Quand le soir a le goût rance, que le cinquième Jack Daniel's ne fait pas plus d'effet qu'une pisse d'âne d'Anglish, quand la clope te donne envie de vomir autant qu'elle t'a jauni les doigts, que cette merde de modem te shunte la connexion pour la dixième fois, et que ta Windows te claque à la gueule d'abonné pourri, quand tu sais que demain, ce ne sera qu'un demain comme ce soir, mets tes bottes, frère, mets tes bottes, et rentre dans la nuit...
Sors te faire cingler par les lumières mouillées, va te faire bousculer par les cinglés de comptoir, sors tes tripes, frère, sors tes tripes, et ta rage, et ta faim... Rentre dans l'électricité de la nuit, dégueule sous cet auvent, soulage-toi dans le vent. Fais gaffe à la lame, frère, et au verre brisé qui te gicle à la gueule. Esquive à point nommé, et cogne à poings fermés. Pare-toi de la nuit, l'ami, la nuit n'est pas ton amie...
Quand tu auras claqué ton faf à 200 points, que la pute harassée s'en ira cracher son dégoût de toi, oublie le désordre de ton bas-ventre, frère, rafistole ta braguette, et passe le dernier pont. Passe le dernier pont et franchis la frontière, va jusqu'au bout de toi. Jusqu'au bout de ta nuit.