Saleté de grippe. Voilà que dans mon post d'avant-hier j'ai réussi à omettre ce dont je voulais au début parler!
C'est vrai que les images de cette « Grande Guerre », de cette « der des der » me ramènent à mon grand-père qui l'a faite et n'en parlait pas. Mais c'est un autre souvenir que je voulais évoquer, celui de ces 11 novembre dans les années 60. A l'époque, des anciens combattants de 14-18, il y en avait encore beaucoup et le souvenir était vivant.
J'étais élève à l'école annexe. Annexe? Oui, annexe à l'école normale d'instituteurs. L'école de garçons, bien sûr, annexe à l'école normale d'instituteurs, pas à l'école normale d'institutrices!Et ainsi, chaque année, le 10 ou le 12 novembre, environ 150 à 200 garçons entre 6 et 11 ans traversaient la cour de l'école pour entrer dans la cour d'honneur de l'école normale et se rassemblaient devant ce qui nous apparaissait comme un mur de pierre, où étaient gravés une multitude de noms. Le monument aux morts dédié aux instituteurs « morts pour la France ». Quelle hécatombe. Le matin, nous étions venus avec des fleurs que nous déposions devant ce mur. Nous ne comprenions pas bien le sens de cela mais nos maîtres avaient l'air de trouver cela important.
Pourtant, la guerre de 14, c'était loin, très loin. C'était dans un passé fort flou, autant que Jules César, Saint Louis ou Napoléon. Aujourd'hui seulement, je réalise que c'était en réalité fort proche, tellement présent pour beaucoup de ceux qui étaient encore nos contemporains, même s'ils étaient si vieux pour nous. Le temps nous joue des tours. Il m'aura fallu plus de 40 ans pour comprendre ce que je faisais, dans cette cour, devant ce monument aux morts, chaque année, un matin d'automne.