Cette fête a pour objet non seulement d'honorer les innombrables saints du Ciel - canonisés ou non - mais aussi de réparer, en quelque manière, l'insuffisance du culte qui leur est rendu pendant l'année par les fidèles. Elle met sous nos yeux que la sainteté est le lot commun de tous ceux qui meurent dans l'amitié de Dieu - c'est-à-dire en "état de grâce sanctifiante", et non pas seulement de ces grandes figures que l'Eglise, infailliblement, présente au culte de tous les fidèles.
Le culte des saints est aussi ancien que l'Eglise même, laquelle honorait en ses premiers martyrs, parfois réunis en un seul hommage, ses maîtres et modèles dans la foi. Leur nombre était d'ailleurs parfois tel, comme sous les persécutions de Dioclétien, qu'il était impossible de leur rendre un culte séparé, de sorte que l'on en vint naturellement à consacrer un jour particulier pour la célébration générale de leur fête, ainsi qu'en témoigne notamment saint Jean Chrysostome ou saint Ephrem de Syrie, au 4ème siècle, ce jour étant fixé au vendredi de Pâques. Il est intéressant de constater ainsi que la fête de tous les saints est d'abord, historiquement, une fête de tous les martyrs, le martyre constituant pour l'Eglise, sur les pas du Sauveur, l'exemplaire même de la fidélité et de l'amour.
Il faut cependant attendre le 8ème siècle, avec Grégoire IV, pour qu'un culte de tous les saints, déjà établi à Rome, soit étendu à l'Eglise universelle, avec une fête fixée au 1er novembre. Sixte IV, à la fin du 15ème siècle, ajoutera une octave à cette fête, supprimée avec la réforme liturgique des années soixante, laquelle a marqué un recul sensible du Sanctoral dans le calendrier liturgique.
Cette fête est pour nous l'une des plus belles : extraite du caractère dramatique des fêtes qui ponctuent l'histoire du salut, elle nous porte à nous pénétrer de cette vérité, aussi ferme que le roc, paisible et joyeuse, que notre vie est dans la communion de ces saints, avec et par le Christ. Cette vie de peine, elle, va passer, avec ses misères sans nombre, ses déceptions, le témoignage insolent de l'arrogance des méchants, ses tristesses, ses injustices. Déjà ouverte par la résurrection du Christ, déjà partiellement vécue par nombre d'amis de Dieu dès ici-bas, la Vie véritable éclate de joie dans la Cité du Ciel. Bien des nôtres y vivent déjà, bien des nôtres sont à ses portes, et nous prions les uns de nous secourir, et nous prions pour les autres afin qu'ils entrent dans la joie de leur Sauveur.
Comment ne pas penser spécialement, à cette occasion, à notre ami Mgr Masson ?
"J'ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples (...) Ils se tiennent debout devant le Trône de Dieu et devant Jésus, l'Agneau immolé, en vêtements blancs, des palmes à la main. Et ils proclament: "Le salut est donné par notre Dieu, qui siège sur le trône, et par l'Agneau !" (Apocalypse, 7, 2-14).
En union de prières avec chacun de vous.