Meindert Hobbema
"Le moulin à eau"
vu à l'exposition "L'âge d'or hollandais"
Paris - Octobre 2009
Il faisait un temps d'après-nonneA blesser la féminitéDes promeneuses chagrinesA la traquer, à l'insulter
Il faisait un temps irresponsableOù un dieu semblait méditerUn recommencement adorable.
Il faisait un temps de roseaux fleuris
Et de fleuves sans problèmes.
L'écluse dormait éventrée
Tendrement, tendrement rouillée.
Aucun bateau ne passait
Et l'eau seule s'en allait
S'écoutant et s'entendant.
Il faisait un temps de temps
Sous le soleil battant
Et les moulins haletaient
De leurs neuves roues à aube
Sous l'urgence poussée du flot.
Il faisait un temps à redorer les abeilles
A rencorner les taureaux défunts
A rephallifier les licornes
Que la légende humilie
Et qui préfèrent dormir
Dans l'humus et le compost
Où nage la jeune mère
Où broute la femme libre
Où se dévêt le poète
Dans le givre aveuglant de l'Etre
Il faisait un temps à proférer
Le blasphème efficace, A reterrer
Le voeu fou de l'amant tremblant.
A cuire d'amour dans le blanc éblouissant
Des pierres d'un Jarnac si lumineux
Que point de recours dans le cours
D'une Charente éprise de justesse
Parmi les peupliers qu'elle érige
A ses moments perdus.
Et tous ils sont perdus.
Il faisait beau temps.
Adrian Miatlev
1910-1964