A Florence, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on sait vivre. Ce n’est certes qu’une « petite ville de province », mais les Florentins s’enorgueillissent d’un certain charme propre à leur petite cité. Ils recueillent les compliments avec déférence et presque lassitude (depuis 5 siècles qu’on leur rabâche les mêmes…). C’est bien ce que le reste de l’Italie leur reproche.
Ca, c’est pour la version officielle. En réalité, j’ai rarement rencontré/croisé des gens aussi gentils et curieux que les Florentins au cours d’un voyage. Ce ne sont surtout pas les Romains qui peuvent les égaler (mais peut-être étais-je tombée à une mauvaise période, il faut dire qu’il faisait une canicule pas vue depuis 20 ans, c’est sûr ça n’adoucit pas les moeurs…). Pour peu que vous parliez un peu italien, que vous vous intéressiez à ce qu’ils font (qu’ils soient restaurateurs, guides de musée, fabricants de cuir ou de papeterie à l’ancienne), ils vous ouvriront leur maison, vous poseront mille questions sur vous, les raisons de votre voyage, votre vie « at home »… Et au passage, vous gratifieront de belles réductions sur vos achats. Finalement, ces relations reposent sur un seul mot : la classe.
Banquet Renaissance
Les Florentins sont élégants. C’était le souvenir que j’avais gardé de ma première fois il y a 7 ans, après avoir croisé une magnifique jeune femme vêtue à la mode, raffinée sans être clinquante, élancée et aux cheveux blond vénitien. Ils possèdent un authentique art de vivre. Un style propre. Ils savent vivre, s’habiller, se cultiver, manger « à la florentine », « à la toscane ». Manger tiens, justement. On trouve, comme partout en Italie certes, de nombreuses échoppes de produits locaux, fréquentées même par les Florentins, qu’il faut connaître évidemment.
Rien que les jambons pendus au fond, ça fait rêver...
Celle-ci, la Cantinetta di Verrazzano, m’a beaucoup plue. On peut acheter, mais également prendre un petit-déjeuner et se gaver de délicieuses pâtisseries.
Juste à côté, la vitrine de la même maison réservée aux pinards. Et 5 m plus loin, « Chez Paoli ». Qui n’est pas une trattoria, mais un vrai resto. Et quel resto! Vous avez déjà déjeuné sous des arcades Renaissance et devant des fresques ? Là, vous le pourrez. Le patron est charmant, et pour peu que vous soyez de Paris, vous en aurez pour 2h de conversation.
[Show as slideshow]Même rue, mais en face, un petit magasin « Il Papiro », une papeterie à l’ancienne tenu par un véritable artisan, qui fait tout à la main (son atelier est au fond, rien n’est caché). Albums photos, marques-pages, enveloppes et papiers à lettre (à une époque où l’on écrit de moins en moins), reproductions ravissantes sur papier fin de peintures célèbres, gravures, eaux-fortes… Vous pourrez y passer aisément une bonne heure, tant le magasin est riche. Et l’artisan adorable. Il parle assez bien français, ce qui facilite encore davantage les échanges.
[Show as slideshow]Il Mistero dello Stile
Si vous êtes une fashionista ou un amoureux de la classe à l’italienne, vous ne manquerez pas d’aller flâner via Tornabuoni, qui ouvre le bal avec le magasin de Salvatore Ferragamo, le célèbre chausseur des stars. J’ai eu la chance de me retourner (alors qu’initialement, je devais passer mon chemin, c’est un peu trop old school pour moi Ferragamo, et je n’ai pas les moyens), et de découvrir avec stupéfaction l’affiche qui suit :
L’exposition « Greta Garbo, il mistero dello stile », qui s’était tenue à Milan jusqu’en mai dernier, était venue s’installer au musée Salvatore Ferragamo, dans une version bien plus simple évidemment (je n’ai pas eu l’immense bonheur d’admirer les 200 costumes de la légende suédoise). Mais quelle émotion de découvrir quelques paires de chaussures que le Florentin avait confectionnées sur-mesure pour la mélancolique actrice qui adorait marcher avec « des tenues confortables » ! En témoignent ces chaussures usées que j’ai prises en douce en photo.
