Magazine Journal intime

Quelqu’un m’a dit… que les sorcières existaient

Publié le 13 novembre 2010 par Anaïs Valente

Mercredi, quelqu’un m’a dit que la petite Adeline était décédée.

Jeudi, quelqu’un m’a dit que Julos Beaucarne avait surmonté l’assassinat de son épouse en écrivant.

Vendredi quelqu’un m’a dit que Céline Dion avait perdu un bébé, que ses jumeaux étaient en fait des triplés.

***

Le lien entre ces trois événements… Il n’y en a apparemment pas, sinon les sorcières, la bave de crapaud et la médisance.

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Adeline est cette petite fille malade dont on a appris l’existence lorsqu’une vidéo d’elle a été diffusée sur la toile.  Vidéo vue par énormément de monde, tellement de monde en fait que l’angoisse est née que Céline Dion, enfin ses sbires, s’opposent à sa diffusion, ou réclament des droits, je ne sais trop.  Mais Céline Dion, enfin ses sbires gentils collaborateurs, ont accepté, ouf.  Adeline a subi une opération gravissime, elle allait bien, enfin mieux, enfin elle tenait le coup.  Puis quelqu’un m’a dit que c’était fini.  J’ai ensuite découvert le blog tenu par la maman d’Adeline, tout d’abord lorsqu’elle était enceinte, afin de partager son expérience de la gémellité, ensuite à la naissance des jumeaux, pour parler de la différence d’Adeline, de sa maladie, et enfin encore aujourd’hui, pour parler de l’opération récente, des jours qui ont suivi, et enfin du départ de la choupinette. 

Et dans ce blog, parmi les gentils commentaires, certains m’ont sciée pire qu’une grosse buche.  Morceaux choisis « Je suis infirmière et très sensible aux enfants mais je trouve qu'il y a des photos que l'on garde pour soi !!! Je suis désolée de vous dire cela, vous trouvez certainement votre fille jolie ce qui est normal pour des parents .....mais cette photo est choquante et on dirait une morte vivante !!!!! ATTENTION des enfants circulent sur les blogs !!!!!!!! » Chapeau l’infirmière, j’espère ne jamais être soignée par vous.  Parce qu’Adeline est différente, faut-il la cacher dans une cave, se refuser à faire (et montrer) la moindre photo d’elle ?  « arrête de passer ta vie sur ton ordi car c’est toi qui donne des news et quand tu en as marre, limite tu envoies bouler tout le monde. pas très sympa pour les gens qui se tracassent pour la petite. arrête ton blog au moins les gens ne te feront plus chier!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! » (je vous recopie le commentaire en version « vrai français », afin que vous le compreniez).  Déjà, moi, tous ces « !!!!!!! », ça m’agresse, pas vous ?  Les « !!!!!! » dans l’écrit, c’est comme les majuscules, ça hurle dans les oreilles.  Ensuite, ben si le blog leur plaisent pas, qu’elles passent leur chemin.  C’est toujours ce que je dis rapport à mon blog à moi, si on n’aime pas, qu’on aille ailleurs, moi je fais ça lorsque je surfe, sans éprouver le besoin de le signaler, peu importe, les goûts et les couleurs hein…

Bref, je suis sciée de lire de telles horreurs sur un blog empreint d’humanité, de courage et de souffrance.  Si Jennifer, la maman d’Adeline, éprouve le besoin de tenir un blog pour partager, s’exprimer, sortir ses angoisses ou que sais-je encore, c’est son droit, cela mérite le respect, et, personnellement, je la comprends à 100 %, écrire, ça fait du bien, ça aide, ça soulage, ça exorcise et dieu sait quoi d’autre encore.

Alors vade retro sorcieras.

Julos Beaucarne est un chanteur belge qui, pour moi, se caractérise par des pulls arc-en-ciel.  Je ne sais pas grand-chose de plus, je l’avoue.  J’ai eu le plaisir de croiser sa route jeudi, lors d’un concert de Barbara d’Alcantara auquel il assistait, et moi zossi (Barbara d’Alcantara, jolie voix, jolis morceaux, parfois touchants, parfois romantiques, parfois drôlissimes, que du bonheur que cette découverte, et son blog skynet, ô hasard, c’est ici).

Julos chante depuis les années 60, mais, suite à l’assassinat de sa compagne en 1975, il a énormément écrit, a changé sa façon d’écrire, et a été décrié pour cela.  Du moins c’est ce que l’on m’a répété.  Et quoi, on n’a plus le droit d’agir passqu’un malade mental a tout détruit ?  Puis le droit d’écrire ?  De s’exprimer ?  De se soulager ?  De nouveau, je ne peux que comprendre le besoin d’écrire pour atténuer sa peine ou sa rage.  Je suis passée par là, je passe régulièrement par là. 

Alors vade retro sorcieras.

Céline Dion, ben nul besoin de la présenter.  On l’aime ou on la déteste, c’est selon.  J’ai aimé au point d’acheter ses CD et d’aller la voir en concert.  Maintenant, j’aime moins.  Mais tout ça, c’est lié à l’artiste.  Or, c’est la femme qui s’est exprimée en parlant du triplé qui a quitté ses copains durant la grossesse.  Elle a fait le choix de s’exprimer, comme Jennifer, comme Julos. 

Et les réactions sur internet m’ont profondément dégoûtée.  On peut ne pas aimer ses chansons et le dire.  On peut ne pas aimer sa façon de vivre, sa villa tape à l’œil, l’argent qu’elle gagne, et le dire.

Mais comment peut-on être aussi mauvais en paroles face au décès d’un bébé, quand bien même n’était-il pas encore né, quand bien même il en reste deux, ça, je ne le comprendrai jamais.

Morceaux choisis (bis), fautes corrigées, comme d’hab, à croire que la méchanceté rend analphabète : « mon dieu ! le monde va s'arrêter !!!!!!!!!! », « Mais ou est donc passé le 3eme couillu ????? », « Quand on met en bocaux, parfois on réussit 2 sur 3. », « qu'est ce que les "stars" ne feraient pas pour augmenter leur audience, leurs ventes, leur popularité. », « Céline Dion a besoin de relancer les ventes de ses albums. il y a des infos plus pertinentes dans l'actualité. », « Si elle pleure bcp, elle pissera moins! »

Et bien, je n’aimerais pas avoir ces vilains commentateurs inhumains parmi les membres de ma famille, mes amis, mes collègues.  Moi je dis que, face aux drames, toutes les femmes (et les hommes aussi d’ailleurs) sont pareilles.  Et si Céline a eu besoin d’en parler durant une interview, si ça lui a fait du bien, tant mieux.  Elle n’est pas la seule à vivre ça, bien évidemment, sa célébrité fait qu’elle peut en parler.  Tant mieux bis.  S’exprimer, par écrit, en parlant, chez un psy ou devant un journaliste, parfois, ça soulage.

Alors vade retro sorcieras.

Voilà donc le lien entre ces trois personnes, à la popularité variable, qui ont tous éprouvé le besoin de s’exprimer pour panser leurs plaies, et qui s’en s’ont pris ou s’en prennent, plein la tronche parce que l’humanité, parfois, ignore le sens de l’adjectif éponyme.

L'hommage à Adeline.


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