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(4) Après la mise à nue, la dissection

Publié le 08 novembre 2010 par Luisagallerini

(4) Après la mise à nue, la dissection
Quatre amulettes étaient prises dans les bandelettes, un lièvre bleu ciel, une croix de vie bleu océan, une statuette d'Isis rouge portant sur la tête son nom, figuré par le siège Iset, et une grenouille vert d'eau. En brossant les bandelettes, je mis à jour trois suaires, amassés sur le premier. Il me fut impossible de les dissocier tant ils avaient fusionné avec les lamelles d'étoffes, prisonniers de la résine, du natron solidifié et des huiles aromatiques. Quand j'eus examiné l'intérieur de la coque supérieure, nous soulevâmes le corps avec précaution.
Par bonheur, il se détacha sans peine de la coque inférieure, qu'Henri retira lentement pendant que nous maintenions le corps en suspension.

La partie basse était elle aussi constituée de suaires superposés, j'en dénombrai six exactement. Sans doute avais-je omis des suaires lors du décompte de la partie haute. Je prélevai une nouvelle amulette blanche, le signe du ka. Incident fâcheux, à cet instant une autre amulette tomba au sol et s'effrita sans que je n'eusse le temps de voir ce qu'elle représentait. Guy se précipita sur les miettes. Muni d'un pinceau, il les rassembla dans un sachet en papier qu'il referma délicatement avant de l'étiqueter. Je retirai lentement le suaire sous lequel reposait le corps séché. Nous libérâmes de la place sur l'établi et je me lançai, après une brève pause silencieuse, dans la phase de dissection.

(4) Après la mise à nue, la dissection
Je remarquai d'emblée que le visage avait été maquillé d'une fine couche d' électrum, métal divin qui avait probablement dû aider le défunt, de niveau social aisé, lors de son voyage dans l'au-delà. La tête ne présentait aucun signe de lésion ni d'intervention chirurgicale. Je pratiquai à l'arrière une première ouverture. L'os résista, mais je parvins à ne pas endommager le crâne et à n'en ôter qu'une petite portion, de la forme d'une calotte, permettant tout juste de passer la main. A l'intérieur, le cerveau n'était plus là, ce qui nous donna une première idée de l'âge de la vénérable momie, la pratique de l'ablation du cerveau n'ayant été adoptée qu'à partir du Nouvel Empire.

Sur le thorax, je repérai l'ouverture qui avait été pratiquée pour enlever les viscères. Elle était recouverte d'une fine plaquette en cire qui adhérait au corps comme une seconde peau. Ne pouvant la retirer, je décidai d'inciser. Je dessinai avec un autre scalpel, à la lame plus fine, un rectangle de plusieurs centimètres. Penchée au dessus du corps auquel je m'apprêtai à infliger un nouvel affront, je restai pensive quelques instants. Puis je poussai la lame sous la peau et soulevai comme un couvercle la chair rigidifiée. Les contours s'effritèrent. Je déposai la plaque ôtée près du suaire et approchai une lampe de l'intérieur de la carcasse.

Que se cache-t-il à l'intérieur de la carcasse?...

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