Sans jouer les devins, il semble que le mouvement contre la réforme des retraites arrive dans une phase incertaine. Les syndicats expriment leurs désaccords en public et pas mal de salariés s'interrogent tandis que les médias dominants annoncent en boucle la démobilisation sociale. La droite crie victoire... à la Pyrrhus !
Quelle que soit l'issue, le mouvement n'a pas été vain puisqu'il a permis, bien plus que la lutte contre le CNE et le CPE, de remettre la politique au cœur de la cité, en l'occurrence les idées de la gauche tels que le partage des richesses, les inégalités sociales et la lutte des classes...
Contrairement aux réformes précédentes, la logorrhée libérale, qui consiste à présenter les nouveaux reculs sociaux comme des mesures techniques inéluctables et indispensables, ne passe plus comme une lettre à la poste.
La gauche, en particulier le front de gauche, a réussi sa mission en expliquant combien cette réforme des retraites était injuste socialement, inefficace et dangereuse pour l'avenir du système par répartition des retraites.
Cette réforme-là apparait aux yeux de la majorité de la population comme n'étant ni une réponse technique, ni une mesure de bon sens, mais tout simplement un CHOIX POLITIQUE.
Un choix politique qui résulte du libéralisme, une idéologie qui sévit dans toute l'Union européenne après avoir ravagé les pays d'Amérique latine.
(entre Bastille et République)
L'un des plus éminents représentants du patronat avait annoncé la couleur...
«Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.»
Un certain Denis Kessler :
«Ce compromis (...) se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.»[1]
Le programme de la droite était rédigé par le Medef et le FMI, Sarkozy et ses prédécesseurs n'ont fait qu'exécuter...
Mais par rapport aux précédentes réformes, l'ambiance générale n'est plus même parce que les maux sociaux et économiques, causés par le libéralisme, deviennent si évidents, que le discours de la droite et du patronat, ainsi que la petite musique de l'Union européenne sont contestés. Le libéralisme ne passe plus dans les têtes !
Ce qui change aussi, c'est que la donne à l'intérieur de la gauche évolue avec la création et l'élargissement du Front de gauche
(photos de la manif de samedi 6 novembre)
Le débat et la confrontation des idées et des projets dans la présent mouvement a montré au grand jour qu'elles étaient les divergences entre une gauche décomplexée, le Front de gauche, qui assume ses idées de justice sociale et de lutte des classes en rejetant en bloc le libéralisme, et une gauche, le PS, qui louvoie en permanence, acceptant les principaux dogmes de cette idéologie, comme par exemple l'allongement de la durée des cotisations de retraite....
Le Front de gauche qui n'entend pas rester dans le rejet et le témoignage contestataire, formule des propositions concrètes et réalistes de justice sociale...[2]
Le Front de gauche a l'ambition de gouverner, de proposer au peuple, non pas une classique alternance politique entre néo-libéraux et socio-libéraux, c'est-à-dire entre UMP - MoDem, Nouveau Centre - Vert et PS, mais une alternative politique au libéralisme.
Les exemples se situent de l'autre côté de l'Atlantique en Amérique latine où l'autre gauche a du l'emporter face à la droite et à la social-démocratie pour imposer démocratiquement une politique de transformation sociale... [3]
Les victoires de Moralès, Lula et maintenant Dilma Rousseff, après celles de Lula du Parti des travailleurs au Brésil sont porteuses d'espoir.
Notes
[1] ContreInfo - Denis Kessler veut casser le contrat social
[2] Parti de gauche - Proposition de loi garantissant le financement du droit à la retraite à 60 ans
[3] pour avoir une idée plus précise quant aux grandes lignes du programme et à la méthode : « Qu'ils s'en aillent tous ! Vite, la Révolution citoyenne » (J. - L. Mélenchon)