[Show as slideshow]4 costumes, mais non des moindres : la robe qu’elle portait en 1926 dans La Légende de Gösta Berling (adaptation du roman de Selma Lagerloff), l’équivalent suédois d’Autant en Emporte le Vent. Réalisé par Mauritz Stiller, son Pygmalion, c’est ce rôle qui la fit connaître aux Etats-Unis et partir vers la gloire. Je n’aurai jamais cru voir ce costume un jour (en fait, je ne pensais même pas qu’il existait) cette espèce de vestige d’une époque si lointaine (en fait, je me croyais dans Titanic).
Son manteau dans un de ses derniers rôles, celui de Marie Walewska dans « Conquest » avec Charles Boyer, le French Lover de l’époque qui jouait Napoléon (logique).
Et quelques robes de studio pour les photos de promo.
A Paris, on ne voit pas ça, et il me faut remonter à 2003 et à l’expo « Marlène Dietrich, création d’un mythe » du musée Galliéra pour trouver un équivalent (bien plus imposant évidemment, l’expo durait au moins 2h). Que voulez-vous, les Florentins savent vivre.
Sensuelle patricienne
Au bout du Ponte Vecchio, en allant vers le Palazzo Pitti, je suis tombée sur l’un de mes grands plaisirs : un magasin de « sensualité ». C’est comme ça que je nomme ces magasins qui vendent huiles de bain, savons odorants, parfums aux noms évocateurs et autres essences qu’on croirait sorties tout droit de la salle de bains de Cléopâtre ou d’une impératrice romaine.
Qui plus est, celui-ci ne proposait que des produits de Sicile (un lieu mythique qu’il me reste encore à voir). En franchissant le seuil d’Ortigia, on rêve instantanément d’orangers, de cyprès, d’oliviers, de mer bleu marine, de peau dorée par le soleil, de nymphe tentant d’échapper à un satyre lubrique qui aimerait bien la… Pardon, je m’emporte.En Italie, vous ne trouverez ces magasins qu’à Florence (coup de bol donc), ou en Sicile, à Syracuse. Sinon, à Londres (bien entendu) et… au Japon, quartier Shinjuku à Tokyo. Mais heureusement, un « shop online » existe aussi… A vous les figues d’Inde, les ambres noirs et les huiles de bain à l’odeur de corail ! Quant au packaging… je vous dis pas.
Mercato
Florence possède quelques marchés, évidemment touristiques pour la plupart, d’autres moins. Mais même dans un souk populaire, on peut trouver des perles rares, par hasard. Ainsi, au marché San Lorenzo, juste devant la chapelle Médicis (celle qui contient le fameux tombeau décoré par Michel-Ange), au milieu des échoppes des Chinois qui rachètent toute la ville (à la grande fureur des Florentins paraît-il), se trouve je crois l’unique échoppe authentiquement florentine, nommée « I’ Mago ». Elle propose des sacs en cuir de grande qualité, portes-feuilles et autres accessoires si prisés en Italie et par les étrangers, tous faits à la main par des artisans florentins et toscans (l’excellent Chiarugi entre autres).
Diane, une digne Florentine qui a vécu au Canada avant de revenir dans sa ville natale, est adorable, au point de vous faire des prix (un peu comme chez « Il Papiro », si vous appréciez le travail et que vous êtes sympas, c’est la ristourne assurée, encore plus si vous payez en cash). Et sur le site Internet des marques qu’elle propose, vous aurez droit à du moitié prix en précisant que vous êtes sa cliente et en mentionnant son nom. Pour vous donner une idée, avec 500 euros, vous pourrez repartir avec 3 sacs de taille différente, une serviette de travail et des pochettes pour iPhone. Un bon marché quoi… !
A suivre…
Adresses utiles :
- Cantinetta dei Verrazzano : via dei Tavolini, 18/20
- Chez Paoli, antico ristorante : via dei Tavolini, 12r
- Il Papiro : via dei Tavolini, 13r, mais aussi via Cavour, Piazza del Duomo, via Porta Rossa.
- Ortigia : Borgo San Jacopo 12/R
www.ortigia-srl.com
- I’Mago : via Canto de’Nelli, Stand 55.