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Célie

Publié le 05 novembre 2010 par Banalalban

Laisse-moi porter ton T-shirt, après le show. S'il-te-plait, laisse-le moi le porter. Comme un crime, avec toutes les choses que j'ai portées tout au long de la journée, ton T-shirt, avec un peu de ta sueur, cela m'importe peu. 

Ou plutôt, cela m'importe beaucoup.

Et la raideur du tissus sous les aisselles là où le déodorant tend, j'y collerai les doigts.

Laisse-moi porter ton T-shirt, très profond. Cours. Cours. Je t'entends : appelle-moi sur scène, je t'aime, regarde-moi, dans les yeux. Chante pour moi, dans un cœur, ce n'est que pour moi, je me perds, toi en dix fois plus grand. Bouge pour moi, tiens le micro pour moi. Dis "you" pense "toi" c'est-à-dire moi. Je te connais si bien et on s'entend si bien.

Tu fais partie de ma vie depuis si longtemps.

Tu les sais.

Tu peuples toute ma vie et tu la justifies.

Je tombe dans la paille et toi, grand artiste, tu tires mes ficelles, je t'aime quand tu chantes, dans ton ombre, je construis un monde qui peuple mon mur : tu me souris en dix fois plus grand et en dix fois différent.

Je suis né pour t'avoir créé, je suis ton idole et c'est toi qui m'immoles : tu m'enflammes, dans la nuit où je chante tes paroles en pleurant et je me lacère les avant-bras devant mes amis que je n'ai plus qui rient, et je chante encore tes chansons et ce soir je porterai ton T-shirt, ça sera toi et moi, sur scène tu bouges vite rien que pour moi parce que tu me veux, tu n'es là que pour ça, les autres _hein, dis ? _ tu t'en fous, tu fais semblant, de leur sourire, depuis toutes ces années, mais moi je sais, moi je sais, ça ne serait pas si réel, on est ensemble, les milliers d'autres on s'en fout, parce que ce soir tu me donneras ton T-shirt et je le vois bien, tu me souris, et il m'a bien semblé que tu disais mon nom _ Célie_ comme dans un arc-en-ciel et le sang goûte de mes poignets peut-être y-suis-je allée un peu trop fort mais on s'en fout tu dis "you", tu penses "toi" c'est-à-dire moi, tu bouges vite, parce que ce soir je porterai ton T-shirt je connais tes chansons par cœur je les ai recopiées des milliers de fois et je les ai enfermées dans un petit coffret. Appelle-moi sur scène, cours, cours, et je te rejoindrai, je donnerais ma vie pour toi tu le sais appelle-moi, on leur montrera à toutes les autres, on leur dira qu'on s'en fout d'elles, qu'elles n'ont aucune importance, car ce n'est jamais qu'à moi que tu donneras ton T-shirt, tu le sais, je le sais, depuis le début, en dix fois plus certaine ce soir, je suis venue à tous tes concerts, j'ai couru après ta voiture, c'est moi qui frappais de toutes mes forces sur la vitre quand tu portais ces lunettes noires, et que tu sais bien, le jour où tu m'as souri, je l'ai bien vu, il n'y avait que toi et moi, et mes poignets, ma mère ne comprend pas, j'en ai rien à foutre, car "on va partir tous les deux tous les jours toutes les années" comme dans ta chanson, la chanson que tu as écrites pour moi en pensant à moi très profond. C'était moi aussi devant ta chambre d'hôtel à Londres, j'ai traversé la Manche pour toi, j'ai piqué de l'argent à ma mère, j'en avais rien à carrer, j'aurais envoyé chier Douai pour toi, et j'ai attendu, je t'ai attendu et je t'ai attendu, j'ai bien fait, j'ai bien vu que tu regardais par la fenêtre, pour voir si j'étais là, mais j'y étais bien, je te faisais des signes de la main et tu jouais les timides, c'était moi encore qui hurlais ton nom, je faisais des photos de toi qui recouvraient tout, moi je tombe dans la paille, appelle-moi, tu décides, dans un arc-en-ciel, appelle-moi, crie mon nom, affiche-le dans l'écran géant.

J'adorerais que tu affiches "Célie" sur l'écran géant.

Affiche "Célie" sur l'écran géant.

Écris "Célie" dans l'écrin géant.

S'il-te-plaît, je t'en prie, je t'en supplie, c'est le plus beau jour de ma vie, rien n'a jamais été aussi important que ce soir, lance-moi ton T-shirt et je t'achèterai un nuage, je te le promets, regarde-moi, je t'en prie, je ne pourrai pas vivre longtemps sans ton amour.


APPELLE-MOI, JE SUIS PERDUE, APPELLE-MOI, CHANTE POUR MOI !

Mes poignets cessent. 


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