Bien que nous ayons tous promis à Dorothée d’être son ami pour la vie, il n’est de secret pour personne que nous avons faillit à notre parole lorsque les boys band débarquèrent dans les charts au milieu des années 90. Son fameux club ne parvenant pas à se renouveler auprès du public acnéen nous fit jeter notre carte du parti plongeant la fée au long nez dans un désert de l’oubli qu’elle traversa pendant presque 15ans.
Pour un petit retour en arrière, il faut savoir que Dorothée c’est 56 fois Bercy complet, le porte drapeau des productions AB, la chair à canon de Jean François Porry (scénariste de toutes les sitcoms française possibles), 3 générations traumatisées et des chaussettes rouges et jaunes à petit pois.
Après avoir refusé de participer au viager cathodique de Philippe Gildas (viva), Dorothée revient avec un album de 16 titres qui sort en ce moment et qui défraye déjà la chronique.
Nous ne pouvions passer à coté d’un tel évènement et c’est pourquoi nous lui consacrons cette mise en avant.
Dans un premier temps, le disque se présente sous la forme d’un digipack présentant une photo ultra kitsch de la « chanteuse », digne d’une véritable compilation accordéon // loto que l’on trouverait dans toutes les bonnes foires aux célibataires, tout ça fleure bon la France qui se respecte. Bien que les graphistes aient sué sang et eau sur ce packaging, il sembleraient que les ravages du temps aient véritablement coulé sur l’ensemble de l’objet. Au premier abord on ne l’exhibera pas fièrement sur la cheminée à moins qu’il soit surplombé par une tête de gibier (cerf ou sanglier bienvenus).
Intitulé (sobrement je le conçois), « Dorothée – 2010″ cela a le mérite d’être clair, on sait de quoi nous parlons.
Une fois mis dans la platine, résonne les premières notes de piano du titre « Dorothée », rappelant les accords de la chanson de Bryan Adams « every thing I do » qui avait le mérite d’être joué sur un piano ne nécessitant aucune prise électrique. Entre alors la voix tant attendue de l’interprète. Hélas trois fois hélas, ces 15 dernières années Dorothée semble les avoir passées à « l’abreuvoir » ce troquet bien fameux à Brouilly (petite commune de la creuse) tenu par Michel, le taulier mal rasé au clopiot dégueulasse collé à la lèvre inférieure. Certainement devenue grand maître du rapido, Dorothée a semble t il jeter son dévolu sur les boites cartonnées de gitane maïs (pour les femmes de caractère bien sur) et en paye le prix aujourd’hui. Bref la performance de ses vocalises ne lui permettront pas de venir nous brailler dans les oreilles lors d’un potentiel duo avec Lara Fabian.
Coté texte, ce premier titre entonne des accents de nostalgie « on m’appelait dorothée »… »tu me regardais à la télévision… », « au temps des années folles… ». Effectivement la recette semble dater des années 20. Ce titre résonne comme un message de la production : « t’as kiffé quand t’étais gamin ? et bien assume parce que tu vas en bouffer ». Cette chanson fait extrêmement peur, on nous fait la promesse de vivre la prochaine heure comme la plus chiante de notre vie.
« Coup de tonnerre » semble plus prometteur dans son intro. On sent que le musicien (car il n’y en a qu’un) est armé de son plus beau synthé et qu’il met toutes ses forces dans la bataille. Mais au bout de quelques mesures, dorothée arrive avec son haleine de cendrier, nous faisant grâce d’une arythmie totale. On se retrouve plongé une nouvelle fois à la salle des fêtes de venelles où ces accords résonnent à l’annonce du vainqueur de la bourriche du concours du « Cambouis club ».
S’en suit 14 titres tous plus longs et insupportables les uns que les autres ponctués de messages subliminaux tels que « Plus d’interdits, plus de limites, c’est vous qui décidez de la suite »… assez éloquent pour changer de disque normalement.
On s’attendait toutefois à trouver un titre aux accents d’eurodance dégueulasse, que nenni uniquement du dorothée bien musclée!
La bonne surprise vient du dernier titre, « La valise 2010″, version remasterisée du tube interplanétaire plus connu sous le nom des chaussettes rouges et jaune à petit pois. Ici c’est une véritable version slam, aux rimes faciles et attendues, sans aucun fond, une histoire dont tout le monde s’en fout, un refrain inopportun, une liste de courses (où il y a une boite de pastille pour la gorge!) sur un piano d’ Hayao Miyazaki…
Comme quoi tout est permis, on peut faire n’importe quoi tout le monde s’en fout.
Si toutefois votre ipod contient l’intégrale d’Hélène Rolles ou d’autres compilations type « Premiers Baisers » et « Les filles d’à coté » ce disque est pour vous!
Dorothée bénéficie également d’une campagne de promotion complètement bancale, en passant par l’émission pour retraités de michel drucker, les plus mauvais talks shows radios il sembleraient que sa dernière étape soit les chiffres et les lettres (coming soon). C’est ainsi qu’un album a été enterré par la production IDF 1 bien avant sa sortie, le site de la chaîne n’offre d’ailleurs aucun contenu sur cet album (rédactionnel ou visuel) mais uniquement des liens pour l’acheter (17 balles). il faudra pourtant réussir à boucler les 3 Olympia des 17, 18 et 19 avril dont les places sont déjà bradées à moins 50% sur le site de la production.
Il s’est vendu 350 exemplaires numériques la première semaine, bien loin, un véritable flop.
C’est donc sans pitié (pour les croissants) que je donne à ce disque la valeur d’une crotte de nez.