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Mon humaine à moi

Publié le 15 novembre 2010 par Adamante

 

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Tout est calme ici, juste le cliquetis du clavier de l’ordinateur qui s’emballe, elle tape très vite. Elle m’ignore, quand elle est sur sa machine, elle oublie tout, l’heure peut bien filer, elle ne voit rien. C’est comme ça, elle a une capacité de concentration qui équivaut à ma capacité de dormir.

Pour l’heure elle croit que je dors. Elle me tourne le dos, j’occupe le fauteuil voltaire qu’elle trouve inconfortable, pour moi il est parfait, elle me l’a réservé avec une grosse couverture dans laquelle j’aime patouner avant de me rouler en boule pour piquer un petit roupillon.

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Quand elle se lève pour aller se faire un café, elle me donne une petite caresse, me dit quelques mots gentils puis elle gagne la cuisine. J’y suis avant elle, pas question que je loupe cette récréation, la cuisine est ma pièce préférée. J’essaie bien parfois de m’y laisser enfermer mais elle à l’œil, c’est une opération quasi impossible, elle doit tenir ça de moi, elle est têtue. Mais j’ai de la ressource, un jour peut-être je pourrais y passer la nuit.

Que serait la vie sans un rêve ? Ma vie à moi est bien remplie, j’observe tout dans les moindres détails, ça la fait rigoler et parfois elle me dit : « Dis donc Mamone, tu prends des notes pour ta prochaine réincarnation en humain ? » Mamone tu parles d’un surnom, mon nom à moi c’est Amon Râ, comme le Dieu Égyptien, mais dans cette maison il n’y en a pas un seul qui roule sous son nom de naissance, ils disent que c’est parce qu’ils ont pris un pseudo d’artiste, moi je dis que ce sont des insatisfaits, c’est peut-être la même chose au fond !

Ils reçoivent peu, mais ceux qui viennent ne sont pas mal non plus, enfin ce n’est pas à moi d’en juger, ou plutôt si, je préfère une allumée comme humaine de compagnie qu’une vieille frustrée qui ne me laisserait pas la moindre liberté et viendrait me débiter des âneries en me gratouillant la fourrure.

Je déteste ça, y a bien que les clébards pour accepter de tels comportement débilitants.

Oui, je l’observe, je prends des notes, et c’est édifiant. Tout est réglé, elle ne s’en rend même pas compte.

D’abord je sais qu’elle va mettre l’eau à chauffer dans la bouilloire électrique, et pendant que l’eau chauffera, elle ira prendre sa tasse de l’après-midi à contenance moyenne. Parce qu’elle a des tasses différentes selon les heures de la journée, c’est comme une sorte de rituel, établi, j’imagine, en fonction de la course du soleil.

Elle posera ensuite la tasse sur le petit plateau, le matin, elle utilise le grand, elle se versera un peu de café froid et une cuillère de poudre noire que Lui déteste, puis elle versera l’eau chaude, prendra le plateau, et là elle m’invitera à la suivre dans le salon pour prendre place dans son fauteuil colonial absolument dénué d’intérêt à mes yeux tant il est inconfortable. Nous voyons là que nous n’avons pas tout à fait les mêmes valeurs. Mais mis à part ce détail, comme elle respecte mes goûts, je peux dire que nous nous entendons bien. Je fais un peu ce que je veux et mis à part la cuisine interdite en dehors de sa présence, je peux dire que j’arrive à imposer ma loi, parce que je suis irrésistible et que je sais y faire.

Avec elle il ne faut jamais attaquer de front, parce que là c’est l’impasse, elle se bute et il n’y a plus rien à en tirer, non, avec elle, il faut y aller au charme, au sourire et là elle est incapable de dire non.

Comme elle aime le silence, je peux dire que ma vie ici respire la quiétude, pas de cris, pas d’agitation. Sauf quand elle travaille sa voix, là après m’être inquiété de sa santé, voyant que ces plaintes que je n’arrive pas à m’expliquer semblent lui convenir, je prends de la distance juste le temps que cela dure.

Au fond, elle n’est pas de si mauvaise compagnie et j’avoue que je me plais bien avec elle.

Amon-Râ, je suis un matou et je porte le nom du dieu de la lumière primordiale.

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©Adamante

DEFI N° 42

   LES CROQUEURS DE MOTS

à la barre cette quinzaine :   LILY


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