Au moment de l'adolescence, on sait jamais trop ou on campe. On a des bras trop longs, de l'acné jusque sur les gencives, un sein plus gros que l'autre, de nouveaux poils, des goûts musicaux douteux. On a parfois des doutes sur sa sexualité. Je me rappelle m'être demandé après avoir flashé sur les très gros seins de Salma Hayek si j'étais pas lesbienne. Au moment de l'adolescence, on utilise tout le temps qu'on met à faire péter ses point-noirs à réfléchir à qui on est vraiment: une nympho, un transexuel en puissance, une péripatéticienne en devenir?
J'ai toujours cru que la réponse était claire pour moi: je serais la fille au sex appeal de poêle à frire, aussi forte en drague qu'en calcul de probabilités.
Sauf qu'il y a toujours un léger écart entre l'image que l'on a de soi même et l'image que l'on renvoie aux autres.
Exemple:Je me vois comme une fille gaie qui aime l'exprimer sur ses vêtements en portant des habits colorés. Je pense que je suis une fille féminine, d'ou ma passion pour les robes, les talons, l'eye-liner et le rouge à lèvre rouge. Je pense être une fille classe: je sais que le jour ou je serais enceinte, je ne posterai pas de photos des selles de ma progéniture sur facebook, et je n'ai jamais regardé un seul épisode de secret story ou de plus belle la vie.Je devrais aller voir un ORL. Je n'ai pas une très bonne audition.J'ai l'impression d'être une fille marrante, avec un humour universel, qui fait rire tout le monde.Je crois tenir l'alcool. Je l'évacue très vite en faisant pipi toutes les 3 minutes en moyenne.Je suis persuadée que ma maladresse est attendrissante. Enfin, j'essaie de m'en convaincre. C'est ça ou je me camisole de force immédiatement.
En résumé, je m'imagine être une fille sympa, plutôt drôle et originale. J'aimerai bien m'avoir comme copine.
Alors qu'en vrai, au travers du regard d'autrui:Souvent, les gens me demandent si je suis au courant que c'est pas encore le carnaval. Certains veulent savoir si je suis daltonienne. D'autres vont vomir. Le soir, quand je me maquille un chouilla plus (le soir, il fait noir, je force subtilement le trait de bleu turquoise sur mes yeux, et je raccourcis subrepticement la jupe), on me demande si c'est pas trop difficile le travail la nuit, à cette période de l'année. Souvent, on veut connaître mon opinion sur la question des maisons closes. Je sais que si tu tapes Jude Law dans google images, on le voit à poil à la page 5, et que sa nouille a une forme relativement "joufflue" je dirais. Et que j'ai beaucoup de mal à retenir un rot quand il vient. Faut que ça sorte. Je parle comme une poissonnière. En terme de décibels, le niveau sonore de ma voix équivaut à un avion au décollage qui copule avec un marteau-piqueur. Et ça n'a rien à voir avec mon audition: l'ORL m'a assuré que j'avais une audition meilleure que la moyenne des gens.Quand les gens rient à mes blagues, c'est surtout par gène: pour moi, l'humour salace, crade et gras, c'est universel. Plus c'est scatologico-cul, mieux c'est. Et plus y'en a, meilleur c'est; la redondance, y'a que ça de vrai. Si on devait me laver la bouche au savon de marseille à chaque insalubrité que je sors, je devrais machouiller en constamment. Même en dormant. Passé deux bières, je sais plus quel est le prénom de ma mère, ni ou j'habite, ou encore que je suis en jupe et en talons trop hauts. Alors je m'assois comme un cow-boy, et je fais profiter mon auditoire d'une vue merveilleuse sur une culotte snoopy que je ne me rappelle même pas avoir achetée. Quant à ma maladresse, nombreux sont ceux qui pensent que l'expression "comme un éléphant dans un magasin de porcelaine" a été inventée pour moi.
Mais surtout, surtout...Mes amis m'appellent Carlos. Pour rendre hommage à ma ressemblance avec un transsexuel brésilien parait-il.Et ils ont assorti ce délicieux patronyme d'un nom commun: la Carlossade. Je ne suis pas persuadée qu'une définition soit utile pour le moment.
Sinon, est-ce qu'il existe une sorte de meetic mais pour se trouver de vrais amis?