Scènes d'un bord de Meuse

Publié le 04 novembre 2010 par Anaïs Valente

En bord de Meuse, j'ai croisé le soleil, qui nous faisait grace de sa présence, huit mois jour pour jour avant l'été.  Pas un pet de nuage, pas un pet de vent, ou presque.  Une douce chaleur bien agréable par cette température totalement automnale, voire hivernale.

En bord de Meuse, j'ai croisé un jeune cygne et son parent, perdus au milieu d'une nuée d'oies blanches affamées, qui m'ont sauté dessus alors que je tentais de photographier les cygnes, ce qui a bien fait rire deux messieurs qui passaient par là, vu mes "mais dégage-toi, va-t-en", et j'en passe.

En bord de Meuse, j'ai croisé un pont, que j'ai traversé.

En bord de Meuse, j'ai croisé une petite poule d'eau qui profitait du joli temps.

En bord de Meuse, j'ai croisé un jogger.

En bord de Meuse, j'ai croisé un autre jogger.

En bord de Meuse, j'ai croisé un troisième jogger.

En bord de Meuse, j'ai croisé des nuées de joggers, sans doute une classe condamnée aux travaux sportifs forcés.  En short, les pauvres.  Essouflés, les pauvres. 

En bord de Meuse, j'ai croisé une jeune femme qui se tricotait une écharpe.

En bord de Meuse, j'ai croisé un jeune cygne esseulé, même pas bagué.

En bord de Meuse, j'ai croisé un couple de cygnes, que j'ai tenté de faire venir près du jeune, à grands coups de biscuits aux noisettes.  Se sont tous tolérés, mais clair qu'ils zétaient pas de la même famille.

En bord de Meuse, j'ai croisé un couple d'humains, cette fois, avide de soleil, de moments à deux et de cigarettes.

En bord de Meuse, j'ai croisé des chiens qui promenaient leurs maîtres.

En bord de Meuse, j'ai croisé un rat, qui tentait d'emporter un vieux morceau de pain dans son nid.  Attirée par du mouvement sur un mur couvert de lierre, j'ai tourné la tête et suis tombée nez à nez avec lui.  Tout noir et doté de jolis yeux.  Ratatouille version "vrai".  Nous nous sommes dévisagés quelques secondes avant qu'il ne s'enfuie, ne me laissant pas le temps de le photographier, dommage, cette petite tête noire interloquée au milieu du lierre, trop mimi.  Mais je savais qu'il reviendrait.  J'ai enfoncé le vieux morceau de pain dans le lierre, et il est reviendu le chercher.  Tellement vite que j'ai juste entraperçu sa petite tête puis son long corps qui partait à jamais.

En bord de Meuse, j'ai croisé une demi-invitation pour un mariage.

En bord de Meuse, j'ai croisé la jeune femme qui avait migré sur un banc et terminait son tricot.  Ça m'a rappelé ces mini-tricots broches qu'on fabriquait étant mômes, avec deux cures dents et un peu de laine. 

En bord de Meuse, j'ai croisé un chat noir, que j'ai d'abord pris pour un rat.  Un chat à queue double, ou presque.  Un chat téméraire, prêt à sauter sur tout volatile qui passerait à sa portée.  Un chat placide, apeuré par les humains.

En bord de Meuse, j'ai croisé d'autres chiens qui promenaient d'autres maîtres.

En bord de Meuse, j'ai croisé une péniche.

En bord de Meuse, j'ai croisé mon ombre, qui s'étendait au fur et à mesure que le soleil regagnait son lit.

En bord de Meuse, j’ai croisé le soleil qui s’apprêtait à aller faire dodo, et j’ai fait pareil.