J’en ai déjà parlé ici et là puis… plus.
Un mercredi, je ne sais plus lequel, j’attends Prems à la fin de son cours. La porte s’ouvre et Régis, hurle à la cantonade, c’est qui la maman du petit là?? Euh mon sang se glace, ma gorge se serre.. C’est moi..
Oui alors, il fait rien il reste assis depuis le début sur le coté…
Pardon?
Ca sert à rien qu’il vienne pour ca einh..
Mais il vous dérange pas au moins?
Ah ca non il fait pas de bruit…
Très bien…
Mes émotions se mélangent dans ma tête. Tour à tour je ressens de la colère, de l’incompréhension, de la tristesse, de la honte, de la peur…
Colère parce qu’il m’a menti en me disant qu’il faisait le cours avec les autres, il me montrait même des prises le soir à la maison… De l’incompréhension: comment a-t-il pu me cacher ça… de la tristesse: pauvre bonhomme qui a préféré me mentir plutôt que de dire la vérité .. il a dû se sentir bien seul.
Ca me fait mal…
Pourquoi le mien? Qu’ai-je donc fait pour avoir un enfant comme ca? c’est ce que j’ai aussi pensé spontanément… On rêve tous de l’enfant idéal, celui qui n’aura surtout pas nos tares, celui qui sera plus fort que nous dans des domaines où l’on a échoué, celui qui potentialisera les qualités de son père et de sa mère et effacera nos défauts. Celui qui nous renforcera narcissiquement et nous rendra fier…de nous en somme.
J’ai pas osé vous en parler alors qu’objectivement c’est bête… Aujourd’hui encore en écrivant j’ai un peu honte de vous révéler ça…
On a discuté avec lui. Nous sommes arrivés à la conclusion, qu’il aime le judo, il aime mettre son kimono mais il n’arrive pas à aller rejoindre les autres sur le tatami.
La semaine suivante j’ai discuté avec Régis, en l’informant que mon fils souhaitait faire le cours sur le coté qu’il fallait respecter cela. Le prof était d’accord.
Les semaines ont passé. A chaque fois je nourrissais l’espoir qu’il me dise à la fin ca y est je me suis lancée (j’allais corriger cette faute d’accord mais je la laisse car il est bien là le souci…).. mais non.
Pendant les vacances, mon fils a bien grandi: il sait mettre son pyjama tout seul, mettre le nesquick dans son lait sans en renverser, demander une baguette à la boulangère après lui avoir dit bonjour et payer…
Alors aujourd’hui, je nourrissais l’espoir qu’il allait se lancer.
Mais non…
Je l’ai récupéré à la fin du cours avec ses chaussettes trempées..il a donc passé le cours à regarder les autres soit, mais en machouillant un truc signe pour moi qu’il ne devait pas être bien…
Est-ce son malaise à lui ou le mien?
En y pensant, je le rend mal à l’aise… je crois.
Il n’arrive pas à aller sur le tatami… Son courage est parti dans la poubelle et est déjà même dans le camion m’a t-il dit.. Il m’a aussi dit qu’il ne voulait pas que je me fache et qu’il allait aller acheter une baguette et tout faire tout seul pour me redonner le sourire…
Petit bonhomme…
Je te promets de faire tous les camions poubelle de Paris pour retrouver le courage qui va me servir à calmer mes propres angoisses et te laisser apprécier le judo à ta façon.
Je promets de ne pas rajouter à ta timidité mes propres émotions…
Je te promets de te respecter dans tes choix et de te laisser le temps,
du moment que tu es heureux..