Magazine Journal intime
Jour 24
Publié le 10 novembre 2010 par MiimiiJe n’ai pas pu dormir, bien qu’il fasse bien noir chez moi, il doit être midi ou 14h, dans ces eaux là, quand il m’envoie un sms : « T’es partie avec Dina ? »
Je n’ai pas répondu dans un premier temps. J’étais en colère, hors de moi, mon téléphone a failli atterrir sur le mur d’en face. C’est tout ce qu’il s’imagine ? C’est de ça qu’il se soucie ?
Je me mets sur mon mac et je crache... Je crache que je n’en reviens pas d’une Nième trahison, que je finis toujours regretter de m’être laissée allée à prendre du plaisir et à vivre le moment présent, ce que tout le monde dit faire, et ce que tout le monde préconise. On devrait mettre une clause en petit caractère. *Profite avant de te prendre une claque en pleine gueule.
La claque il a été le premier à me la mettre... Celle-ci je ne m’y attendais pas.
J’appelle Laurent, mon prof de salsa, parisien. Je lui demande de passer la journée avec lui, il me dit de le rejoindre en banlieue parisienne parce qu’il est en stage. Je lui demande si je peux m’inscrire, et passer la journée avec lui. J’ai passé plus de 24h à danser, et à ne faire que ça. J’ai dormi quelques heures. En réalité, je n’ai pas fermé l’œil, j’ai reposé mon corps uniquement. Je n’ai même pas regardé si j’avais des appels sur mon tel. Je me fichais de la santé de Papa, de mes frères, ma sœur, ma mère, D. et Samuel. Je me fichais de tout, j’attendais de m’écrouler de fatigue, et d’être rapatriée par Europe assistance.
J’avais cette énergie dans le corps, cette énergie étouffante qui devait sortir, danser était le seul moyen sain de l’extérioriser. La solitude me fait très peur, je m’effraie moi-même quand je suis comme ça.
Dimanche 14h, je reprends mes esprits, et mon souffle. Je me suis éclatée... c’était génial.
Je n’ai pas échangé grand-chose avec mon ami ou qui que ce soit d’autre, il n’y a que mon corps qui se soit exprimé sur le rythme de la musique latino.
Laurent me raccompagne chez moi, m’aide à faire mes bagages, et je lui offre la photo des lignes de la main. Elles se sont bien entremêlées entre temps. Je ne voulais pas garder le moindre souvenir de cette escapade.
Je laisse la robe, les chaussures et toute trace de ce sale type et de la honte que je ressens vis-à-vis de mes proches et de moi-même. Je n’ai plus honte en claquant la porte de l’appartement, je suis désormais en colère.
Je descends. Je suis en train de saluer Laurent, les larmes aux yeux, en le laissant penser qu’il allait me manquer « T’as été une déesse ce week end, tu avais cette énergie... je ne t’ai jamais vue comme ça ».
Quand une voiture noire s’arrête devant chez moi.
Pas la peine de maintenir le suspense plus longtemps c’était Samuel. Il descend de sa voiture. Pendant la fraction de seconde où il a marché vers nous, j’ai réfléchis à l’attitude à avoir. Il fallait que je me transforme en Miimii (avec 2i, la méchante). Je reprends mon souffle.
Il me dit « Mais t’as perdu ton téléphone ? »
Je réponds dans le calme absolu : « Non, il doit traîner au fond de mon sac, mais c’est vrai tu me rappelles qu’il est silencieux et qu’il ne doit plus avoir de batterie à l’heure qu’il est. »
« Je t’ai appelée 10 fois au moins... depuis hier. Tu m’as inquiété, je suis passée hier soir, tu n’étais pas là. J’étais vraiment inquiet, je suis venu parce que je sais que c’est l’heure d’aller à l’aéroport, je me suis dis que j’allais te trouver là. »
Je prends mon courage à deux mains.
