Des copines, j'en ai plein. Je suis populaire comme Britney Spears en 1998. Ma vie, c'est un peu le clip de Crazy (oui, j'ai fait des recherches, Baby one more time et Lucky ça n'allait pas). Je suis constamment entourée d'une bande de fille au nombril dénudé qui se tripotent les couettes pour se dire bonjour. La plupart du temps c'est très agréable. Sauf quand elles se disposent en triangle pour faire exactement les mêmes gestes que moi en adoptant des postures qui sentent la braguette. Mais passons, je digresse.
L'avantage d'avoir une horde de poulettes sans cesse collées aux basques, en plus d'avoir toujours quelqu'un à qui réclamer un tampon en cas de besoin, c'est la science. Oui, mes copines, je les analyse (une fois, en 2005, j'ai eu un cours de socio, alors c'est dire si je suis bien placée pour étudier mes copines).
La première que j'ai envie d'étudier est toute mignonne. Elle n'oublie jamais de te téléphoner pour ton anniversaire. Elle te donne une grande claque virile dans le dos en te félicitant quand tu rotes. Elle te tient les cheveux sans (trop) rechigner quand tu as abusé de la vodka pomme caramel. Elle te dit toujours que ta frange est très bien coupée, alors que c'est juste pas possible de très bien couper sa frange avec des ciseaux de cuisine surtout quand on a une crise d'éternuements. Elle est toujours d'accord pour te prêter sa jolie robe bleue, et elle râle jamais si tu renverse un litre de coulis de tomate dessus. Elle rigole toujours à tes blagues. Toujours. Et quand elle vient chez toi, elle amène toujours un truc à manger ou à boire. Quand elle est en forme, elle emmène les deux.
En fait, au début, tu crois que c'est juste la copine idéale. Jusqu'à ce que tu croie un mâle. A peu près n'importe lequel, mais ça marche surtout sur le mâle que tu convoites. A partir du moment ou Bertrude (c'est son nom ma copine) entre dans son champ de vision, tu disparais totalement. Comme si tu t'étais évaporée instantanément. C'est très très très énervant.
Bertrude n'est pas le sosie de Victoria Slivespouetpouet. Elle t'arrive sous l'aisselle. Elle a pas de tétés. Des fois, elle se rase pas les jambes. Un jour même, elle a eu un bouton de fièvre sur la lèvre supérieure gauche, le matin elle a une haleine de poney, et je sais de source sure que Bertrude pète au lit. Bertrude est croquignolette donc, mais on est loin de Megan Fox quand même. Sauf que ça, les garçons, ils s'en foutent. Quand Bertrude arrive, ils en ont plus rien a branler de ton avis très pertinent sur le dernier Tavernier, ils ont la mâchoire qui se décroche et la bave aux lèvres. Va comprendre Charles.
Ça devient rapidement très très énervant. Surtout quand elle va chez ton buraliste préféré acheter son paquet de clopes, et que sans qu'elle ait rien demandé il lui donne un malabar bigout, alors qu'a toi même pas il te répond quand tu lui dit bonjour et qu'il refuse catégoriquement de te faire la monnaie. Surtout quand le garçon que tu convoites la regarde goulûment se curer le nez. Et encore plus quand tu la chope par le col avec la ferme intention de lui filer un bourre-pif, et qu'elle te dit en toute bonne foi que non, vraiment, elle ne voit pas de quoi tu parle, elle n'a jamais essayé de te piquer le mâle que tu convoites et que pour te le prouver elle ajoute qu'elle n'a pas mit de déo.
Enervant, parce que mon statut de femelle alpha se prend toujours une bonne claque dès qu'elle pointe le bout de son petit nez tout mignon. Mais que je suis incapable de lui en vouloir parce qu'elle est capable de me ramener un paquet d'oursons à la guimauve juste pour me remercier de ne pas l'avoir assommée quand j'ai trouvé les yeux du mâle convoité dans son décolleté (alors qu'elle portait un soutien gorge trop grand auquel il manque une baleine).