comme celle de millions d'êtres humains, aujourd'hui. Il eut des maîtresses. Certaines se montrèrent d'un dévouement qui fut le fondement de sa force. D'autres, face à l'épreuve de la maladie, paniquèrent au point d'éteindre en lui toute énergie. Puis vint la solitude. Et avec elle cette chose imprévue et imprévisible: le moment où, parce que le corps est en péril permanent, la phase créative et active d'une vie est révolue, où l'on ne dégage plus ce magnétisme propre aux individus en bonne santé. Il faut alors se rendre à l'évidence: de péritonites en pontages, «il était entré dans un processus de rétrécissement, et [...] il lui faudrait boire jusqu'à la lie le calice de ses jours sans but, jours sans but et nuits incertaines, témoin de sa dégradation physique irréversible, en proie à une tristesse incurable, dans l'attente, l'attente de celui qui n'a rien à attendre».
Il n'arrive plus à séduire une jeune fille
Cet homme vieillissant, comme tout le monde ou presque, refuse pourtant de faire cadeau d'une seule minute à la mort: «Echapper à la mort semblait devenir la grande affaire de sa vie, qui se résumait désormais à l'histoire de son déclin physique», commente Roth, avant de décrire quelques-uns des tracas, quelques-unes des faiblesses de cet homme ordinaire, qui sait qu'il a perdu «la bataille de l'invulnérabilité». Dans un combat, il y a des moments de sursaut, aussi. Comme lorsque notre homme croise sur la jetée du port de son village de retraités une superbe jeune fille et qu'il entreprend de la séduire, ainsi qu'il l'aurait fait jadis - en vain.
Ce conte des temps modernes est un grand livre sur le corps. Sur la souffrance physique. Sur la perte du désir. Sur ce qui advient lorsque la mécanique se détraque et que l'on cesse d'être un être humain dans sa plénitude. La maladie, découvre notre homme, vous dépersonnalise en vous neutralisant. Il devient alors terriblement difficile d'éviter le piège le plus mortel qu'elle vous tend et que Philip Roth désigne ainsi: «L'aigrissement du caractère.»"
François Busnel - L'Express -Philip Roth - Un homme - Folio n° 4860