« Tu serais arrivé 5 min plus tard tu m’aurais pas trouvée » (sourire)
« On y va... »
«J’allais prendre un taxi, mais merci d’être venu... c’est sympa »
Je donne un énorme smack à Laurent qui est aussi étonné par le geste que Samuel. Et je lui dis « Je t’appelle en arrivant »
Je monte dans la voiture, le sourire démoniaque aux lèvres. Je me sens mieux, je suis bien la fille de ma mère par moment, (il avait peut être raison : Assyl)
Une fois qu’on a démarré, il se reprend, essaie de cacher sa gêne et son incompréhension. « Tu m’as inquiété... j’ai appelé Dina hier, elle m’a dit qu’elle t’a plus vu depuis la soirée »
« Il n’y a que toi qui a cru que j’étais bisexuelle ou complètement perturbée » (Eclat de rire qui semblait sincère, et sur le ton de la plaisanterie, toute la subtilité de cette technique est là)
« Mais tu étais où ? Pourquoi tu ne répondais pas au téléphone, aux sms... »
Je sors mon tel, « Tu vois, il est éteint !! »
« Il ne l’était pas... branche le à l’allume cigare si tu veux »
Je m’exécute.
Le silence le gêne, il pense que je vais me sentir obligée de parler, et il pense que je vais lui poser des questions, mettre mon cœur à nu, lui montrer mes faiblesses, comme je l’ai fait les premiers jours. Peut être, pleurer, et lui dire pourquoi tu m’as fait ça... Tu t’es fichu de moi... whatever...
Il finit par parler : « Et tu as fait quoi de ton week end ? » (Calme olympien, ton amical, pas interrogatif)
« J’ai dansé la salsa »
« Aaaah (sourire) ... avec Monsieur, ..., Joli Image... »
« Non ce n’est pas une image... et je ne sous entends rien. Laurent est mon ami, il est prof de salsa et je l’ai rejoins à un stage. C’est pour ça que je n’étais joignable »
« T’aurais pu te manifester, non ? ... et c’était prévu ton truc ? Pourquoi tu m’as rien dit ? »
« Je n’avais rien prévu, c’est venu comme ça, j’adore vivre les choses de façon imprévisible sans rien calculer, tu le sais bien »
... Le jeu de mot continue le temps de la route, je ne perds pas mon calme et il est de plus en plus déstabilisé.
On arrive, je descends et j’attrape ma valise, prête à entrer, ... à partir. Il me dit « je me gare et on prend un café ?...On se parle. » avec un regard tendre.
« Non, non... ne te dérange pas, j’ai du travail, je vais rédiger mon rapport »
Il est ahuri. « Bon, comme tu veux... »
Il ne dit plus rien.
« Bon, ben à bientôt j’espère... appelle Papa de temps en temps, ça lui fera super plaisir... et passe le bonjour à John et Dina »
Je lui tends la joue et lui fait la bise, il n’a même pas bougé.
Je tire ma valise et je m’en vais. Je ne décontracte mes abdos qu’une fois à l’intérieur et sûre qu’il soit parti.
Je m’assois dans un café et j’ouvre mon téléphone. Il a appelé 11 fois, et envoyé 3 sms.
Le premier « Chérie, on déjeune ? », le second : « Tu ne donnes pas de nouvelles, ton cell est fermé, rappelle moi dès que tu as ce message » et enfin le 3ème : « Non seulement tu m’inquiètes, mais étrangement, je sens que tu me manques, l’euphorie et l’excitation passées, je ne sais plus quoi penser. J’espère que je ne t’ai pas causé d’ennuis, ou donné à réfléchir. »
Le dernier sms était aussi prévenant qu’il m’en a donné l’habitude. La colère était retombée, mais la réalité a pris le dessus, contente qu’il ne se soit pas fichu de moi, qu’il ne m’a pas utilisée comme une vulgaire mouche de passage, je rentre, le dossier est clos, ce sera un joli souvenir, un fantasme quasi réalisé... ça aura agrémenté mon séjour, m’aura changé les idées. Un sourire apaisé et serein a du orné mon visage. Je prends mon mac, je crache, jusqu’à ce qu’on m’appelle pour reprendre une vie normale.