(Chronique parue avec l'horoscope décalé kamasoutresque dans le 7mag)
J’ai la chance inouïe de bosser à temps partiel. Je vous vois d’ici baver de jalousie comme un escargot namurois sur sa feuille de pissenlit.
Chance inouïe car rares sont ceux qui peuvent jouir d’un tel luxe, j’en ai conscience. Aaaah, keske je me la pète grave. Non mais, plus sérieusement, vous trouvez ça humain, vous de devoir se lever, cinq jours par semaine (voir six si affinités) avant même que les poules aient ouvert le premier œil, de trimer toute la sainte journée pour ensuite rentrer chez soi, après que les poules soient rentrées à l’abri des renards, pour s’avachir lamentablement sur le canapé avec l’envie de dormir et rien d’autre ? Tout ça durant quarante ans au bas mot, pour un salaire de misère, une pension qu’on n’aura pas, et que de toute façon si on l’a, la pension, on sera ravagés bien avant par toutes ces maladies qui rodent en attente d’une proie à décimer rapido presto. Oui, bon, je sais, je vous décris la vie de Cosette ou de la Petite marchande d’allumettes, je noircis un peu le tableau, mais tout de même, j’ai pas totalement tort… Si ?
J’y ai réfléchi des heures durant (fastoche, j’ai tout le temps de réfléchir, vu mon horaire), et j’ai trouvé des solutions pour que le farniente devienne un art de vivre au quotidien.
D’abord, faudrait instaurer l’interdiction de bosser quand il fait trop chaud. Trop mauvais pour le cœur et les artères. Au-delà de 22 degrés, y’a mieux à faire que de s’enfermer dans un bureau, non ? Surtout si le soleil est de la partie. Dans ce cas, on travaille plus, on profite de l’existence. Dès 22 degrés donc, farniente, transat et cocktails à gogo.
Ensuite, il est indispensable d’interdire à tout citoyen de travailler en-dessous de 10 degrés. C’est mauvais pour les bronches, le cœur et les artères, de sortir de chez soi par grand froid. Puis faut éviter de glisser sur le verglas ou de s’embourber dans les congères. Dès moins de 10 degrés donc, canapé, feu de bois et siestes à gogo.
Mais ce n’est pas tout. Ah ben non ! Vous pensez pas que je vais me contenter de cela…
Les horaires en fonction de la météo, c’est un premier pas, mais il en existe un second : les horaires en fonction de la luminosité.
En premier lieu, dès que le soleil pointe le bout de son nez, je déclare que le travailleur a le droit de quitter son poste pour en profiter pleinement. Et si Monsieur Météo annonce plus de trois heures d’ensoleillement sur la journée, on zappe carrément le travail, tant qu’à faire. Y pleut suffisamment en Belgique pour qu’on doive impérativement profiter de la moindre petite visite de notre astre préféré.
Je préconise en second lieu de ne plus devoir se lever avant notre soleil chéri. Et de ne plus devoir quitter le turbin alors qu’il s’est déjà couché. Tout être humain a besoin de sa dose de mélatonine, qu’il obtiendra en prenant un bon bol d’air en pleine journée, il y va de sa survie morale. En hiver donc, fini le réveil à 6 ou 7 heures du mat et les journées qui se prolongent jusque 18 heures. Il est temps pour nos boss d’être un peu plus humains, que diable.
Enfin, last but not least, étant donné que tout travailleur a besoin de profiter de longues soirées d’été sans penser au réveil qui va sonner et que rien que d’y penser la soirée est gâchée, je déclare que, durant les journées les plus longues, nous pourrons nous lever lorsque notre organisme se sentira prêt, afin de jouir des barbecues et autres réjouissances sans l’angoisse du lendemain.
Toutes ces réformes mises l’une dans l’autre, je vous promets que ça va être que du bonheur… Vive la semaine des … euh… dix heures ? Huit ? Cinq ?
Aaaaah, kesk’on va pouvoir en faire des siestes avec la réforme des horaires de travail made by Anaïs.
Et si l’envie vous prend, vous aussi, de vous offrir, outre les siestes classiques, une petite sieste crapuleuse… filez lire votre horoscope kamasoutresque décalé paru hier…