Ma course en sac

Publié le 14 novembre 2010 par Theclelescinqt

Je travaille à temps plein depuis plus d'un an à présent, et comme vous avez pu le constater, mes billets se font rares.

Mais mon travail ne m'amuse plus. Mes premiers 6 mois de CDD m'ont fortifiée ; j'étais dans un service bancaire, moi la dyscalculique, trop épatée par mes supers pouvoirs qui m'avaient fait arriver là.

Puis j'ai été embauchée en CDI dans une Direction Générââale, en tant que l'assistante de Monsieur le Directeur Général soi-même. Et depuis, c'est l'horreur. Je ne supporte pas ce boulot qui m'ennuie affreusement. J'en viens à me dire que je préférerais faire des ménages plutôt que de me faire chier à mort des heures durant comme cela.

Et surtout, je ne comprends pas pourquoi je le prends aussi mal.

J'ai noué une relation de sympathie, voire d'amitié, immédiate, avec la chargée de recrutement. J'ai été retenue par le directeur général le jour où je lui ai été présentée. Je travaille à côté de chez moi ; j'y vais à pied. Je gagne autant qu'un jeune agrégé, plus les avantages.

Mon bureau : au loin la Défense. Si je me tords le cou à droite peut-être verrai-je la Tour Eiffel. Au bout du couloir, un distributeur d'eau chaude à volonté, moi qui bois 20 thés par jour.

Mon étage : calme et tranquille. Je pourrais y improviser des séances de yoga, si l'envie m'en prenait.

Ca, ce sont les avantages matériels et collatéraux.

En réalité, je fais un insupportable job de secrétaire, et ça je ne l'accepte pas. Si c'était encore dans un domaine culturel ou artistique, je ne sais pas, mais là mon entreprise fait partie d'un secteur dans lequel j'ai fort peu de chances d'évoluer, à moins de tout reprendre à zéro. La réalité des choses, c'est que maintenant on prend les secrétaires à bac + 4 ou 5 et les cadres moyens avec un doctorat. On me paie parce que je présente bien, parle correctement et ne fais pas beaucoup de fautes d'orthographe. C'est-à-dire qu'un simple bac suffirait largement, pour une fille sérieuse, ou encore mieux, un BEP secrétariat, pour faire ce que je fais, mais on préfère prendre une mère de famille un peu bècebège (oui parce que dans la vie je suis un peu bècebège, figurez-vous) parce que toutes les petites nanas qui débarquent ont un aplomb pas possible, un langage craignos et deux téléphones portables vissés de chaque côté de la tête.

Mais moi j'ai fait plus de 5 ans d'études, en lettres et histoire, je baragouine deux langues, et me demande chaque jour ce que je fous là.

La réponse est pourtant simple : je bosse là où j'ai trouvé car mes études, en aucun cas, ne sont porteuses de quoi que ce soit sur le marché du travail.

Pourtant j'aimais mes études. Mais que je ne trouve pas de travail avec ça ne m'avait jamais effleurée. Heureusement, d'ailleurs, parce que c'était la fac "gratuite" ou rien. J'allais bien me débrouiller. En effet, mais certainement pas grâce à ce que j'ai appris en faculté. 

Gagner de l'argent ne peut être un simple but de vie. En tout cas je m'en sens incapable. Je suis bien consciente d'avoir plus de choix qu'une mère célibataire, par exemple, parce que si j'arrête du jour au lendemain je ne suis pas à la rue, mais une mère seule a peut-être plus de temps que moi pour envoyer ses CV, et continuer à se cultiver, allez savoir.

Ma seule solution, aujourd'hui, c'est de prendre une grande inspiration pour aller dire à mon gentil directeur général que je souhaiterais travailler à mi-temps.

Pour faire des formations le plus vite possible et partir à toutes jambes. On ne se refait pas.