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Abraham

Publié le 03 novembre 2010 par Banalalban

"Allez ducon la joie, apporte moi donc le calvados que je m’horripile un peu le cerveau."

Ne me jugez pas. Il conviendrait certes que je sois ici des plus cérémonieux afin de participer à l’ouverture mais la cérémonie à laquelle vous êtes ici conviés n’attisera ni envie ni admiration. Vous ne verrez rien qui n’ait été un jour déjà fait. Ici ne repose aucun talent, aucune spéculation, pas même le germe d’un génie. Ci-gît l’inutilité de naître qu’inutile, ci-gît naît l’inutilité d’avoir été créé. Il n’y eut aucune conception aussi peu pensée que la vôtre et j’en suis le premier désolé; il n’y eut aucun acte aussi bien manqué que votre arrivée ici-bas. Je sais, je sais, on en a bâti des choses au nom de ce qu'Il a soit disant fait pour vous mais je suis au regret de vous apprendre que la reconnaissance que vous avez à Son égard n’est rien en comparaison de l’indifférence que j’éprouve envers vous. Rien qu’un peu d’amertume d’y avoir passé tant d'éternité en spéculation.

Plus je passe de temps à vous observer plus l’envie m’en prend de tout déconstruire : vous me faites vomir. Jamais création ne fut tant haïe que la vôtre. Regardez-vous donc un peu : vous dégoulinez d’inconsistance. Vous n’avez aucun goût, ni saveur, tout juste celle de l’hostie qu’on arrache au nougat, du fiel sous le miel. Vous êtes assis, anguleux, posés sur votre gros cul adipeux, nus sur du velours, vos sous-vêtements emplis de l’odeur de ces couilles que vous n’avez plus depuis longtemps.

La prise de conscience n’est pas si terrible que ça, notez bien, ça fait juste un peu mal au coeur de reconnaître à quel point je me suis banané. A vous voir ici, enrubannés de parfum pour la sortie du jour, enturbannés de vos friches... fripes _ pardon, le Calvados..._ pourries qui présentent bien, empoulés de vos petits drames perfides d’humains, à vous voir enchaînés à vos petites obligations invisibles, à vos drames invincibles, à vos secrets indicibles, je me demande encore comment Il a pu à ce poing merder. Non pas que vous n’ayez pas eu le choix : le drame vient expressément de ce choix qu'Il vous a laissé : mais voyez donc un peu ce que vous en avez fait : une sombre pourriture gluante de déconfiture. Et après tout, quoi, bande de larves, c’est juste que là, pour le moment, j’ai besoin d’un petit remontant.

"Allez Dugland, ramène ton cul par ici, et abreuve moi d’innocence que je puisse créer un monde un peu à mon tour... je veux mon rodéo, je veux mes disciples...".


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