Magazine Journal intime

Cauchemar

Publié le 07 janvier 2008 par Mirabelle
Lundi 7 janvier 2008

Cauchemar

Je croyais faire partie de ces petits couples à l'abri du besoin. De ces êtres qui ne s'imaginent pas  l'un sans l'autre. Tout ça n'était qu'une vaste connerie. Parce que je sais désormais que l'amour ne tient qu'à un fil. Qu'un jour la moitié de soi peut vous aimer, et quinze jours plus tard douter complètement des sentiments qu'il a pour vous. Et qu'il n'y a rien qu'on puisse faire. Rien qu'on puisse dire. Pas de photos qu'on puisse brandir, pas de souvenirs que l'on puisse évoquer pour faire s'évanouir les doutes de l'autre. Et on espère juste se réveiller du cauchemar, ouvrir les yeux et le trouver là, à côté de soi, à respirer paisiblement, comme avant. Dans l'ordre des choses. Sauf que tout ça, c'est des conneries. L'Amour, c'est des conneries. On peut construire autant que l'on veut, rêver autant que l'on veut, espérer autant que l'on veut, quand on ne sait plus s'imposer, quand votre image s'éloigne en l'autre, quand vous assistez à l'oubli, sans pouvoir rien dire, sans pouvoir bouger, il n'y a rien à faire. On veut le lui dire. Les mots se bousculent dans la gorge et les larmes sont là, face au ton détaché, à l'indifférence apparente. Le ridicule. Combien de maris a-t-on vu s'enfuir, après quinze ans de mariage et refaire leur vie vingt ans après ? Combien a-t-on vu d'hommes jurer l'amour toujours et se tirer en allant acheter des cigarettes ? Tout cela n'a pas de sens, et ma grande bêtise a été d'en chercher. Ma grande bêtise a été de croire que l'on m'aimait assez pour m'aimer encore longtemps, malgré la séparation, le temps d'oublier, le temps de pardonner. Mais non. Et il n'y a rien que je puisse faire, rien que je puisse dire. Mes sentiments à moi ne valent rien. Mes sentiments à moi ne valent rien, pas un clou. Et chaque jour, je regrette, chaque jour, je réalise, chaque jour je vois combien je l'ai considéré comme acquis, combien j'ai été aveugle. Et chaque jour, il m'oublie, chaque jour un peu plus, et chaque jour, je sais que c'est ma punition. Et si je pouvais revenir en arrière, ne serait-ce qu'une fois, je trouverais les mots, les mots pour dire tout l'amour, ces mots que je  ne disais pas, que je ne pouvais pas prononcer. Ces mots que nous avons tous besoin d'entendre pour nous sentir exister et avoir confiance...
Je croyais faire partie de ces petits couples à l'abri du besoin. Vous savez, ceux qui se réunissent dans ces soirées de "casés"... Sauf que tout ça n'est qu'une vaste connerie. Parce qu'un jour, on se retrouve seule, complètement seule, et la famille, les amis, ne suffisent pas à combler ce vide. Ce siège vide. Cette absence. Qui persiste. Et les remords, et les regrets. Et l'impuissance. Parce qu'il n'y a rien qu'on puisse faire pour se faire aimer de nouveau. Parce qu'il n'y a rien qu'on puisse faire pour amener  l'autre à nous désirer. Parce qu'il n'y a rien qu'on puisse faire pour amener l'autre à se projeter dans le futur, avec nous. Parce qu'il n'y a rien qui puisse ramener l'amour. Parce que tous les coups de fils sont douloureux, que toutes les paroles sont douloureuses, qu'entendre sa voix est douloureux, qu'entendre son indifférence est douloureux. Et on veut juste se réveiller de ce cauchemar. Tout reprendra son cours, forcément, un jour ou l'autre, cela ne peut être autrement... Et on veut juste se réveiller de ce cauchemar. Reprendre notre place. Notre place vide. Qu'il reprenne sa place. Sa place vide. Qu'il revienne. Qu'il revienne. Qu'il revienne. Et pas de photos qu'on puisse brandir pour raviver la flamme, pas de souvenirs qu'on puisse évoquer pour redonner la foi. Rien. Rien. Rien. On n'a d'autre choix que d'assister à la lente agonie de l'histoire, l'écouter dire qu'il doit réfléchir, en sachant au fond de soi que ses doutes, son indifférence naissante, ne sont que le début de la fin. Et on voudrait prendre le premier train, tambouriner à la porte, crier, hurler, supplier, rester des heures entières. Qu'il ouvre enfin. Demander pardon. Pour tout ce qu'on n'a pas vu. Qu'il nous laisse entrer et nous caresse les cheveux, en souriant, tout doucement, sans un mot, parce que les mots ne servent plus à rien. Un regard amoureux, son regard amoureux. Et puis fermer la porte. Et être ensemble.
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publié dans : Ecrire, écrire, écrire... par Mirabelle

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