Je viens de rentrer. De dehors comme ce soir ou d’une quelconque fiction comme souvent. Il est un peu trop tard pour commencer autre chose. L’aléatoire programmation d’iTunes me propose une chanson. Curieusement appropriée.
Après tout rien ne m’empêche de me coucher plus tard, au mieux j’ai une petite course dans l’après-midi de demain, et on peut toujours repousser la vaisselle. Mais rien ne m’incite non plus à veiller exprès, juste parce que je peux. Je n’ai plus 14 ans. Il paraît. Je n’aurai rien achevé aujourd’hui, mais je n’achèverai rien de plus, donc l’envie d’aller me coucher me dégoûte légèrement, sans se transformer en vraie motivation pour faire quelque chose maintenant. The Smiths.
J’entre en stase. Comme la voix de Morissey qui se fixe sur une note instable, tandis que les accords des guitares continuent leur chemin. L’instant se goûte, mais ne se laisse pas savourer. Le chant s’entête à mi-chemin de ce qu’il ne deviendra jamais. Sa consistance s’évanouit. Je me demande comment leurs chansons auraient pu être composées autrement, mais dessiner leur atterrissage ou leur crash est hors de portée. Leur vol irrésolu ne prendra jamais fin et ne révélera pas sa destination.
Cette lassitude suspendue que je connais bien et dont rien ne me dit comment elle pourrait prendre fin m’étourdit. Il y a ce grand fossé devant ma fenêtre. Les rires des vrais gens ricochent depuis le fond. Parfois il y a du vent, et une sirène de pompiers est forcément le signal du drame. Mais du drame pour d’autres. Moi, il y a juste la piste suivante qui ne me plaît pas. Deux fois deux petits triangles vers la gauche. Et peut-être une flèche qui forme un cercle. Never had no one ever. Ce n’est pas vraiment grave.
Mais heureusement que personne ne me voit.
Philippe de Thrace ne s’appelle pas Philippe de Thrace, mais c’est normal parce que c’est un bonhomme surprenant. Commentateur fin et averti de beaucoup de blogs que je lis, ses participations sont toujours d’une finesse rare. Philippe de Thrace n’écrit jamais pour faire du vent, ce qui est suffisamment peu courant sur l’Internet mondial pour que je le souligne. Le petit problème, c’est que Philippe de Thrace ne blogue pas, donc il faut que tu le guettes dans la blogosphère pour bénéficier de sa luminescence. En attendant, je suis très heureux de l’accueillir dans la voiture, parce que c’est quelqu’un que j’apprécie vraiment.
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